Les festivals d’été se mettent au vert

Festivals verts ? Cherchez l’erreur. En moyenne, un festivalier belge produit 1,5 kilos de déchets par jour. Prenons un festival qui attire 20.000 personnes, il en restera 30 tonnes de déchets. Sans même parler de la malbouffe et des kilomètres engloutis en voiture ou en avion pour arriver au milieu des champs ni même les camions de matériel à transporter… De façon ironique, c’est de la première vague écolo hippie que sont nés les festivals rock dans les années 60 et 70. Mais les réalités - notamment économiques - étant ce qu’elles sont… Glastonbury, festival lancé en 1973, aujourd’hui le plus grand et le plus mythique du monde, accueille chaque année 170.000 spectateurs. On vous laisse faire les comptes. Pour autant, depuis une dizaine d’années, tous les grands rendez-vous musicaux estivaux se mettent à l’heure verte. Gobelets réutilisables, toilettes sèches, tri des déchets… Tous y vont de leurs petites actions écologiquement responsables. Après la vague écolo ancrée dans la mouvance altermondialiste de la fin des années 90 (Couleur Café, Esperanzah !), le dernier festival belge en date qui se réclame de la couleur verte se nomme Paradise City, un festival électro qui a lieu depuis 2015 au château de Ribaucourt, un domaine médiéval situé à deux pas de Bruxelles. [scald=1446209:sdl_editor_representation] Organisé par deux jeunes entrepreneurs flamands (Gilles De Decker et Dimitri Verschueren), c’est un troisième laron, aujourd’hui partenaire du festival dans la société CO2 Logic, qui les a convaincus d’ajouter l’aspect green à la musique. Ils sont allés piocher des idées notamment du côté du festival parisien We Love Green, « un festival qui est entièrement éco-conçu, on essaie de penser différemment toute la production du festival et de la réinventer pour faire en sorte que l’événement soit le moins impactant possible sur l’environnement », expliquait-il à Slate en 2013. Concrètement, Paradise City prend diverses mesures durables : 1 La mobilité « Notre désavantage, c’est qu’on n’est pas servi par une gare, nous explique Gilles De Decker. Donc, on a un deal avec Über X. On offre 25 euros aux festivaliers qui prennent Über X à trois. Depuis Bruxelles, ça leur revient ainsi à 5 euros ». Et puis, après avoir calculé l’emprunte CO2 du festival et la quantité des déchets l’an dernier dans le but de les diminuer, les organisateurs se sont rendus compte que le plus gros émissaire de carbonne était le transport des artistes : « Du coup, on s’arrange avec le festival Awakenings à Amsterdam pour que les artistes qu’on partage viennent en train plutôt qu’en avion de plus loin ». [scald=1446211:sdl_editor_representation] 2 Camping et lumières « On offre les kartent, des tentes en carton de haute qualité. S’il pleut à drache, ça tient trois jours, donc c’est parfait. On offre aussi le petit-déjeuner ». Côté lumière, « des générateurs qui fonctionnent à l’énergie solaire ». 3 Bien manger, bien vivre L’alimentation proposée dans le festival diffère largement de celle de ses concurrents : mets de qualité, à 80 % végétariens, ça change du boulet-frites ! « On ne veut pas dire qu’on est un festival végétarien. Notre philosophie n’est pas : ‘Tu ne vas pas manger de viande’, mais on veut plutôt faire découvrir des plats et que les gens se disent, ‘Ah c’est végétarien ? C’est vachement bon !’. C’est une autre approche, on ne veut pas dire aux gens ce qu’ils doivent faire ». Autre élément non négligeable, Paradise City est un festival à taille humaine et qui a l’intention de le rester. « On a une capacité maximale de 10-12.000 personnes, donc… Mais on veut rester intimiste ». De l’espace, c’est aussi du bien vivre. 4 No cash « On veut être un festival qui innove. Ce n’est pas spécifiquement green, mais on est le premier festival cashless en Belgique. Et ça a bien fonctionné l’an dernier, il y a moins de monde au bar, moins de file… » [scald=1446213:sdl_editor_representation] Une question qui n’a pas encore été soulevée, c’est qu’être vert coûte plus cher. Réponse : « Oui, mais pour être franc, on y croit, et ça rend Paradise City crédible. Et puis, ça fait aussi parler du festival ». L’écologie comme outil marketing, donc… « Oui, mais ce n’a rien de honteux. Il faut juste le faire ! » Ainsi, le festival, cet événement pollueur par excellence où les déchets et la malbouffe règnent, est-il en train de se transformer en pédagogue de la cause écologique. Une sorte de retour aux sources... « Notre ambition est d’avoir un impact sur le public, d’essayer de les convertir sans leur dire quoi faire, juste en leur offrant une expérience de qualité. Rendre le green cool, conclut Gilles De Decker. Seule une petite minorité de gens viendra pour cet aspect écolo, mais tout le monde appréciera. Et peut-être, en rentrant chez eux, ils changeront leurs habitudes de vie ».

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