Chine: «Osez vous battre pour la victoire», proclame Xi Jinping en clôture du congrès du PCC
Le Parti communiste chinois (PCC) a achevé samedi à Pékin son congrès, qui devrait couronner le président Xi Jinping d’un troisième mandat et tracer l’avenir politique de la Chine pour les cinq prochaines années.

Osez vous battre pour la victoire », a lancé d’un air triomphal Xi Jinping à l’issue de la cérémonie de clôture du congrès du PCC au Palais du peuple, un immense bâtiment de style soviétique qui domine la place Tiananmen.
Ce congrès, le 20e depuis la création du PCC en 1921, survenait dans un contexte délicat pour la Chine, confrontée à un ralentissement de sa croissance en raison de confinements à répétition et de tensions diplomatiques avec l’Occident.
Le Parti communiste chinois a décidé d’inclure pour la première fois dans sa charte une mention sur l’opposition de Pékin à l’indépendance de Taïwan, selon une résolution rendue publique à la clôture du congrès.
Le congrès «accepte d’inclure dans la charte du parti des déclarations sur (...) l’opposition résolue et la dissuasion des séparatistes qui cherchent à obtenir l’indépendance de Taïwan», indique la résolution.
Par ailleurs, le «rôle central» du président Xi Jinping, qui devrait obtenir dimanche un troisième mandat à la tête de la formation politique et donc du pays, a également été inclus à la charte.
Les près de 97 millions de membres du parti devront «défendre le rôle central du camarade Xi Jinping au sein du Comité central du Parti et du Parti dans son ensemble», selon une résolution adoptée à l’unanimité.
Depuis une semaine, quelque 2.300 délégués choisis par les différentes instances du Parti étaient réunis à huis clos à Pékin, avec pour mission de remanier l’équipe dirigeante du parti, et donc de la deuxième économie mondiale, et de tracer les futures orientations du pays.
La composition du nouveau Comité central, sorte de « parlement » interne au parti, a été adoptée, selon l’agence Chine nouvelle qui n’a toutefois pas dévoilé la liste des quelque 200 membres.
Scène inhabituelle dans une cérémonie très chorégraphiée, l’ancien président Hu Jintao a été escorté vers la sortie, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Visiblement contre son gré, l’homme de 79 ans, qui a présidé la Chine de 2003 à 2013, a été incité par des employés à se lever de son siège, situé à côté de Xi Jinping. La scène n’a été ni expliquée ni rapportée dans l’immédiat par les médias d’Etat.
Dimanche, Xi Jinping sera vraisemblablement reconduit au poste de secrétaire général du PCC, à l’issue de la première réunion d’un Comité central remanié, qui compte environ 200 membres.
Simple formalité, la procédure doit permettre à Xi Jinping de décrocher en mars prochain un troisième mandat présidentiel inédit de cinq ans.
« Ce troisième mandat mettra fin à trois décennies de transition (encadrée) du pouvoir » en Chine, relève Neil Thomas, analyste du cabinet Eurasia Group.
Pour se maintenir au pouvoir, l’homme fort de Pékin avait ainsi fait supprimer de la Constitution en 2018 la limite de deux mandats. Xi Jinping, 69 ans, peut donc en théorie présider à vie la République populaire.
Nouveau Premier ministre
Analystes et médias spéculent sur la volonté de Xi Jinping de changer l’intitulé de son poste en « président du parti », le titre qu’avait le fondateur du régime Mao Tsé-toung (1949-76).
Une modification pourrait aussi être apportée à la charte du PCC. En 2017, elle avait intégré une référence à « la Pensée Xi Jinping sur le socialisme à caractéristiques chinoises pour une nouvelle ère ».
Cette mention avait été ajoutée l’année suivante à la Constitution du pays.
Ce congrès devrait également déboucher sur une large recomposition du comité permanent du Bureau politique.
La nouvelle composition de cet organe tout-puissant de sept membres actuellement -- qui détient la réalité du pouvoir en Chine -- sera dévoilée dimanche.
Selon des traditions non écrites, une partie des membres actuels atteignent l’âge auquel ils sont censés prendre leur retraite.
Conformément à la coutume, les membres du Comité permanent seront annoncés par ordre d’importance, le numéro un étant le secrétaire général.
A priori le numéro deux ou le numéro trois sera le prochain Premier ministre qui succèdera à Li Keqiang, en mars prochain.
Parmi les noms évoqués pour le remplacer : Wang Yang, considéré comme l’une des voix les plus libérales du Parti, ou l’actuel vice-Premier ministre Hu Chunhua.
Li Qiang, chef du parti à Shanghai, est également pressenti malgré sa gestion chaotique du confinement au printemps.
« Pires scénarios »
Le nouveau comité permanent sera composé en « majorité de personnalités loyales à Xi Jinping », subodore Nis Grünberg, de l’Institut Mercator d’études chinoises (Merics) à Berlin.
Nombre de sinologues estiment qu’aucun successeur potentiel ne devrait émerger.
Depuis son arrivée au pouvoir fin 2012, Xi Jinping a accumulé les pouvoirs au sommet de la deuxième puissance mondiale et présidé à un renforcement de l’autorité du régime.
Chef du Parti, chef des armées, chef de l’Etat… le dirigeant a plaidé pour la continuité de ses politiques lors d’un discours au ton triomphal à l’ouverture du congrès.
La stratégie « zéro covid » devrait ainsi se poursuivre malgré ses conséquences néfastes sur l’économie et l’exaspération grandissante de la population face aux confinements.
Loin de la diplomatie prudente de ses prédécesseurs, Xi Jinping devrait encore davantage faire entendre la voix de la Chine. Quitte à accroître les tensions avec le grand rival américain, en particulier autour de la question de Taïwan.
Xi Jinping est surtout « très préoccupé par la sécurité du régime », soulignent les analystes du cabinet SinoInsider, spécialisé dans la politique chinoise. Et de relever que ce terme a été cité 91 fois dans son discours dimanche dernier, plus que tout autre thème.
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Xi Jinping, ou "Celui qui tremble". Depuis qu'il a compris que le monde libéral occidental se battrait pour préserver la démocratie et les valeurs occidentales, et les conséquences de ce constat pour ses desseins concernant Taïwan, Xi est fébrile. L'absorption de l'île, qu'il voyait se dérouler comme une lettre à la poste, sans résistance, dans un environnement empreint de résignation et de fatalité, un peu comme cela avait été le cas pour Hong-Kong promet désormais de se révéler plutôt comme la quadrature du cercle. Et de l'entraîner, lui, le PCC et le système chinois, dans les oubliettes de l'Histoire, rejoindre les dépouilles des autres régimes totalitaires communistes et collectivistes de la planète. Que faire? Tenter le coup pour le coup? Ou tenter autre chose? Autre chose qui ne le ferait pas apparaître aux yeux de l'Histoire comme LE fossoyeur ultime de l'œuvre de Mao? Pour rien au monde, on ne voudrait être à sa place!