Un hommage familial à la campagne belge

Il fut le fondateur en Belgique des grands magasins Au Bon Marché, dont la première enseigne ouvre à Bruxelles en 1860. François Vaxelaire (1840-1920), originaire de Lorraine, y rencontrera et épousera – comme Octave Mouret dans le roman de Zola Au bonheur des Dames – sa première vendeuse, Jeanne-Joseph Claes. En 1969, Au Bon Marché fusionne avec les Grands Magasins Innovation, le temps passe et à la place de l’immeuble original se dresse aujourd’hui City 2, deuxième centre commercial de Belgique en termes de surface. [scald=29562851:sdl_editor_representation] Jusqu’en 2002, l’entreprise et ses accroissements est restée aux mains de la famille Vaxelaire. Tout comme la splendide collection du petit-fils du fondateur de la dynastie (portant le même prénom) qui sera dispersée le 9 novembre prochain chez Artcurial à Paris : François Vaxelaire (1921-1990) et son épouse Nadine ont rassemblé de nombreux tableaux d’importants artistes flamands des XVIe et XVIIe siècles, gorgés de paysages de campagnes belges pleins de vie. « Des peintures rupestres préhistoriques à la création photographique contemporaine », explique le commissaire-priseur Thomas Fournier, directeur du département Maîtres anciens et XIXe siècle chez Artcurial, « la nature fut et demeure la première source d’inspiration des artistes. Notre fascinante collection est un émouvant témoignage des riches productions des Flandres et des Pays-Bas aux XVIe et XVIIe siècles. Les paysages, les scènes de genre et les natures mortes qui la composent sont une source incroyablement riche d’informations sur une époque révolue qui plaçait la nature au centre de toute préoccupation avec une sagesse et une modestie qui manquent à notre temps ». De l’art belge au XVIe siècle A voir ce mercredi pour quelques heures encore, avant que la collection ne s’envole pour Paris, les œuvres des chouchous du baron et de la baronne Vaxelaire : Jacob et Abel Grimmer, père et fils, tous deux actifs à Anvers à la même époque que les Bruegel. On s’arrêtera devant le chef-d’œuvre Château dans un paysage avec un berger (80.000-120.000 €), grand panneau dans un magnifique état de conservation. Et devant la série de dix tondi – ces petits tableaux de forme circulaire abondamment utilisés à la Renaissance italienne – représentant les mois de l’année et provenant de la collection Plantin-Moretus (600.000-1.000.000 €). [scald=29562852:sdl_editor_representation] Mais aussi un Fragonard, Intérieur d’étable (300.000-500.000 €), un tableau perdu depuis la fin du XVIIIe et retrouvé dans une collection française. Ce beau taureau roux, avec les cornes formant la lyre d’Apollon, a été séparé de son pendant lors de la vente : un enfant conduisant une vache qui se trouve aujourd’hui aux Etats-Unis. Un Chardin, pas les fameuses fraises des bois qui ont beaucoup fait parler d’elles il y a quelques mois, mais une appétissante et très lumineuse Marmite de cuivre, choux-fleurs et égrugeoir avec son pilon sur un entablement (600.000-800.000 €) ; une petite huile sur panneau de Ludger tom Ring (1522-1584), terriblement actuelle et qui est pourtant probablement la toute première nature morte de fleurs, bien avant que des artistes comme Jan Bruegel l’Ancien ou Ambrosius Bosschaert l’Ancien ne popularisent les compositions florales au début du XVIIe siècle ; un Josef van Bredael (1688-1739), Paysage d’hiver à la trappe aux oiseaux (d’après Pieter Bruegel) où la fragilité du petit oiseau prêt à se faire attraper, presque invisible, là, dans le coin droit tout en bas, renvoie à ses humains, au centre du tableau, patinant sur une glace de fin de saison, prête à se fendre sous leurs pieds… [scald=29562848:sdl_editor_representation] [scald=29562853:sdl_editor_representation] « Les artistes truffaient leurs tableaux de métaphores comme celle-ci », poursuit Thomas Fournier. « Mais surtout », dit-il en se penchant sur une petite scène hivernale de l’Anversois Abel Grimmer (1575-1619), « ce qu’on constate devant cette collection, c’est qu’on peut déjà parler d’art belge au XVIe. Ce côté truculent, cette façon de se réjouir du quotidien, cet humour : Tintin n’a rien inventé ! En fait, ces tableaux devraient être achetés par un musée de la bande dessinée ». On y regarde de plus près et il a raison : cette petite femme dans le fond, renversée cul nu sur la glace, on jurerait l’avoir croisée dans un Quick et Flupke. Artcurial. Exposition ce mercredi 26 jusqu’à 18 h au 5, avenue Franklin Roosevelt, 1050 Bruxelles. Vente à Paris le mardi 9 novembre. www.artcurial.com/

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