Formule 1: sur ses terres, l’équipier modèle Sergio Pérez veut brûler la politesse à Charles Leclerc et asseoir la domination de Red Bull

Pour la flamboyance, on repassera. Avec amertume quand on sait l’exubérance dont sont capables les Mexicains dès qu’un moteur se met à vrombir à leurs côtés. Mais pour l’efficacité, Sergio Pérez peut faire valoir certains faits d’arme incontestables. À commencer par ses succès à Monaco et Singapour cette année. Certes empreints d’un certain opportunisme, mais plutôt bienvenus pour son équipier Max Verstappen qui, les rares fois où il n’était pas devant, pouvait se réjouir de voir sa « doublure » barrer la route à une Ferrari. Ou, plus spectaculaire encore, l’an dernier à Abou Dhabi, quand le Mexicain avait fait perdre un fameux temps à Lewis Hamilton ; prélude au final que l’on sait… Bref, Sergio Pérez est l’équipier-modèle : suffisamment soumis pour ne pas faire de l’ombre à Max Verstappen, ni contester les ordres qui lui sont serinés à l’oreille. Et en même temps présent (quasi) à chaque fois que ladite équipe et/ou son chef de file en avait besoin. Dans la droite ligne des fidèles Barrichello ou Massa pour Schumacher, ou encore Bottas pour Lewis Hamilton, même si le Finlandais avait de plus en plus de mal à masquer son impatience avec les années. Sergio Pérez, lui, ne risque pas d’en faire autant. À 32 ans et 232 Grands Prix au compteur, il sait bien qu’il a peu de chances de trouver mieux comme fin de carrière que les deux années de contrat qu’il a réussi à signer fin mai avec Red Bull, dans la foulée de sa victoire monégasque, jusque fin 2024 donc. À 2 points de Leclerc Ce week-end, il sera l’incontestable tête d’affiche d’un Grand Prix du Mexique (départ dimanche à 21 heures) sans grands enjeux. Alors Checo pourra cette fois penser à lui. Et à ce titre de vice-champion du monde qui semble lui tendre les bras, et lui permettra d’améliorer ses deux quatrièmes places conquises en 2020 (Racing Point) et 2021 (Red Bull), en atteignant sans doute le meilleur niveau de sa carrière. Ni plus ni moins. Pour l’heure, il accuse 2 points de retard sur Charles Leclerc. Mais alors que le Monégasque avait été jusqu’à compter 41 points d’avance sur son rival au soir du GP d’Australie, cet écart a fondu avec une belle régularité, jusqu’à être nul après le GP des Pays-Bas, avant cette nouvelle situation de deux points d’écart donc, au soir du GP des États-Unis. « Voir cette foule qui scande mon nom me galvanise, et il est clair que je vais tout mettre en œuvre pour à nouveau faire monter la température dans le fameux stadium de l’Autodromo Hermanos Rodriguez de Mexico », sourit le seul des six Mexicains à avoir roulé en F1, à pouvoir se targuer d’être monté sur le podium devant son public. C’était l’an dernier, quand il avait terminé derrière Verstappen et Hamilton (tiens donc), et il n’est pas prêt d’oublier ce moment. Pas plus d’ailleurs que celui qu’il a vécu mardi, dans sa ville natale de Guadalajara, où pas moins de… 130.000 personnes s’étaient massées dans le centre pour le voir faire des tours de démonstration agrémentés de quelques donuts dans une ambiance de folie. « Je pense avoir vécu l’un des moments les plus terribles de ma carrière », s’exclamait encore l’enfant du pays, et surtout d’une partie du monde, avec l’Amérique du Sud, où les sports mécaniques sont adorés. « Je vous promets que je vais me donner à cent pour cent ce week-end pour encore vivre un moment d’une telle intensité. » « Être considéré » On peut toujours rêver, et se dire même que si Max Verstappen est devant lui, le nº1 mondial pourrait éventuellement lui offrir la victoire pour « services rendus ». Oui, bon, rêvons… Checo Pérez, lui, ne comptera sans doute que sur lui-même, dans les mesures de ce qu’on lui laissera faire. L’occasion de ruminer peut-être une fois encore les souffrances ressenties au gré de son évolution vers les sommets, et au sujet desquelles il s’était quelque peu épanché en prélude au récent Grand Prix des États-Unis : « J’ai souvent ressenti au cours de ma carrière, surtout au cours des premières années, qu’on n’est pas toujours pris au sérieux en tant que Mexicain ; que les gens sont capables de dire : ‘C’est juste un Mexicain, il est paresseux, c’est dans leur culture…’ », dit-il avec gravité et sincérité. « C’est comme si, juste parce que vous êtes Mexicain, vous n’étiez pas capable de rivaliser avec les meilleurs du monde. Alors je peux vous dire que quand on arrive à prouver que tout le monde a sa place en F1, le sentiment ressenti est plutôt agréable. » Et c’est celui-là que Checo tentera de ressentir à nouveau dimanche, au milieu d’une foule en délire. Viva Mexico ! Viva Checo !

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