Delhaize cède Tom & Co pour mieux revenir à ses rayons

Delhaize lâche du lest. C’est sans doute sous cet angle qu’il faut interpréter la cession des magasins Tom & Co annoncée ce lundi matin par le groupe belgo-néerlandais. Le repreneur se nomme PetSerCo, un véhicule d’investissement dont l’actionnaire principal est Lionel Desclée (lire ci-contre), Senior Vice-President de Delhaize Belgique, désormais sur le départ. La marque Tom & Co, c’est une histoire vielle d’un quart de siècle. Fondée en 1991, elle s’est peu à peu développée en Belgique puis au Luxembourg et en France, tandis que croissaient les besoins et habitudes de choyer son animal de compagnie. Un développement surtout porté par un réseau d’indépendants. En effet, l’enseigne animalière compte aujourd’hui 144 magasins dans ces trois pays (dont 130 environ en Belgique), parmi lesquels on recense 136 franchisés et huit succursales en gestion propre. Aniserco, la filiale du groupe Delhaize qui exploitait jusqu’ici les Tom & Co, n’occupe d’ailleurs que 58 personnes en Belgique et en France. Pour elles ainsi que pour les franchises, ce changement de propriétaire devrait être sans conséquence dans l’immédiat. « Il n’y aura aucun impact sur le réseau de vente et les collaborateurs de Tom & Co, assure le groupe Delhaize dans un communiqué. Tous les contrats de travail actuels seront respectés ». Avec un chiffre d’affaires d’environ 110 millions d’euros, Aniserco est une société saine. En 2015, elle a enregistré un bénéfice d’exploitation de 3,8 millions d’euros, pour 4,1 millions en 2014. Un léger tassement qui trahit un essoufflement. La vente intervient donc à un moment opportun pour redynamiser l’activité. Pour Delhaize, la seconde tentative de vendre ses magasins de fournitures pour animaux fut la bonne. En effet, en 2007, alors que le groupe se séparait de son réseau de vente de produits cosmétiques Di, cédé à la CNP d’Albert Frère et au holding anversois Ackermans & van Haaren (AvH), il avait également tenté de trouver un repreneur pour Tom & Co. En vain, à l’époque. Se recentrer pour se spécialiser Cela, c’était avant le ralentissement de l’économie et la guerre des prix au sein du secteur de la distribution, ponctuée par le plan de restructuration de 2014 - 2015. Depuis, l’enseigne au lion a remis le curseur sur la qualité plutôt que sur les prix les plus bas. Et elle entend se battre pour retrouver un leadership dans le secteur de la distribution. « Il y a une volonté du groupe de se recentrer sur son métier de base, confirme Roel Dekelver, son porte-parole. Nous voulons plus que jamais redevenir le supermarché préféré des Belges en améliorant notre assortiment, la shopping experience de nos clients et la qualité. Cela prend beaucoup d’énergie et, dans ce contexte, la gestion de Tom & Co n’était plus une priorité ». Pour Gino Van Ossel (Vlerick Business School), spécialiste du secteur de la distribution, la décision du groupe belgo-hollandais n’a rien de surprenant. « En tant que groupe de retail, Delhaize ne possède plus que des supermarchés, en Belgique, dans le reste de l’Europe et aux Etats-Unis, souligne-t-il. Il était donc logique qu’il cède Tom & Co car c’est un autre métier, avec d’autres fournisseurs ». Ce recentrage des activités de Delhaize sur la distribution s’inscrit en outre dans une tendance plus large au sein du monde du retail. « Pendant longtemps, on a vu de grands groupes nationaux être actifs au sein de différents secteurs, poursuit Gino Van Ossel. Mais aujourd’hui, dans le monde entier, on va vers une spécialisation à l’échelle internationale ». Cette vente a sans doute été accélérée par la fusion Delhaize - Ahold survenue l’an dernier. Et par l’intérêt d’un homme appartenant au management de Delhaize, connaissant bien l’enseigne et son potentiel pour y avoir officié par le passé. Etant seul en lice, il y a fort à parier que Lionel Desclée a réalisé là une acquisition à des conditions intéressantes. Il va désormais se consacrer à temps plein à Tom & Co. Un peu comme on dorlote son animal de compagnie.

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