Eden Hazard: «Je vis l’un des moments les plus compliqués de ma carrière en sélection»

Alors que Yannick Carrasco et Arthur Theate étaient programmés pour répondre à la presse ce mardi, les plans ont changé à deux reprises. Pourquoi ? Thibaut Courtois : Au terme de notre réunion de lundi soir, il était convenu qu’Eden vienne avec Jan Vertonghen. Mais pour des raisons pratiques, cela n’était finalement pas possible pour Jan. Je me suis donc joint à Eden pour parler à la presse. Eden Hazard : On s’est dit qu’il fallait que ce soit des cadres de la sélection qui viennent parler à la presse. C’est pour cela qu’on est là avec Thibaut. Ce n’était pas à Arthur (Theate), un jeune dans le groupe, de se retrouver face à vous. Yannick (Carrasco) aurait pu être là parce qu’il a aussi du vécu et de l’expérience mais finalement, c’est Thibaut et moi. Il y a eu beaucoup de choses écrites et dites sur l’après-match contre le Maroc. Que s’est-il réellement passé dans le vestiaire après la défaite contre le Maroc ? E.H.: Honnêtement, pas grand-chose. Seul le coach s’est exprimé. Beaucoup de bêtises ont été écrites et dites à ce sujet. [scald=29665031:sdl_editor_representation] T.C.: Il y a eu des mensonges qui sont sortis à propos de notre vestiaire. Des situations qui n’existent même pas. J’étais le premier à rentrer dans le vestiaire en étant fâché. J’y suis resté durant vingt minutes avant d’aller parler à la presse et je peux vous assurer qu’il ne s’est rien passé. Tout le monde était déçu. Le coach s’est exprimé. C’est tout. Il y a trop de mensonges autour de nous. Les histoires créées ont pour but d’installer une mauvaise ambiance au sein du groupe. En tant que groupe, nous devons laisser les éléments négatifs à l’extérieur. Il y a eu des fuites dans la presse. Avez-vous cherché à savoir qui transmettait des informations vers l’extérieur ? T.C.: Le problème, c’est que tout le monde prend tout ce qui sort dans la presse comme des vérités. J’ai vu des mensonges passer sur les réseaux sociaux et dans la presse. On n’a pas besoin de trouver qui a fait fuiter cela. Ce ne sont pas les joueurs qui parlent. Il y a beaucoup de personnes qui travaillent autour du groupe des Diables. Si, à un moment, on trouve une personne qui parle vers l’extérieur, que ce soit un joueur ou non, ce sera son dernier jour en équipe nationale. On est une famille et doit rester ensemble. Comment s’est déroulée votre réunion collective lundi soir ? E.H.: C’était une bonne réunion. On s’est parlé avec les joueurs, le staff et le coach. Cela a duré une bonne heure. On a évoqué les bonnes et les moins bonnes choses. On s’est aussi dit qu’il y avait encore un match à jouer et à gagner contre les Croates jeudi. On a deux jours pour bien préparer cette rencontre. Vu ce qu’on s’est dit lundi soir, je peux vous assurer qu’on sera onze guerriers sur le terrain. Et même 26 guerriers. T.C.: Tous ceux qui voulaient ont pu prendre la parole et s’exprimer comme ils le souhaitaient. Je suis l’un de ceux qui ont pris la parole lundi soir parce que je suis l’un des joueurs les plus expérimentés du groupe. Ce qui a été dit doit rester interne. C’est bien d’avoir eu cette réunion pour se dire les choses entre quatre yeux. Il fallait se parler tous ensemble et pas par petits groupes pendant un repas ou ailleurs. La meilleure chose à faire, c’est d’être honnête tous ensemble parce qu’après, on doit se battre tous ensemble sur le terrain. Désormais, il faut transformer tout cela sur le terrain jeudi contre la Croatie. Avez-vous également évoqué les déclarations des uns et des autres à l’encontre d’autres coéquipiers, comme celles de Kevin De Bruyne ? T.C.: Oui. Le principal problème, c’est qu’on voit des choses sur les réseaux sociaux ou dans les journaux et ce n’est pas toujours ce qu’on a dit. Si vous n’éclaircissez pas cela avec votre coéquipier, cela peut devenir un problème. Je n’ai pas senti qu’il y avait des problèmes dans le noyau. E.H.: Après la conférence de presse à la vieille du match du Maroc, Jan Vertonghen est directement venu me voir en me demandant ce que j’avais dit. En souriant, je lui ai dit qu’il n’était plus le plus rapide. Comme les autres membres du groupe, il me connaît depuis très longtemps et sait comment je suis et comment je dis les choses. Je me suis toujours bien entendu avec lui. Me battre avec Jan ? Il est bien trop grand pour moi. Je ne suis pas bête. Avez-vous l’impression que cette réunion servira à réunifier le groupe ? T.C.: Je suis convaincu que cette épreuve va nous renforcer. E. H.: Même si on entend plein de mauvais des choses ces derniers jours sur nous, on est tous soudés. Je vis l’un des moments les plus compliqués en sélection. Cela fait quatorze ans que je joue avec les Diables et cela n’a pas toujours été de bons moments. On a également vécu de grandes choses et c’est pour cela que les attentes à notre encontre sont énormes. Les grandes équipes sont celles qui restent soudées et s’en sortent dans les moments les plus difficiles. À nous de montrer qu’on est une grande équipe. Parler, c’est bien. Mais agir, c’est mieux. Il faut le faire jeudi contre la Croatie. Êtes-vous convaincus que vous pouvez hausser votre niveau de jeu après vos deux premières rencontres contre le Canada et face au Maroc ? E.H.: On doit faire mieux que ce qu’on a réalisé lors des deux premiers matchs. On n’est pas à la hauteur des attentes. On a plus de mal à trouver les joueurs offensifs dans les derniers mètres. C’est en raison du manque de confiance. On ose moins prendre de risque dans les passes. On espère se créer plus d’occasions jeudi contre la Croatie. T.C : Tactiquement, ce n’était pas mal contre le Maroc. L’organisation et la défense étaient bonnes. Nous avons créé trop peu d’occasions lors des deux premiers matchs. Nous allons travailler sur ce point maintenant en vue du match de jeudi. L’entraîneur a plusieurs plans prêts pour la Croatie. À nous de les exécuter correctement sur le terrain. Si on y parvient, je suis sûr que nous pouvons battre la Croatie même si c’est une équipe très forte et que ce sera un match très difficile. Ce qui s’est passé après le 1-0 contre le Maroc est tout de même inquiétant, non ? E.H.: Ce qui s’est passé est un peu incompréhensible parce qu’on a des joueurs de talent et d’expérience, avec des gars qui ont plus de cent sélections. Après le premier but marocain, on a voulu aller trop vite en oubliant les consignes du coach. On a bafoué notre football. On a balancé des longs ballons alors qu’on aurait pu davantage construire. On aurait pu revenir dans ce match, mais on a trop rapidement baissé les bras sur notre plan de jeu. Pensez-vous que l’âge de certains est un problème comme l’a indiqué Kevin De Bruyne ? E.H.: Il a dit cela, mais il ne le pensait pas vraiment. Il voulait sous-entendre qu’on était plus âgés qu’il y a quatre ans. Ce qui est évidemment le cas. C’est le cas pour nous tous. Kevin a confiance dans le groupe sinon il ne serait pas là. T.C.: L’âge n’est pas si important. Il me suffit de prendre l’exemple du Real Madrid : Karim Benzema vient de gagner le Ballon d’or (à 34 ans, NDLR). Luka Modric a 37 ans et court comme s’il en avait vingt. Il y a aussi Cristiano Ronaldo ou Lionel Messi qui prestent durant ce tournoi. C’est trop facile de dire que c’est un problème d’âge. Nous avons un bon mélange d’expérience et de jeunesse. Avez-vous évoqué entre vous que cette rencontre face à la Croatie pourrait être la dernière de certains joueurs ? T.C.: Personne n’a dit qu’il s’agissait de son dernier Mondial. Cela devrait être une motivation supplémentaire pour tout le monde, car on ne sait pas ce qui peut se passer dans le futur. On doit toujours jouer comme si c’était notre dernier match de Coupe du monde. Regardez les Italiens. Ils ne sont pas là. Qui l’aurait cru il y a deux ans ? Ensuite, chacun choisira pour lui-même ce qu’il veut faire ou non dans le futur. On ne va pas en parler entre nous. C’est une décision individuelle. E.H.: Pour ma part, je ne me dis pas que c’est le dernier match parce que je reste persuadé qu’on ira encore loin dans ce tournoi. Je ne me vois pas finir le Mondial dans deux jours. On verra ce qui se passera sur le terrain. Je crois encore qu’on peut aller loin dans ce tournoi.

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