La saison du chicon sera plus courte pour limiter les frais

Le chicon, un de nos légumes nationaux, n’a pas la pêche cette année. Déjà affaibli suite à la chute des prix de gros l’an passé, fragilisé par le peu de repreneurs familiaux qui veulent poursuivre ce type de production et par une consommation en baisse chez les jeunes, limité en termes de production cette année pour cause de sécheresse estivale intense, le chicon est de surcroît frappé par la crise de l’énergie entraînant des coûts de production exorbitants. [scald=29673686:sdl_editor_representation] Ce n’est évidemment pas le seul secteur concerné, mais ce type de production hivernale a besoin de pas mal d’énergie pour pousser ou en stockage des racines. A la ferme familiale de Verlaine, Pascal Destexhe constate que « la production coûte cher ». « Le stockage sera un problème majeur pour les gros producteurs. Pour ma part, le chicon n’est qu’une petite partie de la production familiale, d’autant plus cette année avec un été tellement sec qu’il m’était impossible d’arroser les 35 hectares de culture. Le rendement a donc été médiocre. Un tiers des graines n’a pas levé et, de surcroît, il y a eu un grand nombre de rebuts, car les racines étaient de trop petit calibre. Bref, la production sera limitée à 50 % d’une année classique. La vente des racines se terminera dans quinze jours alors que, normalement, on va jusque mi-janvier. Et les premiers chicons seront, eux, commercialisables dans quinze jours également. On ne stockera pas de racines au frais. » Les autres légumes-racines, eux, comme les panais, les carottes, les céleris, sont toujours en terre. Comme dit Pascal, « on traîne un peu », histoire de ne pas lancer les chambres froides trop tôt. « Mais il va falloir se décider, car les gelées arrivent… Heureusement, je peux compter sur la production de mes 50 panneaux photovoltaïques qui couvrent le fonctionnement des chambres froides. Mais la situation est grave pour bien des secteurs, car les pommes, les poires passent des semaines en chambre froide pour rester correctes. Certains producteurs en ont laissé sur les arbres, car les coûts auraient été trop salés. » Un prix de vente beaucoup trop bas A la ferme Crombez à Heppignies, dans le Hainaut, on dresse le même constat face au prix de l’énergie qui entraîne une hausse de 20 cents par kg de chicon, car il faut de l’électricité pour le stockage avant le forçage. Un besoin d’énergie pour les chambres froides, mais aussi lors du tri et calibrage après cueillette (tapis roulant, vis sans fin), sans parler du mazout pour la production proprement dite. « En dehors de la main-d’œuvre, un kilo revient cette année à 80 cents. On en a vendu à perte à la criée », explique Vanessa Martin. « Heureusement que nous pratiquons la vente directe, à 2 euros le kilo pour un premier choix et 1,50 pour un second choix. Mais on avait déjà réduit notre production suite aux mauvais prix de 2021. » [scald=29673743:sdl_editor_representation] [scald=29673699:sdl_editor_representation] D’autres vont écourter leur saison, pour éviter des surcoûts ou des revenus trop bas. Ce sera le cas à la ferme de Vincent Cossement, producteur important à Saint-Léger (Hainaut) qui arrêtera mi-février au lieu de fin mars-début avril. « Le plus gros problème en Belgiqueé, estime Anne-Sophie Cossement, « c’est le système de vente, à la criée sur cadran. Les prix descendent jusqu’à ce qu’un acheteur achète. Et on est obligé d’accepter. Les grandes surfaces ne regardent pas si on y gagne ou pas. Ce matin, on a vendu à 65 cents le kg. On vend au rabais ou à perte. L’an passé, on a jeté 1.000 bacs de chicons en forçage, tellement les prix étaient bas. On en a produit moins cette année et la saison sera plus courte. En France et aux Pays-Bas, les achats se font autrement et les producteurs touchent 1,50 euro, 1,60 euro le kg. » [scald=29673741:sdl_editor_representation] L’énergie s’ajoute à ce système et cela coûte pour un producteur de chicons en hydroponie – le chicon de pleine terre est moins énergivore –, car il faut maintenir l’eau à une certaine température, tandis qu’il faut garder les racines au frais avant de lancer le forçage. Chez Cossement, les chicons sont semés sur 27 hectares, la production est énorme. « On ne sait pas de quoi l’avenir sera fait », conclut l’épouse de Vincent Cossement. « Notre contrat d’électricité est à peu près valable pour l’heure, mais quid demain, quand il arrivera à terme ? Ce n’est pas normal que l’énergie soit plus chère que la main-d’œuvre. On verra l’an prochain en février-mars, au moment d’acheter les graines, si on continue ou pas… »

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