Critiqué, le sel reste le seul moyen pour déneiger efficacement

Pas encore de blanc manteau partout à travers le pays mais, par endroits, les premières neiges sont tombées la nuit dernière. Action-réaction, dans les communes et au Service Public Wallonie-Mobilité, le plan hiver a automatiquement été enclenché. On mobilise du personnel, on plonge dans les réserves de sel et on lance les épandeuses sur les routes. « Nous sommes prêts depuis le 15 octobre dernier », explique Sarah Pierre, porte-parole du SPW Mobilité. « Nous avons commandé 130.000 tonnes de sel, comme l’année dernière. Nous avons 660 épandeuses et 1.200 personnes qui peuvent être mobilisées à tout moment. » [scald=29681073:sdl_editor_representation] Critiqué par certains car il serait nocif pour l’environnement s’il est utilisé en grande quantité, le sel reste, pour l’instant, incontournable lors du déneigement des routes, qu’elles soient régionales ou communales. « Nous n’utilisons pas du sel marin », poursuit Sarah Pierre. « Le nôtre est acheté à des mines allemandes car il répond aux spécifications dont nous avons besoin, notamment sa granulométrie. Il n’est pas trop gros pour ne pas endommager les carrosseries des voitures et il n’est pas trop fin pour obtenir l’effet escompté. Il est plus fin que du sel de table. Sa teneur en humidité n’excède pas les 2 % de façon à ne pas se transformer en boulettes qui bloqueraient les épandeuses. On sait que le sel n’est pas idéal mais c’est la meilleure solution pour être efficace tout en n’étant pas trop nocif pour l’environnement et en garantissant la sécurité des usagers de la route. » En quoi le sel peut-il être nocif ? Il peut se concentrer dans les eaux et favoriser la prolifération de certaines plantes au dépend de celles sensibles au sel. Il pourrait aussi être responsable de l’empoisonnement d’oiseaux qui viendraient s’abreuver dans les flaques et les rigoles, surtout lorsque les étendues d’eau sont gelées. Mais tout cela vaut surtout dans les régions où les hivers sont plus rudes et enneigés qu’en Belgique. Là où le sel est utilisé en très grande quantité. A Vielsalm, les premières chutes de la nuit dernière n’ont pas nécessité de gros déploiement de force. La neige a fondu rapidement grâce au stock de sel qui reste de l’an dernier. « Je me souviens qu’il y a une quinzaine d’années, on utilisait du sable. Ca marchait », se remémore Pascal Andrianne, chef des ouvriers communaux. « Mais ça ne faisait pas fondre. Au fur et à mesure du passage des véhicules, ça se damait et ça constituait une sous-couche sur le bitume. S’il gèle plusieurs jours là-dessus, la glace va s’accumuler. A l’époque, ça ne posait pas trop de problème car le trafic était moins dense que maintenant. Désormais, quand il commence à neiger, les gens se sentent obligés de sortir la voiture pour faire des courses… » [scald=29681072:sdl_editor_representation] Des routes blanches A Waimes, point culminant de la Belgique, les épandeuses aussi ont effectué leur première sortie. « On s’est converti au sel durant l’hiver 1999-2000 », se souvient le brigadier Jean-Marie Piette. « Avant, on utilisait de la lave qui provient des carrières. L’inconvénient est que ça laissait les routes blanches et que des petits gravillons restaient bloqués dans le bitume. Pour les automobilistes habitués aux routes noires, cette blancheur est insécurisante. Ca serait moins dangereux si on pouvait généraliser l’utilisation des pneus à clous mais ça n’est pas le cas. Par contre, comme la lave est un produite 100 % naturellement, elle est beaucoup moins nocive pour l’environnement que le sel. Dans notre commune, on l’utilise encore pour les petites routes secondaires qui sont moins fréquentées. C’est le cas aussi à Malmedy, la commune voisine, qui utilise de la lave et du sable. » D’autres solutions, plus radicales, existent. Elles sont utilisées pour déneiger et dégeler les pistes des aéroports. Elles sont efficaces mais pas bonnes du tout pour l’environnement. « Il s’agit d’acétate de sodium et de potassium qui résistent respectivement à des températures négatives allant jusqu’à -10º et -20º », détaille Serge Toussaint, porte-parole du SPW Mobilité. « De surcroît, ces produits coûtent plus cher que le sel et ils sont plus liquides. Ils font glisser mais surtout, ils s’infiltrent dans les sols et se déversent dans les égouts. Les aéroports essaient de les collecter mais ça n’est pas facile. » Un peu partout, les conseils pour éviter les « cascades » sans trop utiliser de sel foisonnent. Après avoir déblayé la neige, on peut étendre de la sciure, des copeaux de bois, du sable, de la cendre si on a un poêle. Le but est d’accrocher sous les chaussures ou les pneus pour limiter la glisse. Des solutions qui ne peuvent cependant pas s’appliquer sur des axes routiers d’importance. Pour remplacer le sel, la solution va peut-être venir d’étudiants de l’école de biologie industrielle de Cergy. Depuis quatre ans, certains d’entre eux tentent de développer une alternative écoresponsable pour remplacer le sel. Baptsié Goodb’Ice, leur concept est une alternative écologique au sel de déneigement produite à partir de déchets agroalimentaires et de ressources végétales. Il est en phase de test.

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