Un an de Scholz: l’Allemagne à bout de bras

Oser plus de progrès ». C’était le message d’Olaf Scholz lorsqu’il a pris ses fonctions le 8 décembre 2021. Mais le narratif d’un monde pacifiste et décarboné transcrit dans le « contrat de coalition » signé par les sociaux-démocrates (SPD), les écologistes (Die Grünen) et les libéraux (FDP) a été balayé par la guerre en Ukraine… seulement deux mois plus tard. Plus question de transition écologique ! Plus question de droits de l’homme ou d’environnement ! Scholz va devoir jeter tous ses plans pour chercher du gaz. Le chancelier semble avoir gagné son pari. L’Allemagne est en mesure de passer l’hiver sans coupure de courant et de chauffage. « Dans quelques semaines, les premiers terminaux de gaz liquéfié entreront en service dans le nord de l’Allemagne », s’est-il félicité dans une vidéo sur son bilan après une année à la tête du gouvernement. Pour assurer l’approvisionnement énergétique de l’Allemagne, Scholz a réussi à convaincre les écologistes de rouvrir des centrales à charbon et de repousser la fermeture de trois centrales nucléaires d’ici le printemps. Pour éviter des hausses trop brutales des prix de l’énergie, il a convaincu son ministre libéral des Finances, adepte d’un retour à la discipline budgétaire, de débloquer 200 milliards d’euros pour soutenir les ménages et les entreprises. Aucun mouvement social Malgré ce contexte économique défavorable, le gouvernement a mené une politique de gauche en augmentant le salaire minimum à 12 euros de l’heure et en créant un « revenu minimum citoyen » pour les chômeurs en fin de droit qui corrige les lois libérales de Gerhard Schröder. Il a fait passer une hausse record des retraites, augmenté les allocations familiales et les allocations logements, versé une prime enfant… Enfin, il a créé un ticket forfaitaire – sans précédent – à 49 euros par mois valable dans tous les transports urbains d’Allemagne. Dès février, Scholz a annoncé la création d’un fonds spécial de 100 milliards d’euros pour moderniser l’armée (Bundeswehr) et une augmentation des dépenses militaires de 25 milliards par an pour les porter à 2 % du produit intérieur brut (objectif fixé par l’Otan). En tant que première puissance économique, l’Allemagne doit devenir « la force armée la mieux équipée d’Europe », annonce-t-il en septembre. Un discours qui ne déclenche aucune réaction chez les pacifistes du Parti social-démocrate (SPD) ni chez les écologistes qui poussent, au contraire, à la livraison d’armes lourdes à l’Ukraine. Malgré une inflation record, Olaf Scholz n’a été confronté à aucun mouvement social. « L’automne de la colère », que beaucoup de médias craignaient cet été, n’a pas eu lieu. Au contraire, le dialogue social a fonctionné à merveille avec un accord tarifaire obtenu dans l’électrométallurgie sur deux ans (8,5 % d’augmentation pour près de 4 millions de salariés) qui devrait être suivi dans d’autres secteurs, notamment dans les services publics. Des sondages misérables Malgré la hausse vertigineuse des prix, deux tiers des Allemands restent favorables à un soutien à l’Ukraine. Malgré l’arrivée de plus d’un million de réfugiés (plus que l’année record de 2015), le gouvernement n’a pas repoussé une nouvelle politique migratoire pour répondre à la pénurie de main-d’œuvre. Système à points sur le modèle canadien, naturalisation après cinq ans de présence sur le territoire, régularisation de 100.000 déboutés du droit d’asile, délivrance accélérée des visas… « Notre loi sera la plus libérale d’Europe », a claironné Robert Habeck, le ministre écologiste de l’Economie et du Climat. Patronat et syndicats applaudissent ! Enfin, Olaf Scholz est le premier chancelier d’une coalition tripartite dans l’histoire du pays. Il doit gérer à la fois les pressions des écologistes en matière de transition énergétique et la résistance des libéraux (FDP), un parti clientéliste favorable à la relance du nucléaire et contre l’introduction de la limitation de vitesse sur les autoroutes. « Dans ce contexte, on peut dire que la stabilité du gouvernement est remarquable », analyse Gerd Mielke, politologue à l’université de Mayence. Les sondages sont pourtant misérables pour Olaf Scholz, dont la popularité est très inférieure à celle de ses deux ministres écologistes, Robert Habeck (Economie) et Annalena Baerbock (Affaires étrangères). Seulement un tiers des Allemands sont satisfaits du travail de son gouvernement. « Il n’est pas réputé pour sa capacité à communiquer », fait remarquer Gerd Mielke. Face aux critiques, il répond d’ailleurs toujours sur un ton pragmatique : « La communication du gouvernement, ce sont les faits ».

Votre compte

Un an de Scholz: l’Allemagne à bout de bras

Découvrez la suite, 1€ pour 1 mois (sans engagement)

Avec cette offre, profitez de :

Le fil info

1 Commentaire

Aussi en Europe

Un groupe criminel serbo-croate opérant notamment en Belgique a été démantelé

Trois morts dans des avalanches en Autriche

Info « Le Soir » Les importations européennes de gaz russe liquéfié ont bondi de 36% en 2022

Royaume-Uni: un homme admet avoir voulu blesser Elizabeth II avec une arbalète en 2021

Un corps rendu sans cœur crée un incident diplomatique

Allez au-delà de l'actualité

À la Une

Ballon «espion»: les Etats-Unis ferment trois aéroports pour raisons de «sécurité nationale»

Analyse Au Cercle, le Standard a craqué dans les derniers instants

Ballon espion au-dessus des Etats-Unis: que penser des excuses de la Chine?

Un groupe criminel serbo-croate opérant notamment en Belgique a été démantelé

Guerre en Ukraine: des dizaines de soldats russes et ukrainiens relâchés après un échange de prisonniers

Une étude (et la N-VA) remet la défédéralisation de la justice à l’agenda

30 années au service d’une passion : le métier d’infirmière

Des soins intensifs polyvalents et à la pointe des technologies

L’indemnité vélo pour tous les travailleurs belges dès le mois de mai

Les sections du site

Les services

Groupe Rossel