Accueil Opinions Cartes blanches

La représentation citoyenne par tirage au sort, un enjeu de civilisation?

Un collectif citoyen récemment formé demande au Parlement wallon de constituer une Commission délibérative en vue de l’instauration d’assemblées citoyennes en Région wallonne.

Carte blanche - Temps de lecture: 4 min

Les organisations humaines ne sont jamais statiques. Elles évoluent toujours dans un sens ou dans un autre et nos démocraties occidentales n’échappent pas à cette règle. Or elles sont de plus en plus contestées. Dans quel sens voulons-nous les voir évoluer ? Direction la Suisse ou direction Poutine ?

A nous les citoyens de choisir et d’en décider.

La meilleure façon de protéger notre démocratie c’est de l’améliorer fondamentalement. C’est l’objectif de notre Collectif citoyen Cap Démocratie initié récemment.

Ce que nous voulons c’est une démocratie, plus forte, plus en accord avec ses valeurs et ses principes de base.

Et que reprochons-nous à nos dirigeants ?

Nous sommes mal représentés

Nous les citoyens et citoyennes de Wallonie, nous ne nous sentons plus ou mal représentés par des élus cadenassés par un jeu de partis, d’électoralisme et de carrière qui les éloignent de l’intérêt général et des préoccupations réelles de la population.

Notre système démocratique contient déjà en lui tellement de défis, d’exigences et de risques de décevoir qu’il ne survivra pas en reniant ses valeurs fondamentales. En France en mai dernier, 50 % des électeurs ont voté pour les extrêmes.

Un problème majeur de notre démocratie est donc celui de la représentation citoyenne.

Or il existe un autre mode de représentation citoyenne que l’élection, c’est le tirage au sort.

L’intérêt d’un tel mode de représentation est magistralement démontré par David Van Reybrouck dans son petit livre au titre un rien provocateur Contre les élections. (1)

Le bon exemple d’Eupen

Pour Cap Démocratie, il ne s’agit évidemment pas de contester l’utilité et la légitimité des élections mais d’instaurer en Région wallonne une assemblée citoyenne permanente par tirage au sort, à l’image de celle qui existe depuis 2019 à Eupen, en Communauté germanophone de Belgique.

Cette deuxième assemblée étant complémentaire, instaurant un dialogue permanent avec le Parlement élu. Le fonctionnement du dispositif germanophone permet de comprendre que son coût est minime et n’a rien à voir avec celui du Parlement élu. (2) À lire aussi La Communauté germanophone se dote d’une assemblée citoyenne

Faisons confiance à nos concitoyens germanophones : des gens sérieux et organisés. Des experts de plusieurs pays d’Europe ont participé pendant 3 ans à la création de cette assemblée, et ils ont bien fait les choses ! A tel point qu’aujourd’hui, des gens du monde entier viennent à Eupen pour comprendre comment les choses se passent. En effet cette expérience est unique au monde par son caractère permanent.

Améliorer les fondements de notre système

Il est clair que cette assemblée de citoyens tirés au sort, débarrassée de toute contingence électorale, aura sur bien des sujets un avis très différent du Parlement élu. En particulier lorsque l’intérêt des citoyens et celui des politiques sont en opposition quasi frontale.

Si nous voulons à tout prix sauver notre modèle de démocratie occidentale et ses valeurs, nous devons l’améliorer dans ses fondements. Est-il normal que dans un système en principe conçu pour être au service du citoyen, celui-ci n’ait rien à dire pendant les cinq années qui séparent deux élections régionales ? L’expérience en Communauté germanophone de Belgique est un début de réponse à cette grave question.

Et c’est à nous citoyens wallons qu’il appartient de revendiquer la mise en place d’un tel dispositif en Région wallonne. Réveillons-nous puisqu’il existe une solution ! Qu’attendons-nous ? À lire aussi Bruxelles crée une assemblée de 100 citoyens pour le climat

C’est pour cette raison que nous avons récemment créé le collectif Cap Démocratie et adressons au Parlement wallon la pétition suivante : « Pétition pour l’instauration d’assemblées citoyennes en Région wallonne. Article 130 BIS du règlement du Parlement wallon.

Nous, citoyen.ne.s de Wallonie demandons au Parlement wallon la constitution d’une Commission délibérative composée de député·e·s et de citoyen·ne·s tiré·e·s au sort afin de débattre du point suivant : En s’inspirant largement du “Dialogue citoyen permanent” en Communauté germanophone, discuter de l’opportunité de créer une telle institution permanente en Région wallonne.

En effet, nous sommes préoccupés par le syndrome général de désintérêt démocratique dû au sentiment que nos partis se positionnent comme des groupes d’intérêts ayant du mal à prendre en compte l’intérêt général et réfléchir à des solutions justes et créatives répondant aux besoins de tous.

La pertinence et la qualité des délibérations effectuées notamment à travers la constitution d’Assemblées de citoyen·ne·s tiré·e·s au sort ont été démontrées, tant en Belgique que dans d’autres pays d’Europe et d’ailleurs.

Améliorer notre Démocratie, c’est la meilleure façon de la protéger ! »

Actuellement, les services du Parlement wallon nous communiquent que cette pétition (info@capdemocratie.be) ne peut pas être mise en ligne pour signature.

(1) David Van Reybrouck : Contre les élections, Editions Actes Sud.

(2) Lire à ce propos, un excellent document du CRISP : « Le dialogue citoyen permanent en Communauté germanophone », Christophe Niessen, Min Reuchamps, Courrier hebdomadaire du CRISP, 2019/21 (nº2426), pages 5 à 38.

 

À lire aussi Bruxelles crée une assemblée de 100 citoyens pour le climat À lire aussi La Communauté germanophone se dote d’une assemblée citoyenne

Le fil info

La Une Tous

Voir tout le Fil info

1 Commentaire

  • Posté par Moritz Montanez, lundi 12 décembre 2022, 12:27

    J'ai bien ri ! Comparer la rigueur et l'engagement de nos amis d'Eupen, de Raeren ou de Mamedy avec celui des citoyens de Gilly, Erquelines, Ans ou Frameries, il fallait oser ! Mais ce "collectif" (un de plus) n'a probablement aucune expérience des copropriétés ni des conseils de gérance où des gens qui vivent dans le même immeuble s'étripent pour la lumière dans les communs ou le nettoyage des escaliers (ça ils connaissent) mais sont incapables de s'accorder sur un cahier de charges pour une renovation de façade ou d'ascenseur (ça c'est trop compliqué pour eux). Quant à comparer les offres... on prendra le fournisseur qui est gentil... Perso, je n'ai aucune envie que mon avenir soit régi par des concierges et des coiffeurs désœuvrés le lundi. Si ces gens veulent aider, qu'ils expliquent d'abord en quoi et qu'ils prennent une carte du parti qui leur convient : ils ont l'embarras du choix. Au pire ils feront du bénévolat dans une asbl subsidiée. Leur billet suinte la frustration mais il est remarquable que leur "solution" n'est porteuse de RIEN.

Aussi en Cartes blanches

Carte blanche Peines de prison : « Stop à l’extension infinie du sécuritaire »

Un large collectif d’avocats et d’universitaires s’oppose au projet de loi que présentera le ministre de la Justice, Vincent Van Quickenborne (Open VLD), mardi prochain en commission. Les signataires dénoncent la volonté du gouvernement d’ajouter, pour certains auteurs d’infractions graves, une mesure de sûreté à la fin de leur peine d’emprisonnement. «Cette logique ouvre la voie à un droit pénal autoritaire».
Voir plus d'articles

Le meilleur de l’actu

Inscrivez-vous aux newsletters

Je m'inscris

À la Une