Athlétisme: Sebastian Coe veut des Mondiaux «sold out» en 2023

Mon image de l’année 2022 ? Voir débarquer les athlètes ukrainiens à Eugene pour les Mondiaux en dépit des difficultés incroyables qu’ils ont rencontrées tout au long de la saison. Je les en ai remerciés alors qu’ils s’excusaient de la taille réduite de leur délégation… » Sebastian Coe, le président de World Athletics (la Fédération internationale d’athlétisme, NDLR), a dressé hier le bilan de l’année athlétique lors d’une conférence de presse diffusée par vidéo. Entamée par une séance d’autosatisfaction liée à une volée de chiffres démontrant la bonne santé du premier sport olympique, elle a vite dévié sur l’événement nº 1 de la saison à savoir cette première incursion des Mondiaux sur le sol américain depuis leur création, en 1983. L’idée de base était d’« accrocher » le public américain à ce sport auquel les Etats-Unis ont déjà offert tant de champions et ce à six ans des Jeux olympiques de Los Angeles, histoire d’entamer un « narratif » qu’il faudra bien veiller à entretenir ; ce n’est pas pour rien si Eugene, « la » ville de l’athlétisme outre-Atlantique, vient d’obtenir l’organisation de la finale de la Diamond League 2023 en septembre prochain… Aux Etats-Unis, plutôt la côte Est Dire que l’affaire est gagnée au pays où le football américain, le basket-ball, le baseball et le hockey sur glace sont rois est loin d’être une évidence même si, selon Coe, « l’Amérique a regardé ces Mondiaux ». Tous les observateurs présents sur place en juillet ont pu constater qu’en dépit d’une capacité de 20.000 spectateurs, le stade de Hayward Field n’a jamais fait le plein, si ce n’est lors de la toute dernière séance, et ce, alors que les athlètes locaux ont pourtant une nouvelle fois dominé le tableau des médailles (33, dont treize d’or), notamment grâce à Noah Lyles et Sydney McLaughlin, deux des stars absolues de la semaine, avec l’icône Allyson Felix qui a fait ses adieux. « Tout le monde a vu que les sièges vides se situaient dans les parties du stade où donnait le soleil et où il était impossible de rester assis », tempère le président de World Athletics. « Il suffisait de se diriger vers les coursives pour voir que le monde était là. C’est une manière très “américaine” de suivre une compétition sportive. Même lors du Superbowl, où je me suis rendu, il y avait plein de spectateurs qui quittaient leur siège pendant la rencontre ! Franchement, on a une base sur laquelle on peut travailler. » Mais il concède qu’Eugene était « une petite ville, pas très facile à atteindre », qui plus est située sur la côte Ouest, avec le problème du décalage horaire qui va avec pour les férus d’athlétisme que sont les Européens. « On devrait plutôt se diriger, à l’avenir, vers la côte est », ajoute-t-il. La chaîne NBC, qui a déclaré à l’agence Reuters que ces Mondiaux avaient été pour elle les championnats d’athlétisme les plus suivis, a indiqué que la dernière journée avait connu un pic de 2,3 millions de téléspectateurs, la moyenne générale des dix jours de compétition tournant autour de 834.000 personnes, ce qui n’est pas grand-chose à l’échelle du pays. « L’organisation de championnats du monde d’athlétisme est tout sauf évidente », affirme encore Coe. « Mais je veux voir un stade plein. Il est inacceptable d’avoir des sièges vides. Ce sera sans doute différent en 2023 à Budapest, dans une grande ville internationale, qui a l’habitude des grandes organisations sportives. » Pour ces championnats, World Athletics a décidé d’ériger des critères de qualification particulièrement sévères ce qui laisse à penser qu’elle veut privilégier désormais ses classements mondiaux dans lesquels elle puisera pour remplir ses différentes épreuves. « Pour l’instant, on en est grosso modo à 50 % de qualifiés via les critères et 50 % via les rankings », précise le président. « Mais ces derniers me semblent être un bon outil de sélection. Ils aident à faire comprendre le sport et à mieux profiler les athlètes. » Vers le retour des Russes ? Les Mondiaux 2023 accueilleront-ils à nouveau des athlètes russes (et biélorusses) écartés depuis 2015 sous leurs couleurs nationales en raison du dopage d’Etat constaté à l’époque ? Coe refuse d’évoquer le sujet tant que la « task force » indépendante dirigée par Rune Andersen n’aura pas donné ses recommandations finales au Conseil, dont la prochaine réunion est prévue en mars prochain. Mais le Norvégien a reconnu que la Fédération russe (Rusaf) avait intégré une nouvelle culture de la bonne gouvernance et une tolérance zéro en matière de dopage depuis l’arrivée à sa tête de l’ancienne sprinteuse/hurdleuse Irina Privalova. En attendant, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a fait savoir à Thomas Bach, le président du CIO, qu’il serait « bouleversé » si le sport mondial mettait fin au bannissement des sportifs russes (et biélorusses). « A sa place, j’aurais dit la même chose ! », a conclu Coe.

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