Bernard Summer: «Nous sommes tous déprimés»

De passage au festival Rock Werchter ce jeudi avec son groupe New Order, le chanteur et guitariste Bernard Sumner a accepté d’évoquer ce qu’il qualifie de « traumatisme ». Quel a été votre premier sentiment lorsque vous avez appris les résultats du référendum ? J’étais furieux parce que j’étais évidemment en faveur du maintien de mon pays au sein de l’Europe. Cette décision, je la désapprouve fermement. Bien sûr, certains de mes compatriotes ont voté pour une sortie mais d’autres souhaitaient rester. Dans mon cercle privé, je ne connais personne qui désirait cette sortie. La plupart des jeunes ne voulaient pas de cette issue. Mon fils, par exemple, désire étudier à Berlin. Est-ce que le Brexit va changer quelque chose et affecter sa décision ? C’est trop tôt pour le dire parce qu’il y a trop d’inconnues. Vous en parlez au sein de New Order ? Bien sûr. Nous sommes tous déprimés depuis vendredi, ça nous paraît tellement débile cette décision. On se disait qu’il ne manquerait plus que Trump devienne président des États-Unis… [scald=1507950:sdl_editor_representation] À quelles conséquences à court terme vous attendez-vous ? Au niveau de l’immigration, ça risque d’avoir des conséquences. Idem pour les soins de santé. Cette décision est un retour en arrière. Tout ce que nous avons besoin pour l’instant, c’est la paix. Il faut garder en tête que ce référendum illustre la démocratie, il a fallu des centaines d’années pour en arriver là et je n’ai pas envie de retourner dans les années septante. Concrètement, qu’est-ce que le Brexit peut changer dans la vie d’un groupe comme le vôtre ? Je pense que ça va être plus compliqué de travailler avec l’Europe. Ce qui serait cool, c’est que les gens qui souhaitaient rester dans l’Union gardent leurs avantages. Mais le monde est tellement devenu tellement violent. Ce qui s’est passé à Istanbul est hallucinant. Ça me rend fou de penser que le monde a progressé en termes de confort tout en devenant de plus en plus insécurisant. En fait, ce qui me flanque le plus ma frousse, c’est la prolifération des armes. Même en Angleterre. Votre approche de la musique, votre conception de votre métier a-t-elle changé depuis vos débuts au sein de Joy Division il y a quarante ans ? Faire de la musique, c’est créer un propre univers et emmener les gens avec vous, les faire voyager et rêver. À mes débuts, tout ce qui m’intéressait, c’était la musique, les filles, l’alcool et prendre du plaisir. Avec l’âge, je suis devenu plus concerné par la politique. Sans doute parce que j’ai des enfants et que je m’inquiète aussi pour leur futur.

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