Des raisons pas que financières: pourquoi Cristiano Ronaldo a choisi l’Arabie saoudite

Ce qui pendant des semaines n’était que rumeur s’est matérialisé ce vendredi soir : Cristiano Ronaldo quitte bel et bien l’Europe pour Al-Nassr en Arabie saoudite. Avec, à la clé, un plantureux contrat de deux ans et demi. Un choix qui soulève nombre de questions. Car il n’y a pas si longtemps que cela, la star portugaise de 37 ans avait déclaré vouloir terminer sa carrière au plus haut niveau. Alors comment expliquer que le natif de Madère se retrouve aujourd’hui en Saudi Premier League ? 1 Il a vécu des derniers mois compliqués au niveau sportif Le 31 août 2021, Cristiano Ronaldo signait son retour à sa « maison » d’Old Trafford. Douze ans après son départ, le Portugais retrouvait Manchester United avec qui il signait un contrat de deux années. Après neuf saisons au Real Madrid et trois à la Juventus, Cristiano Ronaldo s’offrait un nouveau défi. Un challenge excitant sur papier, au sein d’une équipe compétitive à la recherche de son glorieux passé en Premier League (ManU n’a plus été titré depuis 2013). Avec 24 buts et 3 assists en 39 matches, toutes compétitions confondues, le quintuple Ballon d’Or tenait encore le haut du pavé la saison dernière. Mais la lune de miel allait tourner au vinaigre avec l’arrivée d’un nouveau coach censé sublimer le « théâtre des rêves ». Le 22 mai 2022, Erik ten Hag prenait la succession de Ralf Rangnick. Le début des ennuis pour Cristiano Ronaldo. Car entre les deux hommes, le courant n’allait jamais passer. Résultat des courses : pour la première fois de sa carrière, CR7 voyait son statut d’intouchable remis en question. L’ancien entraîneur de l’Ajax n’hésitait pas à le mettre sur le banc ou à le faire monter en cours de match. En championnat, CR7 ne comptait d’ailleurs que cinq titularisations en seize rencontres. C’en était trop pour la star portugaise qui livrait une interview fracassante à Piers Morgan, journaliste au « The Sun Football », quelques jours avant le début du Mondial. Il y expliquait se sentir « trahi » et attaquait de front son entraîneur. « Je n’ai pas de respect pour lui parce qu’il n’a pas de respect pour moi. Si vous n’avez pas de respect pour moi, je n’aurai jamais de respect pour vous. » Après de telles déclarations, le divorce ne pouvait qu’être acté. Quelques jours plus tard, la star portugaise s’envolait pour le Qatar avec la ferme intention de se refaire une santé en sélection. Mais là aussi, l’histoire allait tourner en eau de boudin. Et pourtant, celle-ci avait bien commencé puisqu’il avait inscrit un but lors du premier match de groupe face au Ghana, devenant le premier joueur à scorer lors de cinq Coupes du monde différentes. Mais les relations avec Fernando Santos, le désormais ex-sélectionneur de la Seleçao (il a quitté son poste après le Mondial), allaient se tendre lors du troisième match, face à la Corée du Sud. Ce jour-là, la star allait faire part publiquement de son mécontentement lors de son remplacement à la 65e minute… alors que son équipe était déjà qualifiée pour le prochain tour. Placé sur le banc en 8es de finale face à la Suisse, Ronaldo allait avoir tout le loisir d’observer son remplaçant Gonçalo Ramos claquer un triplé, avant de prendre sa place à un quart d’heure du terme. Tandis qu’en quarts face au Maroc, il allait à nouveau débuter le match dans le rôle du réserviste, montant au jeu à la 49e sans avoir eu une quelconque influence sur la rencontre. Le Portugal était éliminé. En pleurs et la tête basse, CR7 quittait la Coupe du monde par la toute petite porte. 2 Il signe dans un club capable de répondre à ses exigences salariales Cristiano Ronaldo s’est-il dès lors rendu compte ces derniers mois que son niveau commençait à décliner ? C’est possible. S’est-il aperçu que les clubs du top niveau européen ne s’intéressaient plus à lui ? Probable également. S’est-il enfin rendu compte que peu d’écuries du Vieux Continent étaient capables, ou avaient l’envie, de s’aligner sur ses exigences salariales ? Très certainement. Car en Arabie saoudite, CR7 va toucher le jackpot. Son salaire serait estimé à 70 millions d’euros par an. Et en comptant ses contrats commerciaux, ses émoluments annuels s’élèveraient même à 200 millions ! Soit 16,7 millions par mois. Ou encore 6,5 euros… à la seconde. Le Portugais a donc signé un contrat de deux ans et demi, et pas plus, en dépit de la volonté de son nouveau club de le voir prolonger son bail plus longtemps (un contrat jusqu’en 2030 avec un rôle d’ambassadeur après sa retraite sportive avait même été évoqué par certains médias). Car l’Arabie saoudite est candidate à l’organisation du Mondial 2030, au même titre que… le Portugal (en commun avec l’Espagne). CR7 n’aurait ainsi pas voulu faire d’ombre à sa nation. Ou en tout cas, pas trop. Car le Portugais va, quoi qu’il en soit, mettre un sacré coup de projecteur sur ce pays du Golfe et son championnat. D’ailleurs, en un week-end suivant l’annonce de son arrivée, son club d’Al-Nassr a gagné plusieurs… millions de followers sur ses différents réseaux sociaux. 3 Il s’éloigne de Messi… mais aura encore des challenges à relever Le timing de cette annonce fait irrémédiablement tourner les regards vers Lionel Messi. Car la divergence de trajectoire entre les carrières des deux hommes, sans cesse comparés depuis deux décennies, est pour le moins frappante. Pendant que CR7 réglait les détails de son contrat au pays de l’or noir, le numéro 10 argentin, de deux ans son cadet faut-il toutefois le rappeler (il a 35 ans), soulevait la Coupe du monde. Et alors que Cristiano Ronaldo étrennera désormais ses crampons en Saudi Premier League (dont Al-Nassr est actuellement leader), la Pulga, elle, tentera de remporter une cinquième Ligue des Champions personnelle avec le PSG, en plus d’un nouveau titre de champion de France qui semble, cette année encore, d’ores et déjà promis à la phalange parisienne. Les paroles de CR7 prononcées lors d’une interview en 2015 paraissent dès lors très lointaines. Et pour le moins dissonantes aujourd’hui. « Je veux finir au plus haut niveau, dignement, dans un bon club », avait-il confié. « Cela ne veut pas dire qu’aller aux États-Unis, au Qatar ou à Dubaï n’est pas bien, juste que je ne m’y vois pas. » À moins que Ronaldo ne surprenne tout son monde et revienne un jour jouer en Europe… Une hypothèse à laquelle ne croit pas notre consultant Philippe Albert. « Car il a quand-même 37 ans… Et puis, au-delà de son juteux contrat, il a tout de même un challenge à aller chercher. Il aura plus de facilité à retrouver le chemin des filets. Il aura un peu plus facile. Il va jouer plus libéré que lors de ces derniers mois. En tout cas, j’estime que c’est son droit de terminer sa carrière comme cela. Il nous a fait rêver durant vingt ans. Et il a dû énormément travailler pour en arriver là. Ce genre de joueurs, comme Messi, n’a pas eu de jeunesse, joue au plus haut niveau depuis ses 16 ans et est depuis lors sous pression 24 heures sur 24. » Le 5 février prochain, Cristiano Ronaldo soufflera donc ses 38 bougies à Riyad, là où est basé son nouveau club. Le cinquième de sa carrière professionnelle.

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