Castle Malting: le fleuron belge de la malterie passe sous bannière française

L’année 2023 démarre sur les chapeaux de roue dans le monde brassicole belge puisque la Malterie du Château, et plus précisément sa division « Castle Malting » est en passe d’être rachetée officiellement par le numéro deux mondial du secteur, la malterie française Soufflet qui gère 28 malteries dans le monde, et fait partie du groupe agro-alimentaire InVivo qui souhaite à terme devenir le leader de cette filière. La Malterie du Château, c’est le rêve devenu réalité de Jean-Louis Dourcy, son fondateur, ou plutôt son repreneur-dynamiseur. « J’ai racheté cette entreprise il y a 20 ans. Créée en 1868, elle est la plus vieille malterie du pays et une des plus anciennes au monde. Elle était fermée et c’était un chancre industriel que nous avons modernisé pour en faire un outil hyperperformant, mais de dimension raisonnable. On a relancé la machine avec trois ouvriers et six brasseries nous ont fait confiance. Aujourd’hui, l’entreprise fonctionne avec trois départements (Castle Malting pour la malterie, Castle Ingredients pour la création de produits innovants et Castle Dairy pour des produits à base de lait), travaille avec 120 personnes et fournit 3600 entreprises (brasseries crafts surtout mais aussi des distilleries) dans 147 pays. » [scald=29764409:sdl_editor_representation] La Malterie du Château s’est spécialisée au fil des ans dans la production d’une centaine de sortes de malts, permettant aux brasseurs de petite et moyenne dimension de produire des bières uniques, très variées, en jouant sur les couleurs et les saveurs du malt d’orge brassicole, du blond pâle au caramélisé et torréfié. Une gamme incroyable et unique, que jalousent les malteurs industriels. La Malterie du Château a une production de 35 à 37.000 tonnes par an, là où les géants belges produisent dix fois plus. Et chez Soufflet, on est à plus de deux millions de tonnes ! « Des malts spéciaux que les grands groupes ne peuvent pas faire » Alors, pourquoi vendre un fleuron en pleine santé, reconnu dans les 5 continents, et qui est même au sommet de son art en ayant reçu en 2022 le titre honorifique de « meilleure malterie au monde » ? « J’ai démarré de rien pour produire des malts spéciaux, très spécifiques, que les grands groupes ne peuvent pas faire », poursuit Jean-Louis Dourcy. « Oui, nous sommes devenus la référence mondiale pour les brasseries crafts, mais malheureusement, nous n’avons plus de capacité pour continuer notre développement, et plutôt que de commencer à frustrer nos clients par des retards de livraison ou autres contraintes, car nous sommes toujours en rupture de stock et je refuse sans cesse des clients, la solution était de trouver un partenariat parmi les leaders dans le secteur. La malterie, c’est un travail continu et vivant, 24h sur 24 et 365 jours par an. J’ai estimé que Soufflet avec le groupe InVivo est pour nous le partenaire parfait, qui permettra de continuer à développer les activités de notre malterie au niveau mondial. Je me devais aussi au niveau du personnel, vu leur magnifique contribution à notre succès, de leur permettre de continuer à se développer dans une société prospère. » Avec son slogan « La vie est trop courte, pour ne pas en avoir plusieurs », Jean-Louis Dourcy va rester gérant de son « bébé » pour Soufflet et conserve en propre les deux départements Castle Ingredients et Castle Dairy. Le berceau de l’entreprise est situé à Belœil, les autres unités de production étant localisées à Ghlin et à Hombourg tandis qu’un 4ème site est en cours de construction à Lontzen. On ne parle pas de délocalisation vers la France mais bien de renforcement des sites wallons grâce à des investissements qui seront effectués par le groupe Soufflet, quand celui-ci sera acquéreur définitif, d’ici un bon mois. Comme le paysage brassicole qui s’est complètement concentré durant le 20ème siècle, avant de revivre ces 20 dernières années par la grâce de pico et de micro-brasseries, le secteur du maltage a lui aussi connu une incroyable concentration puisque la Belgique comptait 52 malteries en 1960, pour une production totale d’environ 350.000 tonnes. Aujourd’hui, il en reste cinq dont deux en Wallonie (Belœil et Gembloux) et une production de 850.000 tonnes.

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