Golden Globes: timide retour en grâce, Spielberg grand vainqueur

C’est un habitué des récompenses, un cinéaste établi et incontournable qui est le grand gagnant de la 80e cérémonie des Golden Globes. A 76 ans, Steven Spielberg s’est ainsi distingué pour The Fabelmans, récit autobiographique et intime mettant en scène le destin d’un jeune juif américain qui rêve de faire des films dans les années 1960. Un film auréolé du Golden Globe du meilleur réalisateur ainsi que de celui du meilleur film dramatique. Au reste du palmarès, les poétiques Banshees d’Inisherin de Martin McDonagh (meilleure comédie, meilleur scénario et meilleur acteur pour Colin Farrell), Austin Butler pour Elvis, Cate Blanchett pour Tár, Michelle Yeoh et Ke Huy Quan pour Everything Everywhere All at Once… mais un seul prix pour Babylon de Damien Chazelle (meilleure B.O.) et rien non plus pour Close de notre compatriote Lukas Dhont. Le réalisateur, nommé pour la deuxième fois après Girl en 2019, a cependant déclaré à Belga être « super content » de l’attention que reçoit son film. « C’était une soirée fantastique. Nous sommes très contents car nous avons reçu beaucoup de compliments. La visibilité donnée par une nomination est un énorme cadeau. » Un palmarès en fait plutôt prévisible, et sans doute un peu convenu. Un timide retour en grâce Longtemps considérée comme un événement incontournable, lançant la saison des prix à Hollywood, la cérémonie des Golden Globes a, ces dernières années, perdu de sa superbe. La Hollywood Foreign Press Association (HFPA), association d’environ 90 journalistes étrangers basés à Hollywood chargés de remettre ces prix, étant pointée du doigt pour son manque de diversité et de transparence, mais aussi accusée de corruption. [scald=29785997:sdl_editor_representation] Depuis, une réforme de fond de la HFPA a été entreprise, et le jury des Golden Globes a notamment été renouvelé en incluant 103 nouveaux entrants qui toutefois ne sont pas membres à part entière de l’association (soit une évolution dénoncée comme de la poudre aux yeux par certains journalistes du secteur). Et, après une édition dans la quasi-indifférence générale, sans retransmission télé, les Golden Globes ont cette année retrouvé (un peu) de prestige. La chaîne américaine NBC ayant ainsi accepté d’en reprendre la diffusion, sans garantie de durée, avec un contrat pour une seule année. Car l’enjeu était bien là : parvenir à revenir en grâce dans l’industrie du septième art et montrer que la HFPA n’est pas une obscure association de parvenus. Une réalité que le présentateur de la cérémonie, Jerrod Carmichael, a choisi de tourner en dérision. « Je vais vous dire pourquoi je suis ici. Je suis ici parce que je suis noir », a-t-il lancé, s’autodésignant comme « le visage noir d’une organisation blanche assiégée ». Une touche d’humour qui n’a pas tout à fait suffi à convaincre l’auditoire. Ainsi, si de nombreuses stars étaient présentes (James Cameron, Guillermo del Toro, Brad Pitt, Rihanna…), d’autres ont brillé par leur absence, confirmant que le retour en grâce de la HFPA n’était pas encore tout à fait acquis. Cate Blanchett, sacrée meilleure actrice dans un film dramatique pour son rôle de cheffe d’orchestre dans Tár, n’était ainsi pas présente pour recevoir son prix. Parmi les autres absents remarqués : Kevin Costner (primé pour Yellowstone), Zendaya (primée pour Euphoria) et Amanda Seyfried (primée pour The Dropout) ou encore Tom Cruise, nominé pour Top Gun : Maverick (qui avait renvoyé ses trois Golden Globes en 2021 en signe de protestation), ou Brendan Fraser, nominé pour The Whale. L’influence des Golden Globes semble ainsi durablement amoindrie (les studios ont par exemple pour la plupart renoncé à leurs after-parties dédiées aux vainqueurs). D’autant plus que cette année, le palmarès ne comporte par de grande surprise et laisse un goût de trop peu, comme si le cinéma hollywoodien avait des difficultés à se renouveler et à fédérer. Séries : la recherche du consensus Après une année sans cérémonie, l’heure de redorer le blason des Golden Globes avait sonné pour la Hollywood Foreign Press Association, dont les membres semblent avoir voulu atteindre le consensus, dans le déroulement de la soirée comme dans le palmarès côté séries. Au prix de votes plus diversifiés que par le passé, où certaines séries bénéficiaient d’un plébiscite tel qu’elles ne laissaient que des miettes à leurs concurrentes, quand elles ne les reléguaient pas carrément à la marge. La 79e édition de la remise des prix avait notamment vu, l’année dernière, Succession rafler trois prix (meilleure série dramatique, meilleur acteur dans une série dramatique et meilleure actrice dans un second rôle), alors que, en 2021, c’est The Crown qui avait raflé le plus gros des récompenses, réalisant un quatre sur 6, privant d’autres programmes comme Mank, Ozark ou The Undoing du moindre laurier. Il y en a un peu pour tout le monde, et un peu pour toutes les plateformes, marquant un léger recul de Netflix par rapport aux éditions précédentes. En choisissant d’honorer House of the Dragon (meilleure série dramatique), Abbott Elementary (meilleure série comique) et l’excellente White Lotus (meilleure mini-série), les membres de la HFPA sacrent ainsi HBO et Disney +, au risque de passer à côté d’une consécration qui n’aurait pas été usurpée pour Better Call Saul (Netflix), ou pour Severance (Apple), comme meilleure série dramatique. Dans le même temps, le palmarès se partage aussi entre gros succès d’audiences – la spin off de Games of Thrones a battu des records – et des œuvres plus confidentielles mais saluées par la critique. Au triomphe du faux documentaire Abbott Elementary, sur la vie dans une école publique de Philadelphie, gros succès public aux Etats-Unis aussi, répond ainsi la présence dans les distinctions de The Bear, avec le prix accordé à Jeremy Allen White, meilleur acteur dans une série comique. Tout aussi inspirées, les distinctions remises à Zendaya pour son rôle dans Euphoria, d’Evan Peeters (pour Dahmer) ou à Amanda Seyfried (pour son interprétation d’Elizabeth Holmes dans The Dropout). Difficile aussi de bouder son plaisir de voir les excellents Paul Walter Hauser (Black Bird) et Jennifer Coolidge (The White Lotus, disponible via Be TV) récompensés dans des seconds rôles qui ont à leur manière laissé leur empreinte sur l’année 2022. C’est The Crown, Only Murders in the Building, mais aussi Pam & Tommy, tous les trois arrivés avec quatre nominations à la cérémonie, qui en font les frais, et tous les trois rentrés bredouilles de la soirée.

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