Greg Van Avermaet : « Je veux encore rouler deux ans »

Comme il a adopté l’Ardenne, Greg Van Avermaet a aussi trouvé un nid approprié à ses ambitions près de Dénia, où il réside souvent depuis quelques années. Pour peu, on le confondrait avec un Espagnol ! Le teint hâlé, le capitaine d’AG2R a toujours bonne presse, à l’image de sa disponibilité, jeudi soir, à l’hôtel de son équipe où il est en fin de contrat. Greg, il n’est pourtant pas question d’envisager une fin de carrière fin 2023 ? Non ! Je veux encore rouler deux ans maximum. C’est curieux de dire cela alors que je n’ai pas gagné depuis le GP de Montréal en septembre 2019 (il n’a jamais levé les bras avec le maillot d’AG2R, NDLR) mais le vélo est ma passion, mon métier. Je ne suis pas las des entraînements, au contraire, j’adore cela. Je suis à bloc depuis le 1er décembre et je reprends déjà la compétition le 22 janvier à la Classique de la Communauté de Valence. [scald=29789741:sdl_editor_representation] Vous souhaiteriez recevoir une proposition d’AG2R, en sachant que vous êtes plutôt fidèle et stable ? Je n’ai quitté qu’une seule équipe par obligation, c’est BMC, parce qu’elle disparaissait. Je me sens bien ici, j’ai quelque chose à rendre à cette formation, mais il est trop tôt pour discuter de cela. Attendons la fin des classiques pour évoquer le sujet (qui sera peut-être lié au départ du constructeur BMC vers l’équipe suisse Tudor de Fabian Cancellara, NDLR). Oliver Naesen dit (dans une interview à paraître) que depuis l’arrivée de Wout van Aert et de Mathieu van der Poel, il n’est plus possible d’être ambitieux au Tour des Flandres. D’accord avec cela ? Si vous n’êtes pas à 100% derrière eux, en effet. Si vous n’avez pas joué un rôle dans le final du Grand Prix de l’E3 et de Gand-Wevelgem le week-end précédent, c’est inutile d’y penser. Et les références du circuit d’ouverture (Het Nieuwsblad) n’ont aucune valeur fin février. Le Ronde est la plus exigeante des courses flamandes. Elle a longtemps été mon obsession. Dans un coin de ma tête, j’en rêve encore mais je suis réaliste. Aujourd’hui, mon ambition est de figurer dans le top 10 de toutes les classiques. C’est déjà pas mal pour un mec de 37 ans qui ne gagne plus depuis trois ans. Vous parlez souvent de sensations. Quelles sont-elles aujourd’hui ? Excellentes. L’année dernière, j’avais eu le covid en novembre, toute ma préparation avait été foutue. J’ai besoin d’un bon résultat pour concrétiser mes sensations en valeurs sûres. Et le plus tôt sera le mieux. [scald=29789742:sdl_editor_representation] Retourner au Tour de France, c’est aussi un objectif ? Oui ! C’est moi qui fais la sélection (rires). Car si je suis bien, un coureur comme moi est automatiquement au Tour, la plus grande épreuve du monde, que j’ai toujours respectée et qui m’a apporté beaucoup de satisfactions, de grands souvenirs. Même si je suis un coureur de classiques, le Tour reste un must incontournable. Comme la sélection nationale ? J’ai été très malheureux de ne pas en être à Louvain, en 2021. J’ai rarement loupé les Mondiaux, et, là encore, si j’ai le niveau, j’estime avoir ma place, pas comme leader, mais pour aider Wout et Remco. Votre équipier Benoît Cosnefroy, grand talent sur les courses d’un jour en France (vainqueur à Québec), aimerait disputer son premier Ronde ? Qu’en pensez-vous ? Que du bien. C’est un plus pour notre équipe. Je suis prêt à l’aiguiller avec Oliver (Naesen) sur le parcours du Ronde. Il a du talent, il est intelligent, il manque juste de constance mais, quand il est au top, il peut gagner n’importe quelle classique. Il fait deuxième à la Flèche Brabançonne, deuxième à l’Amstel après la photo-finish. L’Amstel, c’est le Tour des Flandres sans les pavés. Il faut voir ce que cela donnera sur les pavés. [scald=29789740:sdl_editor_representation] Vous vous entraînez parfois avec Remco Evenepoel, l’homme de 2022. Quel est votre avis forcément éclairé sur lui ? On roule souvent, en effet, après un échange de messages, ici dans la région. C’est un gars à fond dans son métier, qui ne laisse rien au hasard. Sa chute au Tour de Lombardie l’a retardé dans sa progression, mais c’était déjà un phénomène avant. Il est revenu plus fort encore, mentalement, et athlétiquement, je n’ai jamais vu rien de tel en vingt ans de carrière. Un mec qui met deux minutes à tout le monde aux Mondiaux, mais aussi à San Sebastián, qui gagne en solo à Liège, cela n’existait pas dans mon esprit. Ce n’est pas comme si personne ne roulait derrière lui pour le rattraper. Sans doute à l’époque d’Eddy Merckx, car je connais l’histoire d’Eddy, mais dans le cyclisme moderne et de surcroît mondialisé, un petit Belge qui domine tout le monde de cette façon, c’est phénoménal. Cela va être difficile pour lui de faire aussi bien en 2023 ? Non ! Il est tellement motivé, à bloc à l’entraînement, que son travail colossal couplé à un talent inné, lui permettront de remporter beaucoup de courses encore. Il met toutes les chances de son côté, car c’est un bosseur. Il sait où il veut aller et je ne connais sincèrement pas ses limites. Un autre jeune a explosé en 2022, Arnaud De Lie… J’ai participé à quelques épreuves où il s’est imposé. Un phénomène aussi dans une autre catégorie où il est plus difficile de confirmer. Il me fait penser à… moi quand j’étais première année pro. Un peu insouciant, il n’a peur de rien, la victoire est pour lui normale. Un gars qui remonte sur son vélo après avoir perdu la course sur chute à la Famenne Ardenne Classic pour faire quinzième au sprint n’est pas un coureur comme un autre. Cela éclaire sur sa mentalité. Je lui souhaite à lui aussi le meilleur.

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