Cyclisme: la Belgique peut encore faire mieux en 2023

Des atouts dans les cinq Monuments Le démarrage de Remco Evenepoel, à en plier la chaîne au sommet de la Redoute, est entré dans la légende. Comme le podium exclusivement belge. Lauréat en solitaire de Liège-Bastogne-Liège pour sa première participation devant Quinten Hermans et Wout van Aert, le Brabançon a décroché le seul monument de la saison pour la Belgique en prenant brillamment la succession de Philippe Gilbert, dernier lauréat national de la Doyenne. En 2011, justement, une année où la Belgique avait également remporté le Ronde (Nuyens) et Paris-Roubaix (Vansummeren). Trois Monuments sur les cinq, un bilan admirable… que les coureurs belges ont tout pour surpasser cette année. Pourquoi ? Parce qu’ils peuvent désormais les gagner tous les cinq. Certes, dans la belle théorie du papier, mais tout de même. D’abord via Wout van Aert, étrangement absent de cette brillante liste en 2022. Le Jumbo a déjà claqué Milan-Sanremo en 2020, il rêve du Tour des Flandres et de Paris-Roubaix, « mes deux énormes objectifs du printemps ». Le maillot vert sortant du Tour, deuxième de l’Enfer, troisième de la Doyenne donc, représente la plus grande force nationale pour engranger sur des terrains dessinés pour lui. [scald=29799941:sdl_editor_representation] Remco Evenepoel a déjà assuré qu’il serait de la partie à Liège « pour défendre mon titre ». Même si sa préparation y sera moins optimale puisque concentrée sur le Giro. Théoriquement, il sera aussi de la partie en Lombardie, une course qu’il aurait déjà dû gagner sans sa terrible chute en 2020. Les deux tauliers portent les principaux espoirs sur les Monuments. Yves Lampaert, Quinten Hermans, Jasper Stuyven et dans une moindre mesure Dylan Teuns (vainqueur de la Flèche en 2022) ou Tiesj Benoot, par exemple, peuvent compléter le tableau de chasse. La dernière fois que la Belgique a gagné les cinq, c’était en 1976. Le Giro, encore plus « prestigieux » que la Vuelta À peine son maillot rouge de lauréat de la Vuelta a-t-il séché que tout un peuple en vient déjà à escompter qu’il accroche la version « rosa » du Tour d’Italie. Comme ça, en claquant des doigts. C’est évidemment oublier la puissance de l’exploit qu’a réalisé Remco Evenepoel en Espagne, écarter d’un geste de la main les 44 ans de disette entre Johan De Muynck (Giro 1978) et le Belge à Madrid. Reste, évidemment, que le champion du monde va débarquer en Italie « avec des ambitions ». Même s’il ne parle pas ouvertement de victoire, il va trouver sur le Giro un tracé dessiné pour ses multiples talents, composé notamment de trois chronos (plus de 70 bornes au total). Un constat qui vaut également pour Primoz Rolglic, qui n’est jamais que le champion olympique en titre de la chose, et qui sera également au départ dans les Abruzzes. « Je considère que les trois Grands Tours sont du même niveau », assure en tout cas le lauréat du Tour d’Espagne, qui refuse de hiérarchiser. Chris Froome, qui a remporté les trois, nous expliquait dans ces colonnes il y a quelques mois que « le Giro est plus imprévisible. Des trois, c’est le plus difficile à gagner ». Allez, de quoi, en forçant le trait, donner encore plus de relief au triomphe, espéré plutôt qu’attendu, de Remco en Italie. L’autre point, c’est évidemment le maillot vert de Wout van Aert au Tour. Même s’il assure qu’il veut « viser les étapes plutôt que le maillot en 2023 », l’un ne va forcément pas sans l’autre et le Flamand a tellement écrasé le classement lors de la précédente édition qu’il semble déjà coloré à Paris. Sinon, pour rappel, le deuxième de la lutte verte l’année dernière n’est autre que… le Belge Jasper Philipsen. La Belgique peut rêver d’un doublé en or Ça paraît complètement déraisonnable, voire un brin stupide, d’oser ne fût-ce qu’esquisser l’idée même que malgré un titre de champion du monde magistralement décroché par Remco Evenepoel en Australie, la Belgique puisse rêver de plus encore à Glasgow, début août. Pourtant… Cette année, l’UCI a décidé de rassembler toutes les « disciplines » du cyclisme (piste, route, BMX…) en une même manifestation irisée. Du coup, la date a été gravée dans la roche, du 3 au 13 août. Un mois plus tôt qu’à l’accoutumée, soit au sortir du Tour de France. Et surtout, la course en ligne (6 août) qui vient cette fois avant le chrono (11 août). L’occasion, donc, pour un Wout van Aert déjà annoncé gargantuesque maillot vert et multiple vainqueur d’étapes de doubler, ce qu’il s’était refusé à Wollongong. « Cela me semble cette fois jouable de faire les deux car, vu le nouvel agencement, je devrais pouvoir recharger les batteries pour le chrono », exposait-il il y a quelques semaines lors de la présentation de son équipe à Amsterdam. En Australie, multiple médaillé en argent de l’exercice, il avait évité le contre-la-montre pour tout miser sur la course en ligne (4e). Cette fois, il devrait théoriquement partir comme l’un des favoris des deux maillots arc-en-ciel. Sur le chrono de Stirling, nettement plus long qu’à Wollongong (48,1 pour 34,2 km) et annoncé difficile dans sa conclusion. Ce qui devrait plaire à Wout van Aert… comme à Remco Evenepoel. Il n’est même absolument pas interdit de rêver d’une lutte entre les deux Belges pour le Graal. Sur la course en ligne, difficile de dégager une certitude tant le circuit écossais reste à découvrir. Il est annoncé avec un dénivelé positif de 3161 mètres (3945 à Wollongong) avec une partie escarpée dans le circuit final à avaler à dix reprises. A priori plus pour les puncheurs type… Wout van Aert, même si ce n’est absolument pas ce qui arrête un Remco Evenepoel a fortiori surmotivé par la prolongation de bail irisé. Du coup, deux arcs-en-ciel belges en Écosse ? Ce serait unique dans l’histoire. Tout pour battre le record de victoires en une saison Là encore, la Belgique sort d’une année faste. 87 victoires, dix étapes au total sur les trois Grands Tours. Tête absolue des bilans mondiaux, 24 de plus qu’en 2021, 20 de plus que la France, deuxième ! Bref, le noir-jaune-rouge a tout dominé, du casque, des épaules et du reste. Mais, là encore, il y a des raisons peu ou prou rationnelles d’espérer encore plus. Le sprinter Jasper Philipsen, par exemple, a gagné à 9 reprises mais a enquillé les 2e places (11, un record en 2022 à égalité avec… Wout van Aert). Il a, cette année, récupéré un train stable, avec Ramon Sinkeldam en ouvreur. « Je veux un bilan à deux chiffres », nous exposait-il il y a quelques semaines. Tim Merlier (5 victoires en 2022) va trouver un nouvel environnement chez Soudal – Quick-Step et devrait se montrer bien plus prolifique, comme Jordi Meeus qui n’a pas franchi le palier escompté en 2022 (2 victoires). Wout van Aert doit une nouvelle fois jouer les « scoreurs » de service (9 en 2022), comme Remco Evenepoel même si le champion du monde a lui sorti « peut-être la plus belle année » de sa carrière avec 15 succès. Inutile de revenir sur la qualité de ses sacres… [scald=29799940:sdl_editor_representation] De son côté, Arnaud De Lie a secoué la hiérarchie du sprint de sa puissance ô combien rafraichissante. Le Wallon va, en 2023, se frotter à plusieurs classiques du WorldTour, comme Gand-Wevelgem, par exemple. Et même les monuments que sont Sanremo et Roubaix. « Je me réjouis de voir ce dont je suis capable au plus haut niveau », expose celui qui a gagné à 9 reprises la saison dernière. « Même si je ne gagne qu’une fois, mais que c’est une belle, je serai content », nous expliquait-il dans une vaste interview. Après, niveau temps d’adaptation, à Plouay sur une course extrêmement relevée et remportée par Wout van Aert, il avait déjà fait quatrième… Un Gerben Thijssen, couvé par Intermarché (3 en 2022) ou la montée en puissance de Cian Uijtdebroeks doivent aussi permettre à la Belgique d’enquiller. L’année dernière, c’est Tim Wellens, désormais chez UAE, qui avait ouvert le bal le 28 janvier, au Trofeo Serra de Tramantana.

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