Jean-Michel Larqué: «Dans cet Euro, les Bleus ont été soporifiques»

Le tournoi a-t-il enfin débuté pour la France ? Et les Bleus, qui viennent de planter cinq buts à l’Islande, ont-ils le meilleur arsenal offensif de quatre demi-finalistes ?

Effectivement, on peut dire que les Bleus sont enfin entrés dans leur Euro. Comme on dit dans le sud de la France, on se languissait un peu de voir une équipe ronronner à ce point dans un tournoi qu’elle organise. On a assisté à des matches soporifiques, voire inquiétants. Mais, ça suffisait pour passer les tours. Attention cependant, car l’Islande était tout sauf un monstre, donc on ne peut pas réellement dire que la France ait rassuré. On sait tous que l’adversaire qui se profile en demi-finale, à savoir l’Allemagne, n’aura rien à voir.

Pour ce qui est de l’arsenal offensif, le danger peut venir de partout. Avec Payet, Griezmann, et Giroud, on a des joueurs qui peuvent faire mal en permanence. La position de Griezmann est désormais clairement définie. Le joueur de l’Atlético Madrid est un deuxième attaquant, en soutien de Giroud. C’est là qu’il se sent le mieux et qu’il est le plus efficace, mais ça peut amener un problème d’équilibre. Le grand débat, c’est de savoir comme Deschamps trouvera cet équilibre face à l’Allemagne, car je le vois mal se passer de Kanté. On a 66 millions de sélectionneurs, mais personne ne voudrait être à sa place. 

Qui de Gareth Bale ou de Cristiano Ronaldo vous a le plus impressionné jusqu’à présent ?

Gareth Bale ! Je ne parle pas de son influence dans le jeu ou de son efficacité. Mais ce que j’apprécie, c’est qu’il ait cette faculté d’enfiler son bleu de travail, alors qu’il est habitué aux habits de lumière au Real Madrid. Il vient de remporter la Ligue des Champions et évolue dans un clubs de stars et de galactiques, catégorie dont il fait d’ailleurs partie. Mais il est parvenu à se muer en un joueur de talent et de devoirs. Il est exemplaire sur le plan du comportement et du leadership. Je trouve que c’est une mutation formidable. Alors qu’au Real, il domine ses adversaires, il est devenu à l’Euro le fer de lance d’une équipe qui est la plupart du temps dominée. Il est mois bien entouré que Ronaldo, et il lui est donc plus compliqué d’être bon.

À trois matches de la fin, peut-on dire qu’on a assisté à un Euro de qualité ?

On a eu un Euro de qualité acceptable. Rares sont les équipes qui sont parvenues à nous bluffer. On a eu un feu de paille avec la Croatie, et on y a cru un moment avec l’Espagne. Mais on a aussi eu de grosses déceptions avec la Russie, l’Ukraine et surtout l’Angleterre. Ce qui leur est arrivé est cauchemardesque. Enfin, l’Islande aura été notre rayon de soleil.

Cet article exclusif du Soir+ vous est offert gratuitement dans le cadre de l'Euro.