Les objets flottants de Jean-François Lacalmontie

Jean-François Lacalmontie, jusqu’au 4 mars chez Baronian, 2 rue Isidore Verheyden, 1050 Bruxelles, www.baronian.eu Lors de la dernière édition d’Art Brussels, Albert Baronian avait proposé un très séduisant solo show du peintre français Jean-François Lacalmontie. On le retrouve aujourd’hui avec grand plaisir aux cimaises de la galerie avec un superbe ensemble d’œuvres récentes. [scald=29802444:sdl_editor_representation] Dès l’entrée, on remarque une suite de photographies sagement alignées sur un même mur. Des paysages, simples, des fleurs, des branches, des nuages… Banal, a priori. Hormis le fait que l’artiste intervient sur chaque photographie avec de petites touches de peintures qui se posent çà et là. Traits, tâches, traces viennent brouiller la vision mais aussi la compléter comme si les éléments peints, générés par ceux de la photographie, voulaient s’en échapper, se dissoudre dans l’air, troubler l’harmonie des choses ou leur rendre une vie autonome. Une série intitulée Prière de ne pas toucher dont la profondeur apparaît petit à petit, bien au-delà d’une apparente simplicité. [scald=29798950:sdl_editor_representation] On pourrait dire de même en ce qui concerne les dessins et peintures qui se déploient dans le reste des espaces. On est d’abord frappé par la façon dont les toiles respirent, seulement occupées par quelques éléments tracés à l’aide de traits simples semblant sortir d’un croquis réalisé sur le vif ou d’un dessin d’enfant. Des formes basiques dont plusieurs reviennent régulièrement : soleil, branches, cabane, pierre, nuages, fleurs et ces oiseaux multicolores en forme d’origami que l’on retrouve à plusieurs reprises. On s’étonne ensuite des supports utilisés de manière non conventionnelle. À côté des toiles encadrées, on trouve une grande pièce de tissu composée de plusieurs éléments cousus les uns aux autres. Plus loin, de petits cadres viennent se poser au milieu d’une toile plus vaste. Souvent, les cadres en question sont bordés d’un trait de peinture noire. La couleur révélée Partout, des « objets » comme l’artiste les nomme, semblent flotter dans l’espace. Les uns sont faits de quelques traits comme si Jean-François Lacalmontie les avait griffonnés au hasard sur une feuille blanche. Les autres, utilisant la couleur, viennent se poser sur l’ensemble : un oiseau dans ce qui apparaît comme une cage, une fleur débordant de son cadre… [scald=29798951:sdl_editor_representation] En réalité, tout cela ne doit rien au hasard. L’artiste travaille d’abord dans des carnets où la main dessine tout ce qui lui passe par la tête. Il choisit ensuite certains de ces « objets » qui vont être agrandis pour venir se poser sur la toile, formant avec d’autres des sortes de rébus à la signification incertaine. Un monde à la fois fragile et maîtrisé, débordant d’élégance, habité par un étonnant mélange entre douleur et douceur, utilisant la couleur avec parcimonie pour mieux en faire jaillir la vibration dans ces univers où elle s’échappe, vivante et chaude, du blanc et du gris.

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