Procès des attentats de Bruxelles: la planque rue Max Roos, un «lieu conspiratif», une fabrique de TATP mais aussi une cache d’armes
La planque de la rue Max Roos a vu passer entre ses murs un arsenal important, jamais retrouvé. Les juges d’instruction du dossier des attentats de Bruxelles ont expliqué comment, en 2019, un espoir ténu de remonter la trace de ces armes s’est vite essoufflé.


Ce mardi au procès des attentats, l’équipe d’enquête a terminé son long exposé consacré aux découvertes faites dans la planque de la rue Max Roos, à Schaerbeek. Une planque majeure qualifiée de « lieu conspiratif » par les enquêteurs. « Pourquoi ? Parce que c’est un lieu choisi expressément pour la préparation d’attentats. Car c’est un lieu où des membres de la cellule auraient vécu et où d’autres auraient été de passage. Un lieu où ils se seraient réunis. Et qui n’est pas nécessairement connu de tous les membres de la cellule. C’est le lieu où le projet criminel aurait été élaboré et où des membres de la cellule auraient fabriqué le TATP et les bombes utilisées », a notamment tenu à expliquer à la cour et au jury le commissaire Bauwin, enquêteur de la DR3 (direction antiterroriste de la PJF de Bruxelles) chargé de l’exposé.
C’est aussi de là que sont partis les trois terroristes de Zaventem (Ibrahim El Bakraoui, Najim Laachraoui et Mohamed Abrini), le matin du 22 mars 2016. Un « lieu conspiratif », donc, que plusieurs des accusés présents dans le box ont fréquenté, quand ils n’y ont pas tout bonnement séjourné sur la durée, à l’instar de Mohamed Abrini et Osama Krayem. Une véritable fabrique d’explosifs également, dirigée par Najim Laachraoui, l’artificier du groupe.
Dans le cadre de la perquisition menée sur place, une quantité innombrable d’objets a été retrouvée, dont encore 6 kg de TATP, à côté de plus de 31 litres de peroxyde d’hydrogène et 78,7 litres d’acétone – éléments entrant dans la composition de cet explosif artisanal. De quoi faire dire au Sedee, le service de déminage de l’armée, qu’il y avait là de quoi encore produire 9 kg de TATP. Les enquêteurs estiment ainsi qu’au total, la production d’explosifs en vue de commettre des attentats atteignait « entre 128 et 130 kg ».
Traque des armes et faux indice
Mais la planque de la rue Max Roos est aussi, et ce volet est moins connu, un lieu où ont transité plusieurs armes. Les enquêteurs le savent notamment grâce à des photos présentes dans l’ordinateur retrouvé par des éboueurs devant cette adresse. L’une d’elles donne ainsi à voir dans l’appartement un arsenal composé de deux armes de poing, une grenade et cinq armes longues (dont plusieurs de type « kalachnikov »). Les deux revolvers sur l’image correspondent aux armes de poing retrouvées près des corps des deux kamikazes dans l’aéroport. Mais en ce qui concerne les armes longues, « il faut savoir qu’à l’heure où je vous parle, elles n’ont pas été trouvées » a rappelé le commissaire Bauwin à l’audience. Que sont-elles devenues ? Mystère. Mais un message vocal retrouvé dans le même ordinateur, « dans lequel Najim Laachraoui indique avoir laissé les armes à Abou Imrane », fait croire aux enquêteurs qu’elles ont dans un premier temps été remises à l’accusé Bilal El Makhoukhi (dont « Abou Imrane » serait la kunya , le nom de « combattant »), qui a toujours nié. Les enquêteurs apprenant par la même occasion que ces armes devaient servir à commettre de futures attaques, beaucoup d’énergie a été dépensée dans leur recherche.
Le juge d’instruction Olivier Leroux a ainsi expliqué comment, en 2019, l’espoir de remonter leur trace a subitement repris des couleurs. En effet, une importante cache d’armes avait été découverte en mars 2018 à Bressoux (Liège), dans un box de garage loué à un individu utilisant une fausse identité. Sur une des carabines retrouvées, une trace d’ADN correspondait à une autre trace relevée sur la poignée d’un sac retrouvé rue Max Roos. Les enquêteurs lanceront une série d’enquêtes téléphoniques pour tenter d’en savoir plus sur le locataire des lieux, en vain. « Au terme de toutes les investigations menées, nous n’avons pas pu établir un lien », regrette Olivier Leroux.
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