Les nouveaux paris d’Intermarché-Circus Wanty

Rui Costa – 36 ans – 17e saison pro – 1 an de contrat – 27 victoires Il a sombré dans un anonymat que seuls les liserets irisés arborés sur son maillot viennent tromper. Champion du monde à Florence il y a dix ans, triple vainqueur du Tour de Suisse, double vainqueur d’étape sur la Grande Boucle, Rui Costa a ces dernières années vu son aura comme sa puissance s’étioler. Troisième du Tour d’Oman l’année dernière, son seul résultat probant, le Portugais de trente-six ans entend bien redonner de l’allant à sa carrière après six saisons chez UAE. La même trajectoire qu’un certain Alexander Kristoff, que le supporter du club de foot de Porto a d’ailleurs sondé à plusieurs reprises avant de signer au sein du team wallon. « J’avais entendu parler de la réputation de l’équipe, de l’ambiance qui y règne », explique-t-il en… italien, souvenir de ses années chez Lampre notamment. « C’est l’avantage des plus petites structures, des équipes où tout le monde se connaît, est soudé et pédale dans un seul et même objectif, ce qui n’est pas toujours le cas dans les grands groupes. Il est difficile pour moi de pointer une seule raison pour expliquer que je marchais moins bien ces dernières années mais ce nouvel environnement doit me permettre de revenir. Le plus important, c’est de retrouver la victoire… » [scald=29817080:sdl_editor_representation] Il n’a plus levé les bras depuis 2020 et un deuxième titre national. S’il vise principalement « les Ardennaises, la Romandie et le Tour de Suisse » et est sur la « long list » du Tour de France, le Portugais veut se libérer « au plus vite », à commencer par le challenge de Majorque, ce mercredi. Jean-François Bourlart, son nouveau patron, loue « son professionnalisme à 200 % », comme sa « capacité à donner des conseils aux plus jeunes ». « Il a le même profil mental que Kristoff. Un gars qui va aider un Lorenzo Rota, par exemple, mais aussi faire ses propres résultats, j’en suis convaincu ». Le Portugais a signé une saison au sien de l’équipe wallonne mais veut poursuivre sa carrière « encore deux, trois ans ». Des trois nouveaux leaders du team, c’est assurément le pari le plus incertain, ou audacieux c’est selon, tant Rui Costa a déjà trente-six ans et est rentré dans le rang. Lilian Calmejane – 30 ans – 8e saison pro – 2 ans de contrat – 12 victoires « Ce n’est pas surprenant de retrouver mon nom dans la liste des transferts. Ça colle avec la description du coureur qui doit retrouver la bonne dynamique. Un bon coursier qui a fait des choses, il n’y a aucune raison qu’il ne le refasse pas ». Lilian Calmejane s’est complètement perdu chez AG2R ces deux dernières saisons. Vainqueur sur la Grande Boucle, dans la station des Rousses en 2017, le puncheur français n’a jamais envisagé de signer ailleurs pour relancer sa carrière. « C’était ici ou rien. Pour de vrai », sourit-il. « D’ailleurs, c’était plié fin avril, il n’y avait rien à mettre dans la balance. L’image qui ressort de ce groupe, c’est vraiment une équipe qui a les dents longues et qui progresse. Ma première motivation a été de voir que beaucoup de coureurs qui ont de grosses capacités se sont, dès qu’ils sont arrivés dans cette équipe, retrouvés. » [scald=29817079:sdl_editor_representation] Plus que tout, il loue l’importance du « Performance manager » Aike Visbeek, qui établit les programmes, notamment. « En France, on n’a pas l’habitude des programmes établis sur le long terme, c’est plus au rendement, on ne voit pas plus loin qu’au mois suivant. Ils veulent maximiser les profits sur toutes les courses, quitte à essorer le coureur. Si le mec prend plusieurs claques, qu’il se décourage, il prend six kilos et disparaît C’est le mode essorage de la machine à laver », expose celui qui lance son année à Majorque avant d’enquiller notamment à Paris-Nice, au Pays Basque, sur les Ardennaises et en Romandie. Avant le Tour de France. « Or ici, on est dans une tout autre vision, dans le plan établi sur la saison avec une alternance du niveau des courses, ce qui est parfait pour garder la motivation. » Propulsé leader chez Direct Energie, en 2020, le Tarnais a très mal vécu ce nouveau rôle. « Je n’étais pas prêt dans ma tête et j’ai trop souffert quand j’ai baissé de rendement. Au sein de l’équipe, il avait beaucoup de jalousie. Sur le statut, le contrat… Je suis tombé de haut. AG2R me voulait depuis que j’étais néopro. Mais je n’ai jamais été accepté comme un des leurs. J’étais un mec de Bernaudeau (NDLR : le patron de la structure TotalEnergies). Alors qu’ici, je ne portais pas encore les couleurs que c’était déjà naturel. J’en reviens à dire que j’ai perdu confiance. J’ai presque pensé que j’étais un mauvais coureur. Les capacités, je les ai, je peux encore gagner. Relever le défi et c’est la meilleure équipe pour ça. Tous les Français qui ont fait l’expérience d’une équipe étrangère marchent. Il y a une autre manière de voir les choses, ça fait du bien. En France, on reste dans son savoir-faire et on se met des œillères… » Mike Teunissen – 30 ans – 9e saison pro – 2 ans de contrat – 6 victoires Maillot jaune du Tour de France 2019 après sa victoire à Bruxelles, Mike Teunissen a du coup porté le tricot le lendemain au départ de… Binche. « Un lieu depuis lors très spécial pour moi. Et j’ai cru comprendre qu’il l’était aussi pour l’équipe », sourit le sympathique Néerlandais. Ancien champion du monde espoirs de cyclocross, vainqueur de Paris-Roubaix dans la même catégorie, celui qui est passé par ce vivier de talents qu’était la Rabobank devo’ a connu une saison 2019 faste avec Jumbo. Depuis, il ne danse plus dans la ronde des vainqueurs, sa victoire belge sur la Grande Boucle restant d’ailleurs son dernier succès. « Après le départ de Kristoff, ils étaient à la recherche d’un deuxième leader pour les classiques de pavés. Je ne suis certainement pas comme le Norvégien mais je m’attends à être là dans le final des classiques. J’aurai deux casquettes. Je pourrai jouer ma carte mais nous avons, avec Biniam (Girmay) un coureur d’un autre calibre. Je serai aussi là pour l’aider, pour m’intégrer dans son train pour le sprint. Ces dernières années, on a vraiment vu ô combien il était important de ne pas être esseulé dans le final, sous peine de s’user derrières les gros collectifs aux multiples leaders comme Quick-Step, par exemple ». [scald=29817081:sdl_editor_representation] Lui qui a toujours couru dans des équipes de son pays (Sunweb et le groupe Jumbo à deux reprises), n’est absolument pas dépaysé par le changement. « C’est toujours très excitant d’arriver dans un environnement nouveau. Chez Jumbo, par exemple, nous avions beaucoup de Néerlandais. Beaucoup de Belges, et c’est plus ou moins tout. Même culture, même caractère. Et ici, vous voyez beaucoup de pays différents, douze nationalités avec parfois des cultures très diverses, donc il sera intéressant de voir comment cela fonctionne mais je sens déjà qu’il règne une ambiance unique », poursuit l’amateur de pavés, qui souligne, lui aussi, le rôle essentiel de son compatriote Aike Visbeek, qu’il connaît depuis l’époque Sunweb. Il insiste, « comme chez Jumbo, sur l’importance de l’atmosphère et de la cohésion car on voit bien que ce ne sont pas seulement les quatre, cinq leaders qui marchent mais tout le groupe ». « Par contre, les chances que je participe aux classiques comme au Tour avec ma nouvelle équipe sont beaucoup plus élevées qu’avec Jumbo-Visma. Du coup, il y a aussi une plus grande chance que je puisse en gagner une », plaisante-t-il. « L’année dernière, je me sentais très bien, il me manquait le punch nécessaire pour faire ce que Nathan Van Hooydonck a fait pour Wout van Aert, par exemple ». Désormais deuxième carte de luxe derrière « Bini » sur le pavé, le rapide trentenaire a tout pour retrouver son étoile.

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