Revaloriser les métiers de soignants est tout simplement indispensable
Face à la grève du non marchand de ce 31 janvier et aux enjeux de santé publique et de société qui y sont directement liés, les hôpitaux académiques francophones affirment leur soutien aux organisations syndicales.

Même si le mot est heureusement moins dans l’actualité, notre système hospitalier subit encore les affres du covid et le personnel, soignant et non soignant, continue de se mobiliser chaque jour de manière remarquable pour les patients. Une mobilisation qui a été mise au premier plan en mars 2020 et qui est ensuite retombée peu à peu dans l’oubli. Cependant, sur le terrain, la situation est difficile. Au-delà de la pandémie, le vieillissement de la population et l’essor des maladies chroniques, aussi synonyme de soins plus lourds et plus complexes, pèse de plus en plus sur notre système. A chaque nouvelle crise sanitaire (comme tout récemment avec l’épidémie de grippe ou de bronchiolite). Malgré la remarquable entraide entre nos collaborateurs, le système est trop souvent sous tension maximale.
Il serait dangereux de banaliser la réalité d’un manque de personnel qui s’illustre par le nombre de lits fermés pour cette seule raison. Nous ne pouvons hélas pas nier que les conditions de travail sont difficiles et que la pression ne cesse d’augmenter pour celles et ceux qui s’engagent. La réduction des durées de séjour continue et l’augmentation des opérations en hôpital de jour sont le plus souvent des évolutions positives. Cependant, elles conduisent aussi à alourdir la pression sur le personnel soignant, notamment par l’augmentation du rythme de prise en charge de nouveaux patients. En parallèle, les contacts humains entre les patients et les soignants, tellement essentiels au sens profond du métier et à l’origine de l’humanité des soins, diminuent à la même vitesse.
Crispations et frustrations
A cela s’ajoute la réforme IFIC qui si elle part de l’intention primordiale de revaloriser les soignants, aboutit à des crispations et à des frustrations sur le terrain. En effet, cette réforme ne reconnaît pas, ou insuffisamment, plusieurs catégories de soignants en commençant par celles qui travaillent dans les unités d’hospitalisation ou celles spécialisées dans des unités de soins complexes. Au-delà des enjeux financiers, ces situations sont légitimement perçues comme une non-reconnaissance d’une expertise et d’un engagement pour les patients qui ne pourraient pourtant pas s’en passer.
Des équipes indispensables
Le métier de soignant est un métier essentiel et une véritable vocation pour beaucoup de nos collaborateurs. Le monde hospitalier, acteur sociétal au cœur de chaque crise sanitaire, a répondu présent à chaque bouleversement. Pour que cela puisse continuer, de tout cœur, nous voulons que ces métiers, qui ont une importance et un sens formidables, puissent continuer à susciter des vocations. Leur place est plus qu’essentielle au sein de nos hôpitaux académiques dans lesquels nous associons les soins à la recherche et à l’enseignement pour toujours offrir les traitements les plus innovants et transmettre les connaissances aux générations futures. La richesse des découvertes et des innovations et la qualité des soins n’existent que grâce à ce travail d’équipes entre le corps médical et l’ensemble du personnel soignant.
Restaurer l’attractivité du métier
S’engager dans un hôpital académique devrait être l’un des plus beaux métiers du monde. Cela permet d’être un acteur de santé et de participer activement au partage des connaissances, d’être dans un environnement scientifique et de progrès entièrement dédié à des soins de la plus haute qualité. Notre combat, et c’est pour cela que nous avons décidé de soutenir les organisations syndicales en ce jour de manifestation, c’est que les métiers de soins puissent retrouver l’attractivité qu’ils méritent et dont la société a un besoin essentiel.
Pour que l’humanisme des soins ne devienne pas un vœu pieux, il est primordial d’investir davantage pour améliorer les conditions de travail, notamment en augmentant le nombre de soignants dans les unités de soins et en reconnaissant les expertises spécifiques qui y sont présentes. N’oublions jamais que c’est l’engagement collectif des soignants qui permet à la Belgique de disposer d’un système de soins de santé qui reste un de nos joyaux nationaux. Le maintien de cette force exceptionnelle passe par la reconnaissance collective des soignants qui, à l’inverse de cela, doivent malheureusement de plus en plus subir des patients ou des proches qui font parfois preuve d’agressivité.
La revalorisation : une priorité absolue
Si nous ne faisons pas collectivement, au niveau politique mais aussi citoyens, de la revalorisation des soignants une priorité absolue, nous ne garderons pas les équipes actuelles et nous ne convaincrons pas les nouvelles générations de s’engager dans les métiers de soins dont on sait pourtant toutes et tous à quel point ils sont essentiels.
L’Hôpital Universitaire de Bruxelles (H.U.B), composé de l’Hôpital Erasme, de l’Institut Jules Bordet et de l’Hôpital des Enfants, les Cliniques Universitaires Saint-Luc et Le CHU de Liège soutiennent les revendications du personnel et des organisations syndicales car elles sont le reflet de l’intérêt général. Pour que nos hôpitaux fonctionnent de manière optimale et puissent remplir au mieux leurs missions de soins, de recherche et d’enseignement dans ce contexte qui évolue, nous défendons la nécessité de changements au niveau politique pour une revalorisation des métiers, pour les rendre plus attractifs et pour soutenir, de manière globale, l’organisation et le fonctionnement de notre système de santé.
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S'abonnerQuelques règles de bonne conduite avant de réagir3 Commentaires
Je rappelle l'étude de solidaris qui démontre combien l'industrie pharma détourne les budgets qui seraient bien utiles pour rétribuer décemment les acteurs du système de santé. Notons que la majorité des nouvelles molécules vendues à prix d'or ne sont pas le fruit d'un développement interne par Big pharma mais le résultats de recherches académiques financées par de l'argent public reprises par des start-up achetées par Big pharma quand le risque de développement est devenu négligeable.
Le problème est MONDIAL, on a fait des ponts d'or au futile et au commerce, sans s'occuper de la santé, de l'éducation, justice...
Bien sûr qu'il faut revaloriser le travail, oh combien important de nos soignants. Il y a, non pas un manque de budget, mais un absence de volonté politique ....il suffit de lire dans le même journal, le même jour "Comment le lobby bancaire impose sa loi". C'est clair.