L’Union européenne veut davantage lutter contre le crime organisé, une «menace aussi forte que le terrorisme»
La ville d’Anvers est particulièrement sujette à la violence du monde de la drogue. En 2022, près de 110 tonnes de cocaïnes ont été saisies dans le port flamand.

La commissaire européenne aux Affaires intérieures Ylva Johansson a estimé mardi que le crime organisé était « une menace aussi forte que le terrorisme » pour les pays de l’Union européenne (UE), lors d’une visite au port belge d’Anvers, principale voie d’entrée en Europe de la cocaïne.
« Aujourd’hui la menace à laquelle nos sociétés font face de la part du crime organisé est aussi forte que la menace terroriste. Nous devons la combattre avec la même énergie, le même engagement et la même détermination », a déclaré la commissaire suédoise lors d’une conférence de presse aux côtés de la ministre belge de l’Intérieur, Annelies Verlinden.
En Suède, « 90 attaques à la bombe et 388 fusillades ont eu lieu l’année dernière, faisant 61 morts », a souligné la commissaire, précisant que le « trafic de drogue est plus ou moins derrière tout cela ». Ce pays scandinave, qui exerce la présidence semestrielle du Conseil de l’UE, a fait de la lutte contre la criminalité organisée l’une des priorités de cette présidence.
Mme Johansson a rappelé qu’en Belgique le ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne a été menacé par des groupes criminels, de même qu’aux Pays-Bas le Premier ministre Mark Rutte et la « royauté ».
Près de 110 tonnes de cocaïne ont été saisies dans le port d’Anvers en 2022, et le trafic génère une criminalité de plus en plus violente dans la ville flamande. Une fillette de 11 ans a été tuée le 9 janvier lorsque la façade de sa maison a été la cible de coups de feu à l’« arme de guerre ».
La commissaire aux Affaires intérieures, venue « démontrer son soutien » aux autorités belges, présentera en avril de nouvelles propositions pour lutter contre la corruption. « Soixante pour cent des groupes criminels sont impliqués dans des faits de corruption dans l’UE », a-t-elle dit.
« Pour combattre un réseau, il faut un réseau »
Mme Johansson se rendra aussi fin février avec Mme Verlinden en Colombie et en Equateur pour « intensifier les efforts conjoints dans la lutte contre la production et l’exportation » de drogue. « Les groupes criminels sont transfrontaliers, c’est pourquoi nous avons besoin d’une coopération internationale. L’Union européenne est là pour faciliter la coopération policière (entre pays membres) mais aussi avec les pays tiers. Pour combattre un réseau, il faut un réseau », a insisté Mme Johansson.
Elle a dit attendre de ce déplacement en Amérique latine « un renforcement des échanges d’informations et de la coopération policière avec la Colombie et l’Equateur ». « J’espère aussi en savoir plus sur le type de soutien dont pourrait avoir besoin le port de Guayaquil, en Equateur, d’où part la majorité de la cocaïne qui arrive ici à Anvers, pour être plus efficace dans les saisies », a-t-elle ajouté.
Mme Verlinden a indiqué qu’un agent belge avait commencé à travailler la semaine dernière en Colombie et en Equateur, précisant qu’un accord de coopération policière serait signé avec ce dernier pays. Soulignant que « les barons de la drogue se cachent aux Emirats arabes unis, entre autres », elle a déploré le « manque d’extraditions » depuis cette destination.
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"« Aujourd’hui la menace à laquelle nos sociétés font face de la part du crime organisé est aussi forte que la menace terroriste". Alors pourquoi des peines aussi légères pour les dealers et les consommateurs qui les font vivre?