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Détournement de 15 millions d’euros à la FN Herstal: trois administrateurs invités à démissionner

Suite au détournement de 15 millions d’euros par un employé de la FN, le président du CA, l’ancien CEO et le président du comité d’audit sont invités à démissionner. Laurent Levaux (comité d’audit) répond déjà qu’il ne démissionnera pas.

Journaliste au service Economie Temps de lecture: 3 min

L’affaire a fait grand bruit, un employé du service achat de la FN Herstal a réussi à détourner près de 15 millions d’euros au cours de la quinzaine d’années qu’il a passée chez le fabricant d’armes liégeois. Le système mis en place consistait apparemment à utiliser des fausses factures concernant des fournitures qui n’étaient jamais livrées. Des complicités avec certains fournisseurs semblent logiques. L’employé indélicat a été licencié fin janvier pour faute grave mais il semble qu’il se soit réfugié au Congo, protégé par sa double nationalité belgo-congolaise.

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Quinze millions, le délit n’est pas mince dans une entreprise dont la santé financière n’est pas rayonnante et, parallèlement à l’action judiciaire en marche, on cherche donc les responsabilités opérationnelles. Ainsi, la Région wallonne, actionnaire à 100 % de la fabrique d’armes à travers son outil économique Wallonie Entreprendre (WE-fusion de la Sogepa, de la Sowalfin et de la SRIW) vient d’inciter certains de ses administrateurs à quitter volontairement le conseil d’administration. Il s’agit du président du CA Jean-Sébastien Belle, l’ancien CEO de la FN Philippe Claessens et Laurent Levaux, président du comité d’audit.

Le conseil d’administration de WE s’est longuement réuni et a décidé d’« inviter » les trois responsables à démissionner volontairement. En précisant diplomatiquement que cette invitation ne tient pas lieu de reconnaissance d’une faute mais parce que leur situation est devenue problématique dans les fonctions qu’ils occupent aujourd’hui. Argument certainement prévu à l’attention du président (étiqueté PS) et du président du comité d’audit (étiqueté MR). Pour l’ancien CEO devenu administrateur, il est clair que la responsabilité managériale paraît plus évidente. En cas de refus de démission volontaire, une version plus directive pourrait être prise.

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Laurent Levaux a réagi à cette « invitation à démissionner » : « Il n’est pas question pour moi de démissionner. Ce serait un pur scandale et cela porterait un dommage à ma réputation et à celle de mon entreprise. J’ai accepté de prendre la présidence du Comité d’audit du Groupe Herstal à partir d’avril 2017, à la demande de l’actionnaire. J’y avais mis comme conditions – et obtenu – notamment la réalisation d’un audit du comité d’audit par BDO, le changement des réviseurs d’entreprise et enfin le recrutement d’un auditeur interne. Le rythme, la fréquence et les décisions du Comité d’audit ont été, en 2017 et 2018, 3 fois plus élevés que l’année précédant ma nomination. Les faits de détournement qui ont été mis au jour au sein du Groupe sont graves et je les condamne avec la plus grande fermeté. Quiconque ayant une expérience au sein de Conseils d’administration sait que ce type de dysfonctionnement, à un niveau de base dans la hiérarchie, relève strictement de la responsabilité managériale des dirigeants de l’époque. J’ai créé et développé des entreprises depuis plus de 20 ans à une échelle internationale, mes compétences, mon investissement et – surtout – mon intégrité n’ont jamais été mises en cause et il n’est pas question, aujourd’hui, de céder le flanc à celles et ceux qui souhaitent juste “faire tomber des têtes”  ».

Pour rappel, c’est un nouveau système de « réconciliation » des dépenses (la correspondance entre les bons de commande et les factures finales) qui a permis de démasquer les détournements dans la trésorerie de la FN Herstal et une analyse à plus long terme qui a permis d’en saisir l’ampleur.

La Région wallonne et Wallonie Entreprendre devraient se constituer partie civile dans l’affaire.

 

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7 Commentaires

  • Posté par Delpierre Bernard, jeudi 9 février 2023, 10:55

    Sidérant ce nombre de trous dans la raquette au point qu'un employé puisse user et abuser de ses fonctions sans susciter la moindre interrogation de son imposante hiérarchie alors que par ailleurs son train de vie largement supérieur à ses ressources officielles faisait d'objet d'amples commentaires parmi ses collègues; ce sera donc à l'enquête judiciaire de déterminer si des complicités ont existé à divers niveaux ....

  • Posté par Debrabander Jean, jeudi 9 février 2023, 5:02

    "J’y avais mis comme conditions – et obtenu – notamment la réalisation d’un audit du comité d’audit par BDO" Et pourquoi pas ensuite un audit de l'audit du comité d'audit, etc. etc.

  • Posté par Chalet Alain, jeudi 9 février 2023, 2:34

    Et si on punissait les véritables responsables, au lieu de prendre des mesures essentiellement symboliques et populistes? Ou alors ce sont plutôt Magnette et Di Rupo qu'il faudrait mettre au chômage, puisque le président du CA est étiqueté PS et qu'il s'agit d'une entreprise détenue par une entité publique.

  • Posté par El Pasajero , mercredi 8 février 2023, 23:21

    Quand on détourne des grosses sommes, on "invite" à démissioner. Quand ce sont des petits poissons, on les congédie pour faute grave.

  • Posté par Van den Eeckhoudt Etienne, mercredi 8 février 2023, 23:28

    Vous n'avez pas compris l'article de presse. La fatigue sans doute.

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