Houellebecq à Amsterdam, un film dont il ne veut plus être le héros
L’écrivain français veut faire interdire un court-métrage néerlandais qui le montre dans des scènes « légères » qui, dit-il, « portent violemment atteinte à la dignité » de son couple.


C’est un roman de prétoire que Michel Houellebecq vient d’entamer. Un drôle de roman où, sans doute, la justice qui sera amenée à statuer aura des difficultés à séparer le vrai et le faux, l’esbroufe et le scandale, la provocation et la frilosité de l’air du temps. L’auteur de Soumission et de Sérotonine et son épouse Qianum Lysis Li viennent en effet d’intenter une action en justice afin de supprimer « par tous moyens » la bande-annonce du film controversé des plateformes et réseaux sociaux dans le monde entier et d’interdire au réalisateur et au collectif Kirac « toute exploitation, commerciale ou non commerciale, sous quelque forme que ce soit, du film et d’autres images qu’ils pourraient détenir des époux Houellebecq ».
Explications. D’un côté, Stefán Ruitenbeek, réalisateur néerlandais, membre du collectif artistique Kirac. Qui a diffusé fin janvier la bande-annonce de son film Kirac 27, dans lequel apparaît Michel Houellebecq, et qui montre des images de l’écrivain au lit avec une groupie tatouée et en robe très légère. De l’autre, il y a Michel Houellebecq et son épouse qui ont découvert, disent-ils, « avec consternation et dégoût » ces images, qui contiennent « des déclarations les mettant en cause, graves et mensongères, portant violemment atteinte à leur dignité ».
Cette bande-annonce, vous pouvez la voir, sur Youtube, sur le site de Kirac (kirac.nl), sur celui d’Actualitté (actualitte.com). On y voit Michel Houellebecq en gros plan, un peu hagard, échevelé, le regard perdu. Puis au lit, le sourire un peu niais aux lèvres, avec cette demoiselle, qu’il étreint et embrasse. Le « trailer » annonce la sortie du film sur le Net pour le 11 mars. Les images n’ont rien de porno. Le commentaire, dit par Stefán Ruitenbeek, par contre, est bien plus choquant.
La consternation
En néerlandais sous-titré anglais, Ruitenbeek explique qu’il a eu des contacts avec Houellebecq : « Il m’a écrit que son projet de lune de miel au Maroc avait dû être annulé. A cause de la peur d’être enlevé par des extrémistes musulmans. Sa femme avait passé tout un mois à arranger un tour de prostituées, et tout était maintenant à l’eau. Je lui ai dit que je connaissais plein de filles à Amsterdam qui, par curiosité, auraient bien des relations sexuelles avec le célèbre écrivain. Et que je m’occuperais de l’hôtel si je pouvais tout filmer. »
Et voilà Houellebecq à Amsterdam. Pas du tout obligé d’être là et souriant quand, dans le lit, il regarde la caméra de Ruitenbeek. Il savait très bien ce qu’il faisait là, mais peut-être ne s’attendait-il pas ce que le réalisateur dévoile l’histoire de leur lune de miel. D’où la consternation.
D’accord, mais cette histoire fait quand même sourire, non ? C’est l’arroseur arrosé, Houellebecq n’ayant jamais lui-même évité les bravades, ni dans ses textes ni dans ses attitudes. Et en même temps, elle fait grincer des dents. Si le roi de la provoc ne parvient plus à s’assumer et se défend aujourd’hui de la frilosité de la société, c’est que la liberté de chacun commence vraiment à s’éroder.
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