Tusk au sommet de Varsovie: «Nos citoyens veulent davantage de sécurité»

Le manque de coopération entre industries de la défense… concurrentes en Europe représenterait un coût de 25 milliards d’euros par an. L’Europe dispose de 12 types d’avions ravitailleurs en vol pour 4 seulement aux Etats-Unis. Il y a des « incohérences », notait cette semaine à Bruxelles un haut responsable de l’UE. C’est à ce genre de doublons inutiles que l’Otan et l’Union européenne se promettent, notamment, de mettre fin. [scald=1588237:sdl_editor_representation] « Une déclaration commune » Des mesures « urgentes » doivent être prises pour « favoriser (…) la coopération industrielle au sein de l’Europe et entre les deux rives de l’Atlantique ». L’objectif, parmi d’autres, figure dans une « déclaration commune » adoptée à Varsovie en lever de rideau du sommet de l’Alliance atlantique. Le texte a été signé par le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg, le président du Conseil européen Donald Tusk et celui de la Commission Jean-Claude Juncker – « sans affecter le caractère spécifique de la politique de sécurité et de défense de l’un quelconque de nos membres » : les préoccupations des six pays de l’UE « neutres » non membres de l’Otan) ont été prises en compte (ce n’est pas un accord signé par l’UE en tant que telle, mais par les deux présidents…), tandis que Chypre et Turquie ont mis leur brouille en sourdine. « Ensemble, nous formons une formidable équipe », a lancé Jens Stoltenberg, au moment de signer le document. Les deux organisations sont convaincues que, dans l’environnement instable actuel – du réarmement russe au Brexit en passant par la menace terroriste – l’union fait la force. « Séparément, ni l’Otan ni l’UE ne peuvent relever totalement la gamme des défis inédits auxquels nous faisons face ». « Nos citoyens sont demandeurs de davantage de sécurité, et peu importe qu’ils vivent dans un pays appartenant à l’UE, à l’Otan ou aux deux », souligne Tusk, qui évoque un « partenariat stratégique ». « L’heure n’est pas à l’introspection ou à l’isolationnisme » mais bien à « l’action », embraie Juncker. [scald=1588238:sdl_editor_representation] En cas de cyber-attaques et d’attaques « hybrides » De quoi parle-t-on ? De travail en commun pour contre les « menaces hybrides », de préparation des civils, de partage de renseignement, d’exercices à mener en commun, de cyber-défense, de « résilience » des pays en cas d’attaques – pour la sécurité de l’approvisionnement en énergie, en eau et en nourriture, ou la continuité du gouvernement. Et donc de coopérations industrielles. Des « protocoles » ont déjà été établis pour la répartition des rôles en cas de cyber-attaques et d’attaques « hybrides » (ces attaques qui ne disent pas leur nom, avec une combinaison d’intervention de forces armées sans uniformes, de déstabilisations, de désinformation, etc). Science-fiction ? « C’est la vie réelle qui est en jeu », souligne le président du Conseil européen. Donald Tusk cite par exemple une attaque de « nos infrastructures critiques, nos systèmes bancaires peuvent être hackés ou nos citoyens peuvent être ciblés par des campagnes de désinformation via les réseaux sociaux ». Ce n’est encore qu’une déclaration de papier. Mais des « options concrètes » seront élaborées par les services de la cheffe de la diplomatie de l’UE Federica Mogherini et le secrétariat international de l’Otan. Cette batterie de projets d’actions est attendue d’ici la fin de l’année, précise la déclaration conjointe. [scald=1588253:sdl_editor_representation] Le soutien, depuis février, de navires de l’Otan en mer Egée à l’opération – efficace mais très controversée – de l’UE pour stopper le flux de migrants de Turquie ver la Grèce a constitué un « momentum » pour la relance de cette coopération UE-Otan. Celle-ci est prévue depuis une quinzaine d’années mais a rarement été concrétisée. Parmi les projets concrets à développer d’urgence, l’Otan s’apprête aussi à mettre ses moyens militaires en renfort de l’opération « Sophia » de l’UE au large de la Libye. Le rapprochement signé vendredi à Varsovie est aussi un nouvel épisode de la « concurrence » que se sont parfois livrées les deux institutions. Pour l’« atlantiste » Donald Tusk, c’est clair, en tout cas : « Nos initiatives européennes ne devraient pas être une alternative à la coopération avec l’Otan. Au lieu de maintenir l’illusion du solo (de l’UE), nous devons augmenter notre valeur en tant qu’ami de l’Otan ».

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