«Variations»: La difficile question du prosélytisme
Une enquête interne a révélé que le personnel de la Stib réclame des mesures de protection contre le prosélytisme. Mais comment établir des limites strictes tout en protégeant la liberté de conscience ?


L’enquête menée par la Stib auprès de son personnel sur les enjeux de neutralité (Le Soir du 21 février) aborde une question longtemps négligée en Belgique, celle du prosélytisme. Et la faire sortir de l’ombre est d’autant plus intéressant qu’il s’agit d’une question complexe, qui fait surgir des conflits de principes.

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S'abonnerQuelques règles de bonne conduite avant de réagir4 Commentaires
Le droit aux signes religieux ou au prosélytisme doit être encadré dans le lieu de travail. Ailleurs il y a assez d’occasions pour témoigner sa foi ou essayer de convaincre des gens. Le travail, et d’autres environnements comme la prison ou l’armée, sont des contextes avec hiérarchie, horaires, règles, compétition, etc, toute une série de contraintes qui déconseillent que certains individus fassent pression sur d’autres. Les autorités doivent protéger le fait de professer une religion, mais pas de la proclamer à n’importe quel endroit et situation.
La résolution des conflits de principes, des conflits de droits est un problème que nous rencontrons quotidiennement de notre société. Vous proposez une logique basée sur un droit relatif et un droit absolu. Personnellement, je préfère une alternative qui arrive à une conclusion similaire mais par une autre route que j’aimerai partager avec vous. La déclaration des droits de l’homme a prévu la logique à appliquer en cas de conflit de droit. Celle-ci est couverte dans l’article 17 de la Convention Européenne européenne des droits des hommes mais, personnellement, je préfère de loin la version de la Déclaration des Droits de l’Homme de 1789 (article 4 - « ...l'exercice des droits naturels de chaque homme n'a de bornes que celles qui assurent aux autres membres de la société la jouissance de ces mêmes droits ») ou encore la déclaration universelle des droits des hommes de 1948 (article 29 - « Dans l'exercice de ses droits et dans la jouissance de ses libertés, chacun n'est soumis qu'aux limitations établies par la loi exclusivement en vue d'assurer la reconnaissance et le respect des droits et libertés d'autrui ») qui, à mon sens, sont plus claires. Ces articles décrivent notre devoir (moral). Ils s’appliquent à TOUS les droits, sans exception, ce qui, je pense, implique qu’aucun droit n’est absolu. Dans le cas qui nous concerne, tout individu a la liberté de manifester sa conviction (religieuse ou non d’ailleurs) par le témoignage ou par l’enseignement. Mais son devoir (moral) est également de limiter l’expression de ses opinions ou convictions pour respecter le droit de conscience d’autrui. Le problème est de savoir où placer le curseur sans abuser du droit que l'on exerce, comme vous le mentionnez très bien. Ma lecture personnelle du droit à changer de conviction est différente de la votre. Tout individu a le droit de changer de religion mais je ne suis pas sûr que cela implique que tout individu a la droit de tenter de faire changer autrui de religion. En tout cas, ce n’est pas ma lecture personnelle. Je pense que tout individu a le droit de témoigner librement de la conviction qu’il a choisi (choix personnel qui n’engage que lui même), quitte à aller jusqu’à choquer l’autre, a le droit de l’enseigner à autrui si autrui a manifesté son intérêt mais ne peut le faire que sans abus, sans pression et à condition qu’il termine par lui dire clairement, en vertu du droit à la liberté de conscience, qu'il reste maître de son choix et d"ajouter qu’il respectera son libre choix quel qu’il soit. Dans ce cas, le prosélytisme (définition du Larousse - Zèle ardent pour recruter des adeptes, pour tenter d'imposer ses idées) devrait être fortement limité par la loi, non seulement sur les lieux de travail mais dans toutes les sphères de la société, privées et familiales incluses. Michel Hertay
La question du prosélytisme n'a pas été négligée. Les responsables ont toujours sciemment refusé de la prendre en considération, afin de ne pas "stigmatiser".
Il existe aussi la liberté, si pas le droit, de ne pas subir de harcèlement, à répétition qui plus est, qu'il soit de nature physique, psychologique ou moral. Recevoir en permanence ou de manière récurrente un "prêche" visant à vous faire manger hallal plutôt que cachère ou X (ou inversement même si c'est sans doute plus rare) est remarquablement fatiguant et peut, évidemment, mener à des réponses parfaitement non pacifiques. Réponses qui vaudront alors, comble de l'ironie, à ses auteurs de subir, eux, la rigueur de la loi. Et, d'une manière plus générale, un moment vient où il faut (se) décider. Nécessairement, tout choix conduit à des mécontentements. Mais vouloir y échapper à tout prix n'est pas la responsabilité que l'on délègue aux autorités dument constituées. Il leur appartient de faire et de dire le droit et à tous ceux qui les ont mis où ils sont de s'y conformer. Pas une fois pour toute mais ici et maintenant.