France: le lycéen qui a poignardé sa prof était suivi pour dépression
Le parquet de Bayonne a requis la détention provisoire pour l’adolescent de 16 ans qui a poignardé sa prof jeudi à Saint-Jean-de-Luz. L’élève était sous antidépresseurs mais une première expertise psychiatrique n’a pas détecté de schizophrénie.


Envoyée permanente à Paris
J’ai ruiné ma vie, tout est fini ». Tels auraient été les premiers mots du lycéen de Saint-Jean-de-Luz après avoir mortellement poignardé sa professeure d’espagnol en plein cours mercredi matin. Agnès Lassalle, 53 ans, enseignait dans ce lycée catholique privé depuis plus de vingt-cinq ans. Elle était décrite par tous, ses collègues comme ses élèves, comme une prof exemplaire. Elle n’avait aucune chance de s’en sortir. L’adolescent de 16 ans, toujours placé en garde à vue ce jeudi, a répété avoir entendu la veille « une petite voix dans sa tête, une voix égoïste, manipulatrice, égocentrique» qui l’aurait poussé à ce passage à l’acte. Il nourrissait envers l’enseignante une certaine animosité, a-t-il admis. L’espagnol était la seule matière dans laquelle il n’avait pas de bonnes notes. Pour autant, il n’avait jamais proféré de menaces à son encontre.
Tels sont les premiers éléments qui sont ressortis de l’audition de l’élève, selon le procureur de Bayonne, Jérôme Bourrier. Le lycéen était suivi par un psychiatre depuis un an. Il suivait un traitement par antidépresseurs. En octobre dernier, il avait fait une tentative de suicide en avalant des médicaments. Pour autant, sous réserves de nouvelles expertises psychiatriques qui étayeraient une possible altération du discernement, il paraît accessible à la responsabilité pénale, a précisé le représentant du parquet. Un premier examen psychiatrique de l’adolescent a mis en avant « des traits de personnalité anxieuse », mais aucune « maladie mentale de type schizophrénie, mélancolie ou retard mental, ni aucune décompensation psychiatrique aiguë ».
Une altercation la veille
Rien ne laissait présager d’une telle tragédie. Le lycéen avait bien évoqué un tel projet une fois devant sa mère, mais celle-ci n’y avait pas prêté plus d’attention. C’était un adolescent intelligent, parfaitement inséré, réussissant bien à l’école même s’il avait été diagnostiqué pour des troubles de disorthographie et avait quelques difficultés dans ses relations à autrui. Pourquoi aurait-elle dû prendre ses propos avec sérieux ? La veille de la tragédie, le lycéen avait aussi eu une altercation avec un autre élève. Ce différend peut-il avoir été un élément déclencheur ? Au cours de son audition, le gardé à vue a laissé entendre, dans des versions fluctuantes, qu’il aurait voulu que ce garçon assiste à son geste, comme pour le « punir ». L’enquête devra l’établir. De même pour des faits de harcèlement dont le mis en cause dit avoir été victime un an auparavant, dans un autre établissement.
Le parquet a requis le placement en détention provisoire de l’adolescent et demandé l’ouverture d’une information judiciaire pour assassinat, autrement dit pour meurtre avec préméditation.
Un couteau de 18 centimètres
Les faits laissent en tout cas apparaître une certaine préparation. La veille, l’élève avait pris un couteau de cuisine, d’une lame de 18 centimètres, dans la cuisine de son père. Il avait enroulé l’arme blanche dans un rouleau d’essuie-tout. Les témoins de la scène décrivent un geste « rapide, fluide, sans hésitation ». Le coup porté à l’enseignante, dans le haut du thorax, a sectionné l’aorte de la professeure. Un seul coup, mais qui serait nécessairement fatal, a révélé l’autopsie. Ce n’est qu’après son geste que l’adolescent est apparu dans un état de sidération, selon le procureur.
Le drame a semé l’effroi dans la communauté éducative. Une minute de silence a été observée ce jeudi après-midi dans toutes les écoles de France.
La question du suivi médical, tant physique que psychologique des élèves, est déjà posée par les syndicats qui relèvent le manque de moyens alloués. Mais pour le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, il est prématuré de tirer des conclusions avant la poursuite de l’enquête. La veille, le leader de la droite LR Eric Ciotti, avait dénoncé « l’ensauvagement de la société ».
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A quoi a servi le suivi psy dans ce cas-ci...?
Echec et mat
Un drame pour la famille de la victime. Il y a trente ans, la société était protégée des caractériels inadaptés, voire inadaptables. Maintenant, au nom de l'inclusion, l'école doit accepter tous les élèves et les autorités ne veulent surtout pas de vagues. Un individu qui entend des voix, est en traitement médicamenteux sur avis d'un psychiatre, a fait une tentative de suicide, a changé d'école sous prétexte de harcèlement, assassine pour punir un condisciple présent lors de son geste, ...Ne serait-il pas mieux en institution médicale ? Les parents de l'assassin sont-ils conscients de la gravité de la situation ?
Un nouveau déchaînement de violence ""gratuite"" pour lequel je me pose une fois de plus le rôle joué par les antidépresseurs. Dans de nombreuses affaires criminelles particulièrement violentes, on a mis en évidence l'emploi de substances psychotropes (Prozac et autres benzodiazépines et encore d'autres molécules moins répandues).