Accueil La Une Économie

Silicon Valley Bank, la banque des techs qui fait peur à tout le secteur

Peu connue du grand public, elle est la 16e banque américaine par la taille des actifs.

Temps de lecture: 4 min

La banque américaine Silicon Valley Bank, qui a semé un vent de panique dans le secteur financier après avoir annoncé être à la recherche urgente de liquidités, est encore sous pression vendredi, la cotation de son titre ayant été suspendue à la Bourse de New York.

Qui est SVB ?

La Silicon Valley Bank (SVB) est un établissement bancaire californien spécialisé dans le secteur technologique et qui fait principalement affaire avec des fonds qui investissent dans des entreprises non cotées.

Peu connue du grand public, elle est la 16e banque américaine par la taille des actifs.

Le groupe, présent aux Etats-Unis, en Europe, en Asie et en Israël, offre une palette de services financiers à l’écosystème des start-up, allant de la simple tenue de comptes bancaires à du conseil en levées de fonds.

SVB se targue sur son site de travailler avec environ 50 % des entreprises technologiques, du secteur de la santé et des biotechnologies soutenues par des fonds américains de capital-risque, parmi lesquelles les plateformes Pinterest et Shopify.

Quelles difficultés connaît SVB ?

La maison-mère de la banque commerciale, SVB Financial Group, a annoncé mercredi qu’elle allait tenter de lever 2,25 milliards de dollars d’argent frais. Elle a déjà vendu pour 21 milliards de dollars de titres financiers pour obtenir de la trésorerie immédiate, au prix de 1,8 milliard de dollars de perte.

SVB cherche ainsi à renforcer son bilan, fragilisé par des retraits de clients.

Selon le Wall Street Journal, citant des sources proches du secteur, des fonds d’investissement ont conseillé à leurs entreprises de retirer leurs fonds chez SVB et en réaction, le directeur général de SVB a exhorté jeudi ses clients « à ne pas retirer leurs dépôts de la banque et à ne pas semer la peur ou la panique ».

Vendredi matin, la cotation du titre de l’établissement a été suspendue à la Bourse de New York dans l’attente d’une communication de l’établissement, après que l’action a plongé de 60 % jeudi et s’est affichée en baisse de plus 60 % de nouveau dans les échanges électroniques vendredi matin.

Selon la chaîne d’informations CNBC, la banque n’est pas parvenue à lever du capital et est en négociations pour se vendre auprès d’un autre établissement.

Pourquoi ces difficultés ?

Très liée aux entreprises technologiques, SVB souffre par ricochet de la détérioration de l’environnement dans le secteur : la remontée brutale des taux d’intérêt, les difficultés d’approvisionnement notamment en semi-conducteurs, le faible appétit des investisseurs pour les valeurs technologiques et les tensions géopolitiques ont signé la fin de l’euphorie post-Covid.

La valorisation en Bourse des entreprises technologiques a d’ailleurs fondu en 2022 et les annonces de suppressions de postes dans la Silicon Valley se multiplient depuis quelques mois.

La hausse des taux d’intérêt, sous l’effet de l’action des banques centrales, touche aussi directement les sociétés bancaires.

Les banques empruntent généralement à court terme pour effectuer des prêts à moyen et long terme. Or les taux à deux ans sont actuellement plus élevés que les taux à dix ans aux Etats-Unis.

Pourquoi tout le secteur est-il affecté ?

Les déboires d’une seule banque peuvent affecter le sentiment de confiance des investisseurs pour tout le secteur dans le monde.

D’autant que les banques sont interdépendantes, comme l’a illustré la crise financière de 2008-2009 et la faillite de la banque américaine Lehman Brothers.

Le spectre d’un « bank run », une réaction en chaîne qui débute par des retraits massifs de clients que la banque ne peut satisfaire, plane toujours sur le secteur.

Pour satisfaire les demandes de liquidités, la banque n’a d’autres choix que de lever de l’argent ou de céder des actifs dans l’urgence, ce qui ne garantit pas le meilleur prix, et accentue donc ses difficultés.

Par exemple, la valeur des titres de dette a fortement baissé avec la hausse brutale des taux d’intérêt depuis un an.

Pour l’analyste Christian Parisot, « la question est donc maintenant de savoir quelles autres banques pourraient subir des pressions parce que leurs marges nettes d’intérêt se sont contractées », écrit-il dans une note pour le courtier Aurel BGC.

Il se veut cependant rassurant et estime que « le risque bancaire reste limité à des très petites banques » et à un nombre limité de banques régionales américaines.

 

Le fil info

La Une Tous

Voir tout le Fil info

0 Commentaire

Sur le même sujet

Aussi en Économie

Voir plus d'articles

Le meilleur de l’actu

Inscrivez-vous aux newsletters

Je m'inscris

À la Une

Retrouvez l'information financière complète

L'information financière