Procès des attentats à Bruxelles: «Les terroristes n’ont pas réussi à me tuer physiquement mais psychologiquement»
Sylvie Ingels, aujourd’hui âgée de 50 ans, se trouvait dans le hall des départs au moment des deux explosions. Avec son mari et deux amis, ils revenaient d’un voyage en Thaïlande.

Les terroristes n’ont peut-être pas réussi à me tuer physiquement mais psychologiquement oui», a témoigné mardi matin une victime de l’attentat à l’aéroport de Zaventem le 22 mars 2016 devant la cour d’assises chargée de juger ces attaques.
Sylvie Ingels, aujourd’hui âgée de 50 ans, se trouvait dans le hall des départs au moment des deux explosions. Avec son mari et deux amis, ils revenaient d’un voyage en Thaïlande. Cette secrétaire a raconté avoir eu un pressentiment dans l’avion que quelque chose allait lui arriver. «J’ai eu une crise de panique dans l’avion, je voulais sortir alors qu’on se trouvait à 20.000 pieds». Une fois arrivée à Zaventem, la femme s’est sentie «honteuse et ridicule: je n’avais jamais eu un tel comportement».
C’est en sortant des toilettes du hall des départs qu’elle a entendu une «terrible explosion» derrière elle, avec une fumée très dense qui l’empêchait de se rendre compte de la gravité de ce qu’il venait de se passer. «J’étais figée, tétanisée, je ne pouvais plus bouger.»
C’est alors qu’a retenti la seconde explosion, donnant lieu à un «indescriptible chaos». «Je me suis recroquevillée sur moi-même, je me suis dit que c’était maintenant que ma vie prenait fin. Mes pensées sont allées vers mes enfants. J’avais l’impression de ne plus rien contrôler.»
Sylvie Ingels, qui n’a pas été physiquement blessée, s’est alors reprise, se refusant à mourir à l’aéroport. «Je ne peux que fuir cet enfer.»
Après s’être réfugiée à l’hôtel Sheraton «quelques minutes qui ont paru des heures», elle a finalement retrouvé son mari et s’est immédiatement installée dans la voiture, lui demandant de quitter les lieux au plus vite. «Il m’a demandé si on ne pouvait pas venir en aide aux personnes blessées et, j’ai honte, mais je lui ai demandé de rouler. Je voulais juste récupérer mes enfants.»
Dans la foulée des attaques, la quinquagénaire faisait plein de cauchemars, ne voulait plus sortir, ne mangeait plus et pleurait à longueur de journée. Son quotidien est devenu de plus en plus difficile, émaillé de nombreux rendez-vous médicaux, notamment pour des migraines, des vertiges et une paralysie temporaire du visage.
Sylvie Ingels ne se reconnait plus, passant d’une personnalité joyeuse, pleine d’ambition, ayant de l’amour et de l’humour à quelqu’un d’anxieux en permanence, de triste, qui refuse de sortir, qui n’arrive plus à travailler quotidiennement à cause de ses problèmes de santé et qui perd peu à peu ses amis. La victime passe parfois des journées à rester chez elle sans voir ses enfants, dont elle n’arrive même plus à s’occuper et dont elle regrette la perte d’insouciance.
«J’ai perdu sept années auprès d’eux», résume-t-elle. «Cela fait des années que je les prive de leur liberté, que je les empêche de sortir, de prendre les transports en commun, d’aller au cinéma car j’ai trop peur qu’il leur arrive quelque chose.»
«Les terroristes n’ont peut-être pas réussi à me tuer physiquement mais psychologiquement oui», a encore confié la témoin, qui prend encore des antidépresseurs et des somnifères jusqu’à aujourd’hui. «Ils ont réussi à prendre mon insouciance, mon innocence et celles de mes enfants.»
«Ne confondez pas cette belle religion et les actes horribles commis par ces fanatiques», a encore lancé celle qui s’est convertie à l’islam il y a plus de 20 ans.
En fin de témoignage, après s’être dite choquée de voir toute la lumière mise sur les terroristes et leurs droits, la secrétaire a déploré «l’abandon complet» du gouvernement dans sa recherche pour de l’aide. Elle a également fustigé l’attitude des médecins-experts à qui il faut prouver l’état dans lequel elle se trouve. «Ont-ils la moindre idée de ce que le ’blast’ (le souffle de l’explosion, NDLR) a comme conséquences sur le corps humain?», s’est-elle interrogée, dénonçant également combien le combat pour faire reconnaitre sa légitimité était humiliant et à quel point cette situation avait un impact sur sa famille.
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"En fin de témoignage, après s’être dite choquée de voir toute la lumière mise sur les terroristes et leurs droits, la secrétaire a déploré «l’abandon complet» du gouvernement dans sa recherche pour de l’aide...." Voila encore un bel exemple décrit par une victime sur leur abandon par rapport à tous les droits de ces énergumènes. A quand un article OBJECTIF du Soir sur les droits des uns et des autres en montrant clairement toutes les aides gratuites de ces terroristes ?
"Ne confondez pas cette belle religion et les actes horribles commis par ces fanatiques". Ce que fait la collin tous les jours!
Vous voulez que je remette en ligne les textes concernés (version officielle)? Il n'y a qu'à demander.