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Sherlock Holmes, la nouvelle collection du «Soir» à découvrir

Sherlock Holmes, c’est le plus grand des détectives. Né en 1887 sous la plume d’Arthur Conan Doyle, il a connu une popularité phénoménale et est resté un mythe dont le cinéma et les séries se sont emparés. Découvrez les mythiques enquêtes du plus célèbre des détectives privés avec la nouvelle collection de livres proposée par «Le Soir», en librairie chaque semaine.

Responsable des "Livres du Soir" Temps de lecture: 6 min

Elémentaire, mon cher Watson. Cette célèbre réplique, en fait, Sherlock Holmes ne l’a jamais prononcée. Elle n’apparaît dans aucune des histoires écrites par Arthur Conan Doyle. Celui-ci écrit bien d’un côté « Elémentaire » et de l’autre « Mon cher Watson », mais jamais ensemble. Il n’empêche, même pour un personnage de fiction, le mythe l’emporte sur la réalité. C’est dans Le Retour de Sherlock Holmes, le premier film parlant sur le personnage, sorti en 1929, que la citation apparaît pour la première fois. Elémentaire, mon cher lecteur : découvrez la nouvelle collection du « Soir »

Basil Rathbone dans « Les aventures de Sherlock Holmes », en 1939.
Basil Rathbone dans « Les aventures de Sherlock Holmes », en 1939. - D.R.

Elle n’a depuis cessé de s’accoler au célèbre détective. Au point de donner son titre, Elementary, à la série américaine qui fait déménager Holmes à New York et qui l’affuble de la Dr Joan Watson.

Pourquoi ce succès, alors que Conan Doyle n’avait écrit ces histoires que pour des raisons alimentaires ? C’est d’abord la qualité des enquêtes menée par le détective. C’est ensuite l’immense distribution des périodiques de l’époque. Après deux premiers romans au succès modeste, Etude en rouge et Le signe des quatre, l’auteur a été requis par le Strand Magazine pour publier les aventures de Sherlock Holmes en feuilleton. Et le tirage de ce mensuel a atteint jusqu’à 500.000 exemplaires.

« Mais Doyle se voyait comme auteur de romans historiques et il a fini par tuer son héros à Reichenbach », explique Jacques Baudou, auteur de Le Polar (Guide Totem). « Ce qui a soulevé la colère des lecteurs. Certains n’hésitaient pas à porter en signe de deuil un brassard de crêpe noir : il a été obligé de le ressusciter, en plusieurs volées. »

Xavier Mauméjean, auteur de Sherlock Holmes, détective de l’étrange, dans la collection La fabrique des héros, des Impressions nouvelles, ajoute : « On dit même qu’à la City de Londres, les courtiers portaient un brassard de deuil en hommage à Sherlock Holmes. Et il paraît, je l’ai lu plusieurs fois, que la reine Victoria elle-même aurait dit que cette mort lui déplaisait, ce qui était un coup de colère impressionnant pour elle. Et que c’est la mère de Conan Doyle qui l’a emporté en lui lançant : “Ecoute, Arthur, arrête avec ça. Tu nous ressors quelques aventures !”  »

Sherlock était devenu un vrai mythe. « Holmes incarne dès lors à son épitomé le détective luttant contre le crime, une figure qui va marquer le siècle », commente Jacques Baudou.

Pourquoi ? Xavier Mauméjean tente une explication : « Sherlock a eu des bons prédécesseurs, à commencer par Auguste Dupin, d’Edgar Allan Poe. Mais Dupin n’est le héros que de trois nouvelles. Sherlock, lui, fidélise son public. Le lecteur apprend à vivre avec Holmes et Watson, dans leur intérieur, avec le brouillard de Londres. Conan Doyle a créé un personnage récurrent et le monde qui va avec. On a envie de le retrouver. Et, dans la littérature policière, il va avoir plein d’émules. Et puis bien qu’on puisse toujours discuter sur la nature logique de ses raisonnements, c’est un détective scientifique. Edmond Locard, qui fonda à Lyon en 1910 le premier laboratoire de police scientifique, imposait à ses étudiants de lire les aventures de Sherlock Holmes. Et dans la formation de la police du tsar, c’était aussi une lecture obligatoire. »

Benedict Cumberbatch dans la série «Sherlock» en 2012.
Benedict Cumberbatch dans la série «Sherlock» en 2012. - BBC.

« Le succès de Sherlock Holmes est aussi lié à la qualité des énigmes que Doyle a conçues pour son personnage », reprend Jacques Baudou. « Certaines d’entre elles sont des chefs-d’œuvre qui n’ont pas pris une ride, de petits bijoux d’ingéniosité. Et Le chien des Baskerville est un sacré roman. »

Sherlock a persisté de multiples façons. Il a été très tôt pastiché, du vivant même de Conan Doyle. Et parodié (même Jean Giraudoux s’y est mis), et cette vogue de pastiche n’a jamais cessé : elle est toujours très vivace aujourd’hui, et mondiale, et s’est emparée de tous les personnages de la saga : Moriarty, Mycroft, Mrs Hudson, Irène Adler, Lestrade, etc. On lui a même donné une sœur, Enola, dans la série de l’écrivaine Nancy Springer, Les enquêtes d’Enola Holmes (Nathan), qui a été adaptée pour la télé. On lui a fait rencontrer ou combattre des personnages historiques : Freud, Marx, le capitaine Dreyfus, Jack l’éventreur ou des personnages littéraires comme Dracula ou Fu-Manchu. On l’a même envoyé dans l’espace et fait faire la guerre des mondes. Il a aussi été très tôt adapté au théâtre, au cinéma, à la télévision, en BD, à la radio, dans les jeux vidéo. C’est devenu un personnage universel, un détective omniscient, mais qui a des zones d’ombre, des secrets, des addictions. Et Jacques Baudou ponctue : « Et moi, je trouve le personnage très attachant, à plein d’égards. »

Parce qu’il fascine, sans aucun doute. Et c’est sans doute aussi pour cela que le personnage continue à hanter nos esprits, nos livres et nos écrans. On le lit toujours aujourd’hui, en poche ou dans des collections comme celle que Le Soir propose. On le regarde sur les écrans. Le site internet IMDb référence environ 275 films et séries où le personnage de Sherlock Holmes est présent à l’écran entre 1900 et 2013. Ecran de cinéma : Le chien des Baskerville en 1939, avec Basil Rathbone ; La vie privée de Sherlock Holmes, de Billy Wilder, en 1970 ; Sherlock Holmes, 2009, et Jeu d’ombres, 2011, de Guy Ritchie avec Robert Downey Jr et Jude Law. De télévision : la série Sherlock avec Benedict Cumberbatch ; la série Elementary. De jeu vidéo : Crimes et châtiments et The devil’s daughter. De BD : La Ligue des gentlemen extraordinaires d’Alan Moore est inspirée du monde de Holmes.

Robert Downey Jr dans le «Sherlock» de Guy Ritchie, en 2009.
Robert Downey Jr dans le «Sherlock» de Guy Ritchie, en 2009. - Warner.

« En fait, commente Xavier Mauméjean, le personnage est adaptable. Il est original, excentrique, il se prête à toutes les époques. Dans Elementary, par exemple, Sherlock est à New York et Watson est une femme, il y a un gentil jeu de séduction entre les deux qui n’ira n’a jamais plus loin. New York, c’est le Londres d’aujourd’hui, cosmopolite, ultra-culturel. C’est vraiment brillant comme adaptation. Le personnage est suffisamment résistant, il se prête à nombre de variations. Non seulement il tient le coup, mais il s’adapte en plus. »

C’est le plus grand des détectives, assument nos deux experts. Et Hercule Poirot, le limier d’Agatha Christie ? « J’adore Poirot, répond Xavier Mauméjean. Mais Sherlock Holmes le précède. Et puis Hercule Poirot a plutôt tendance à enquêter dans des milieux riches, mondains, et à ne pas en sortir. Tandis que Sherlock met à l’épreuve son art du raisonnement partout, conspirations internationales ou meurtres dans des villages, il est beaucoup plus diversifié que Poirot. Et plus fou aussi, carrément. C’est un anarchiste qui sert l’ordre tant qu’il y trouve un intérêt. Sherlock Holmes le dit lui-même, le hasard aurait pu faire qu’il soit le plus grand criminel de tous les temps. Il est toujours à la lisière. Et c’est ça aussi qui fascine. »

 

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