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Delhaize: dialogue encore au point mort et dépôts en mode escargot

Ce mardi matin, le conseil d’entreprise extraordinaire a été le théâtre d’un dialogue de sourds, un de plus, entre direction du Lion et syndicats. C’est toujours le blocage total autour de la mise en franchise des 128 supermarchés intégrés. A Zellik, les dépôts tournent au ralenti.

Journaliste au service Economie Temps de lecture: 4 min

Un échec, un de plus. Ainsi pourrait-on résumer la teneur du troisième conseil d’entreprise extraordinaire en deux semaines entre direction et syndicats de Delhaize au siège à Zellik, placé sous la surveillance de vigiles privés. Ce mardi matin, les deux parties ont pourtant discuté près d’une demi-heure, contre un quart d’heure le 14 mars. Mais plutôt qu’un véritable échange sur l’avenir des 128 magasins intégrés du Lion, il s’est à nouveau agi d’un dialogue de sourds. Ou d’un « coup d’épée dans l’eau », pour reprendre le qualificatif employé par Myriam Delmée, présidente du Setca en charge du commerce, osant ce trait d’humour : « Je ne désespère pas que nous dépassions la demi-heure mardi prochain », jour de la dernière réunion d’information planifiée entre les dirigeants et les représentants du personnel du Lion.

« Ce matin, la direction nous a réexpliqué les raisons qui la poussent au passage à la franchise. Nous, le front commun syndical, nous avons rappelé notre opposition à ce plan », décrit pour sa part Myriam Djegham, secrétaire nationale commerce à la CNE, qualifiant le climat de la réunion de « tendu ». Myriam Delmée explique que « l’ambiance est vite montée en puissance après que la direction nous a resservi ses arguments. Quand on nous prend pour des imbéciles, ça ne va pas. On ne nous a pas proposé d’alternative à la franchisation. Donc nous n’avions plus rien à nous dire. » Selon sa consœur de la CNE, « la direction fait preuve d’absence d’écoute et de réelle volonté de discussion. Elle prétend améliorer sa politique commerciale avec 128 affiliés, alors que son millier de cadres a échoué dans cette mission. Franchement, c’est du foutage de gueule ».

« Emotionnellement anéantis »

Bien avant la réunion de 9h30, environ 300 de travailleurs de Delhaize, dont une partie venue en cars, s’étaient massés devant le siège de l’entreprise pour manifester leur mécontentement envers le plan de franchisation et pour soutenir leurs délégués. Parmi ces manifestants figuraient des ouvriers des deux principaux dépôts de Zellik, toujours en débrayage ce mardi matin, privant le réseau d’approvisionnement en marchandise fraîche et sèche et démontrant ainsi la diversification du mouvement de protestation. L’équipe qui a pris la relève à 11 heures a décidé la reprise du travail mais assortie d’une « opération escargot », indique Cédric Claeys, permanent CSC Alimentation et Service. « De toute façon, les travailleurs n’ont pas reçu de commandes aujourd’hui ».

Coté magasins intégrés, 76 sont fermés ce mardi. La suite des actions dans les supermarchés dépend des assemblées que les délégués présents au conseil d’entreprise extraordinaire ce matin vont tenir avec le personnel des points de vente intégrés. « La direction ne comprend pas que les travailleurs sont émotionnellement anéantis. C’est tout leur monde professionnel qui s’effondre », commente Myriam Delmée, alors que la direction répète depuis deux semaines que le passage vers des indépendants affiliés s’effectuera de manière indolore pour les 9.200 salariés des supermarchés intégrés.

« La seule option »

D’ailleurs, c’est ce qu’a encore confirmé la direction par communiqué en début d’après-midi. « Lors du comité d’entreprise, il a été reconfirmé que les 9.000 salariés des magasins conserveront leur emploi et poursuivront leur carrière au sein de la future filiale », écrit le management, convaincu que « ce plan est la seule option pour redémarrer les 128 supermarchés avec une évolution positive des volumes et du chiffre d’affaires, Delhaize optant pour un modèle indépendant qui a fait ses preuves ces dernières années dans 80 % du réseau de magasins », à savoir les AD, les Proxy et les Shop & Go.

La direction répète par ailleurs que « 200 candidats ont déjà postulé spontanément pour la reprise de magasins. Il s’agit d’affiliés actuels, d’employés internes et de nouveaux membres. Cela confirme qu’il y a suffisamment d’intérêt pour les 128 magasins. » Le Lion indique également ceci : « Bientôt, nous commencerons la première sélection approfondie. Plus précisément, nous recherchons des entrepreneurs du commerce de détail attachés à Delhaize et animés d’une passion pour les employés et les équipes. » Voilà qui entre donc bel et bien en contradiction totale avec la vision syndicale…

 

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15 Commentaires

  • Posté par VERDOODT Jean-marie, mardi 21 mars 2023, 16:19

    Dialogue ? Quel dialogue ?? Il n'y aura jamais de dialogue si les employeurs ne plient pas devant les syndicats qui veulent imposer LEUR loi. Et c'est pareil partout, comme en France.

  • Posté par eric biltiau, mardi 21 mars 2023, 15:11

    Les syndicats deviennent une plaie pour les discussions. Ce qu'ils veulent c'est d'abord d'imposer leurs vues quelle que soit la manière en séquestrant la direction par exemple. Et donc ici, c'est juste une mesure de précaution prise par la direction pour pouvoir discuter SANS forme de brutalité autre que la parole.

  • Posté par Dubois Marc, mardi 21 mars 2023, 15:05

    Les syndicats n'ont pour seule volonté que de sauvegarder les postes de leurs pions pour faire grève au gré du vent ! Ils n'ont jamais créé le moindre emploi, si ce n'est ceux pour organiser la paiement des indemnités de chômage.

  • Posté par Dubois Marc, mardi 21 mars 2023, 15:05

    Les syndicats n'ont pour seule volonté que de sauvegarder les postes de leurs pions pour faire grève au gré du vent ! Ils n'ont jamais créé le moindre emploi, si ce n'est ceux pour organiser la paiement des indemnités de chômage.

  • Posté par Raurif Michel, mardi 21 mars 2023, 14:02

    Il faut reconnaître que pour un conseil d’Entreprise, la présence de la police est plus a considérer comme une provocation évidente qu’un geste de bonne volonté ! Je ne comprends pas l’attitude de la Direction de Delhaize .

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