Israël: l’unité du gouvernement se fissure, le ministre de la Défense limogé
Coup de théâtre samedi soir. Yoav Gallant, le ministre de la Défense, a ouvert une brèche dans la forteresse du Likoud – qui annonce peut-être une ouverture plus large, voire de la chute du Premier Ministre, du gouvernement, ou du premier parti d’Israël. En attendant, c’est le ministre de la Défense qui prend la porte.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a limogé dimanche son ministre de la Défense au lendemain de son appel à une pause d’un mois dans le processus de réforme judiciaire controversée voulue par le gouvernement.
Yoav Gallant, inquiet de la fronde des réservistes, lui-même général de réserve, avait appelé à stopper le processus législatif et d’entamer un dialogue avec l’opposition : « La sécurité d’Israël est le but de ma vie. Les menaces qui nous entourent, proches et lointaines, sont immenses. La fracture de la société pénètre au sein de l’armée et c’est un danger immédiat et tangible pour la sécurité de l’État. Je n’apporterai pas mon soutien à cela. »
Ce discours grave, Yoav Gallant aurait dû le tenir jeudi dernier. Il en a été dissuadé par Benyamin Nétanyahou, qui a pris la parole à sa place, la première fois sur le projet de réforme judiciaire, en expliquant qu’il soumettrait la loi à l’adoption à la Knesset cette semaine.
Au passage, il défiait ouvertement la procureure générale, Gali Baharav-Miara, qui lui avait interdit de s’impliquer personnellement dans cette réforme au risque de conflit d’intérêt dans le cadre de son procès. La procureure n’a pas manqué de le rappeler à l’ordre, présage de la crise constitutionnelle à venir, si la Cour suprême venait à déclarer illégale la réforme qui modifie son propre statut.
Deux autres cadres du Likoud avaient rejoint Gallant : Yuli Edelstein, ancien président de la Knesset et David Bitan, critique assumé de Benyamin Netanyahou. S’ils se prononcent effectivement contre la réforme, la majorité, déjà limitée, se réduit à 61 députés – sur les 120 que compte la Knesset.
Le Premier Ministre fait son possible pour colmater la brèche. « Si jamais la loi n’est pas votée, c’est un grave problème pour Bibi. Et le discours de Gallant est déjà un coup dur. Il y a des gens au Likoud qui en ont marre d’être les béni-oui-oui de Nétanyahou », cingle Fernand Cohen-Tannoudji, cadre du parti. Nir Barkat, l’ancien maire de Jérusalem, richissime et proche des milieux d’affaires, pourrait basculer. La forteresse tient encore, mais tremble sur ses bases.
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