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Procès des attentats de Bruxelles: «Ce tribunal est un endroit sinistre mais il s’y passe de belles choses aussi»

Cette semaine, les témoignages des victimes se poursuivaient au Justitia à Bruxelles.

Temps de lecture: 3 min

L’audience de mardi au procès des attentats du 22 mars 2016 s’est ouverte sur le témoignage de Jaana Mettälä, une Suédoise grièvement brûlée à Maelbeek par la bombe du kamikaze Khalid El Bakraoui. Durant près de deux heures, elle a détaillé l’explosion, son parcours de soin et son acharnement à mettre au monde dans les meilleures conditions le bébé qu’elle portait alors. Le procès devant la cour d’assises de Bruxelles est une nouvelle étape dans sa reconstruction.

« J’avais décidé il y a longtemps que j’allais y assister. Mais j’ignorais l’importance qu’il allait relever », a souligné cette femme de 50 ans, au visage doux et lisse malgré les graves brûlures endurées – « j’ai beaucoup travaillé pour ça », lance-t-elle, photo de son masque de compression en silicone à l’appui.

De son propre aveu, ce n’est qu’au Justitia qu’elle a accordé une place aux accusés. « J’essaie de ne pas trop imaginer à quoi ils pensent : est-ce qu’ils ont des remords ? Pour avoir des remords, il faut d’abord se sentir concerné par la souffrance de toutes les personnes venues témoigner. Se sentent-ils concernés ? », interroge-t-elle sans vraiment attendre de réponse. Les neuf accusés présents pourraient tout aussi bien encore s’accrocher à l’idéologie djihadiste et rester imperméables à la douleur des victimes qui, depuis le 6 mars, prennent la parole devant la cour, poursuit-elle.

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« Je ne pardonnerai jamais les trois terroristes de Zaventem et Maelbeek »

Affirmant ne pas vouloir « se livrer à cette spéculation », Jaana Mettälä écoutera avec intérêt l’interrogatoire des accusés, s’ils acceptent de parler. « Je suis consciente qu’il s’agit de neuf individus différents et qu’il faut les séparer. » Ce sera le travail du jury. Le sien consistera peut-être à pardonner. Mais pour l’envisager, « il faut un échange, une demande de pardon ». Par contre, ajoute directement cette mère de désormais deux enfants, « je ne pardonnerai jamais les trois terroristes de Zaventem et Maelbeek ».

Sa fille Maylie était, à 6,5 mois de grossesse, encore bien au chaud dans le ventre de sa mère lorsque Janaa a été soulevée du quai par le souffle de l’explosion. « Comment lui expliquer que ce que j’appelais pour la préserver ’un accident’ était en fait un acte intentionnel ? », se demande la fonctionnaire européenne, pour qui il est « incompréhensible de passer tant de temps à chercher comment fabriquer une bombe, trouver des cibles pour faire le plus de blessés et de morts possibles ».

« Ce tribunal est un endroit sinistre et je ne pensais pas y passer trois mois, déjà. Mais il s’y passe de belles choses aussi », a salué la Suédoise, remerciant notamment les autres victimes pour le partage, la compréhension, l’écoute et même l’affection qui y règne entre des personnes qui, avant, ne se connaissaient pas.

« Après sept ans, il faut tourner la page », estime la quinquagénaire. Non sans « continuer à parler de ce qui s’est passé. Le passé fait partie de notre présent et de notre futur », conclut Jaana Mettälä, avec une pensée pour les 32 personnes décédées à Zaventem et Maelbeek auxquelles elle se sent « connectée ».

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