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Masters en médecine: le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles va-t-il finir par dénoncer le mécanisme de l’enveloppe fermée?

Les travailleur.euses de l’enseignement supérieur appellent à en finir avec un mécanisme budgétaire qui nuit à la qualité de l’enseignement, à son accessibilité et aux conditions de travail de son personnel.

Carte blanche - Temps de lecture: 5 min

Dans un récent avis, l’Académie de Recherche et d’Enseignement Supérieur – donc les représentant.e.s du secteur de l’enseignement supérieur – a approuvé la création de 57 nouvelles habilitations. Pour rappel, les habilitations sont une forme d’autorisation des pouvoirs publics à organiser une formation, et la garantie que celle-ci soit financée. Parmi ces 57 habilitations, 2 en particulier ont défrayé la chronique et déchiré le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles : 2 masters en médecine qui seraient ouverts à Namur et à Mons.

Nous avons été particulièrement surpris.es, en tant que travailleuses et travailleurs de l’enseignement supérieur, d’entendre le président du MR déclarer que « l’enveloppe fermée de l’Enseignement supérieur impactera d’autres étudiants sur d’autres formations. On ne peut pas dépenser l’argent dont on ne dispose pas ». C’est en effet Valérie Glatigny, ministre MR de l’enseignement supérieur, et le gouvernement PS-MR-Ecolo qui sont responsables politiquement du maintien de ce système de financement hautement problématique, qui empoisonne notre enseignement depuis bien longtemps. Le gouvernement a le pouvoir de décider de suivre l’avis unanime des acteurs de l’enseignement, et de changer de système de financement. Si le problème est l’enveloppe fermée : chiche ! Ouvrons-la !

Asphyxie

Depuis 26 ans, l’enseignement supérieur est asphyxié par l’enveloppe fermée. Qu’importe le nombre d’étudiant.es, le financement global reste le même (sauf refinancements ponctuels). Ce qui importe, c’est la répartition des étudiant.es entre les établissements. Chaque établissement qui voit le nombre d’étudiant.es de son voisin grandir, doit impérativement organiser une « course à l’étudiant.e » à coups de dépenses publicitaires faramineuses, pour ne pas voir son propre budget diminuer. Cette concurrence est tout à fait schizophrénique dans la mesure où l’augmentation du nombre d’étudiant.es global fait chuter le financement par étudiant.e. Entre 1996 et 2021, le nombre d’étudiant.es est passé de 136.000 à 216.000, à budget quasi constant. Le financement par tête d’étudiant.e a donc chuté drastiquement. Ainsi sur la seule période 2008-2017, il a chuté de 10,2 % dans l’enseignement supérieur non-universitaire et de 18,4 % à l’université. Certes, des refinancements sont occasionnellement consentis. Mais sans impact majeur face à l’immensité du définancement structurel. La qualité de l’enseignement, son accessibilité, et les conditions de travail du personnel, en pâtissent gravement.

Entendre le MR poser le problème de l’enveloppe fermée pour justifier le refus de deux habilitations sur 57 semble, au minimum, tenir de la mauvaise foi : pourquoi ce problème ne toucherait-il pas les 55 autres ? Pourquoi restreindre le débat sur l’enveloppe fermée, qui corsète notre enseignement depuis des décennies, à deux potentielles nouvelles formations de master en 2023 ?

Depuis de nombreuses années, l’ensemble du secteur – recteur.ices, directions d’établissements, organisations syndicales, représentant.es du personnel académique, scientifique, technique et administratif, et étudiant.es – demande la fin du mécanisme en enveloppe fermée pour enfin pouvoir répondre aux besoins des étudiant.e.s, et garantir des conditions de travail décentes au personnel de l’enseignement supérieur.

Maintenant qu’il a été admis sur la place publique que le système de l’enveloppe fermée posait problème, peut-être serait-il temps d’en changer ?

*Signataires : Adam Assaoui (ULB) ; Alice Rees (UCLouvain) ; Anderson Martins de Sene (ULB) ; Anne Dubreucq (ULB) ; Anne Fromont (UCLouvain) ; Azzedine Hajji (ULB) ; Benjamin Mazuin (UCLouvain) ; Bruno Premoselli (ULB) ; Carla Nagels (ULB) ; Caroline De Pascale (UCLouvain) ; Caroline Scheepers (Université Saint-Louis – Bruxelles) ; Cécile Piret (ULB) ; Céline Parotte (ULiège) ; Charlotte Casier (ULB, CGSP ER) ; Chloé Branders (UCLouvain) ; Chloé Deligne (FNRS/ULB) ; Chloé Karakatsanis (UMONS, vice-présidente ORE) ; Christian Vandermotten (ULB, Académie royale de Belgique) ; Christine Frison (UCLouvain) ; Christophe Mincke (Université Saint-Louis – Bruxelles) ; Clémence Deswert (ULB) ; Colin Glesner (CRC-W) ; Damien Piron (ULiège) ; David Paternotte (ULB) ; Dzifanu Tay (UCLouvain) ; Eléonore Wolff (ULB) ; Etienne Castiau (ULB) ; François-Xavier Lievens (UCLouvain) ; Frédéric Dobruszkes (FNRS/ULB) ; Grégoire Wallenborn (ULB) ; Gwenaël Laurent (UCLouvain) ; Hadrien Macq (ULiège) ; Henry Maes (UCLouvain) ; Ingrid Falque (FNRS/UCLouvain) ; Jean-Michel Decroly (ULB) ; Joseph Vaessen (UCLouvain) ; Josepha Moriau (UCLouvain) ; Julien Vastenaekels (ULB) ; Juliette Ozer (ULiège) ; Juliette Renard (ULiège) ; Justine Contor (ULiège / HELMo) ; Justine Havelange (UCLouvain, Présidente AGL) ; Kevin Thibaut (ULiège) ; Laurence Rosier (ULB) ; Magali Legast (UCLouvain) ; Magali Prévot (UCLouvain) ; Marie Carlier (UCLouvain) ; Marie Jadoul (UCLouvain) ; Marie Kervyn (ULB) ; Marie Wibrin (HEPH-Condorcet – ULB) ; Marie-Sophie Devresse (UClouvain) ; Martine Evraud (ULiège – CSC-Services publics) ; Mathias de Schietere (UCLouvain) ; Mathias Sabbe (ULiège / UCLouvain) ; Mathieu Strale (ulb) ; Maud Hallin (ULiège) ; Maxime Michiels (UCLouvain) ; Merlin Tieleman (ULiège) ; Nathan Charlier (ULiège) ; Nathan Flore (ULiège) ; Nicolas Moens (UCLouvain) ; Nicolas Verschueren (ULB) ; Pauline Delperdange (UCLouvain) ; Pauline Delvallée (UMONS, présidente ORE) ; Pierre Delvenne (ULiège) ; Pierre Ozer (ULiège – Académie Royale des Sciences d’Outre-Mer) ; Pierre Stassart (ULiège) ; Renaud Maes (UMONS, UCLouvain Saint-Louis) ; Romain Biesemans (ULB) ; Simon Vanderstraeten (ULiège) ; Sixtine Van Outryve (UCLouvain) ; Noémie Godenir (UCLouvain) ; Tatiana Debroux (ULB – USL-B) ; Thomas Hausmann (ULB) ; Valérie Dufour (FNRS/ULB) ; Youri Mora (ULB).

 

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4 Commentaires

  • Posté par Joute Dodo, jeudi 6 avril 2023, 18:09

    Ceux qui défendent le principe de l'enveloppe fermée pour l'enseignement sont aussi ceux qui vont réclamer quand on expliquera que l'enseignement en Wallonie est plus mauvais qu'ailleurs. On ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre. Et l'enseignement coûte, quoi que vous en pensez.

  • Posté par Debrabander Jean, jeudi 30 mars 2023, 18:09

    C'est ça, et après nous le déluge ! Allons-y, dépensons l'argent que nous n'avons pas et après nous le déluge ! Et ce texte vient d'universitaires ! Vrai qu'ils n'ont jamais dû travailler dans le privé !

  • Posté par collin liliane, jeudi 30 mars 2023, 14:03

    L'enveloppe devrait non seulement être fermée, mais scellée et enfermée à double tour dans la chambre forte des souterrains inaccessibles d'une forteresse perdue dans un endroit inconnu. Le seul moyen d'empêcher la gauche de continuer à ruiner la Région.

  • Posté par Moritz Montanez, mercredi 29 mars 2023, 16:54

    Article en écriture inclusive, illisible et incohérent. Cette forme qui pique aux yeux plante d'emblée le paysage vindicatif et fermé que le lecteur rencontre. L'enveloppe fermée est un excellent système car tout le monde n'a pas besoin d'un diplôme de psychologue ou d'archéologue pour conduire un taxi ou ranger des conserves. Quid des examens d'entrée pour sélectionner les meilleurs éléments : après tout ce financement est avant tout un investissement de la société pour l'avenir de la génération suivante. Et par ailleurs, il y a assez de filières de cours du soir pour rebondir professionnellement par la suite.

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