Accueil Planète Climat

Menacés et insultés, des scientifiques climatiques fuient Twitter

Depuis qu’Elon Musk a acheté Twitter il y a six mois, le milliardaire Elon Musk a assoupli la modération des contenus problématiques et laissé revenir des personnalités auparavant bannies, comme Donald Trump.
Temps de lecture: 2 min

Des scientifiques confrontés à une déferlante d’insultes, voire de menaces, sur Twitter quittent désormais le célèbre réseau social, où le négationnisme climatique a bondi depuis sa prise de contrôle par Elon Musk.

Peter Gleick, un spécialiste du climat et de l’eau suivi par près de 99.000 personnes sur Twitter, a annoncé le 21 mai qu’il ne publierait plus de messages sur la plateforme, l’accusant d’amplifier le racisme et le sexisme.

Le chercheur se dit habitué aux « attaques agressives, personnelles et ad hominem, allant jusqu’aux menaces physiques directes ». Mais, a-t-il confié à l’AFP, « ces derniers mois, depuis l’arrivée du nouveau propriétaire et les changements chez Twitter, la quantité et l’intensité des agressions ont grimpé en flèche ».

Depuis qu’il a acheté Twitter il y a six mois, le milliardaire Elon Musk a assoupli la modération des contenus problématiques et laissé revenir des personnalités auparavant bannies, comme Donald Trump. Robert Rohde, de l’association Berkeley Earth, a aussi analysé l’activité de centaines de comptes de spécialistes très suivis s’exprimant sur la science climatique, avant et après l’achat de Twitter.

À lire aussi Médias : comment (bien) parler de l’urgence climatique ?

Il a conclu que ces tweets n’avaient plus le même écho : le nombre moyen de « likes » (pour marquer l’approbation) a chuté de 38 % et ils ont été retweetés 40 % moins souvent.

Désinformation

Twitter n’a pas commenté directement sur les changements apportés à ses algorithmes, qui génèrent le trafic et la visibilité sur le réseau. Contacté, le service de presse de la firme a répondu par un courriel généré automatiquement… avec un emoji en forme de crotte.

Elon Musk avait toutefois expliqué en janvier la philosophie sous-tendant les changements. « Les gens de droite devraient voir plus de trucs “de gauche” et les gens de gauche devraient voir plus de trucs “de droite”». « Mais vous pouvez juste bloquer si vous voulez rester dans une chambre d’écho ».

Dans une autre analyse, la célèbre climatologue Katharine Hayhoe a examiné les réactions à un même tweet qu’elle a volontairement publié deux fois, avant et après le rachat de Twitter. Les réponses provenant de trolls ou de bots – des comptes automatiques qui diffusent régulièrement de la désinformation – avaient augmenté de 15 à 30 fois en comparaison des deux années précédentes, selon elle. Jusqu’au rachat de Twitter en octobre, « mon compte connaissait une croissance régulière, avec au moins plusieurs milliers de personnes nouvelles me suivant chaque mois. Mais ça n’a plus changé depuis », a-t-elle expliqué à l’AFP.

« Trolls professionnels »

Andrew Dessler, professeur de science atmosphérique à l’université A&M du Texas, a pour sa part décidé de reporter l’essentiel de sa communication sur le climat vers une autre plateforme nommée Substack. « Les communications consacrées au climat sur Twitter sont moins utiles (maintenant) parce que j’observe que mes tweets suscitent moins d’implication », indique-t-il. « En réponse à presque n’importe quel tweet sur le changement climatique, je suis inondé de réponses provenant de comptes vérifiés avec des affirmations trompeuses ou mal informées », souligne-t-il.

À lire aussi Biodiversité: ne pas emprunter la voie du déclin

D’autres ont tout simplement abandonné Twitter. Katharine Hayhoe calcule que sur les 3.000 scientifiques du climat qu’elle a listés, 100 ont disparu après le rachat de la firme à l’oiseau bleu. La glaciologue Ruth Mottram était suivie par plus de 10.000 personnes sur Twitter mais a ainsi choisi de partir en février, rejoignant un forum de scientifiques sur Mastodon, un réseau social décentralisé créé en 2016. Elle se félicite d’y avoir trouvé un environnement « beaucoup plus calme ». « Je n’y ai pas rencontré d’insultes ou même de gens qui questionnent le changement climatique », raconte-t-elle à l’AFP.

Michael Mann, climatologue réputé de l’université de Pennsylvanie, lui-même régulièrement attaqué en ligne, estime que la hausse de la désinformation est « organisée et orchestrée » par des opposants aux politiques climatiques.

Dans un ouvrage publié en 2022 (The new climate war, non traduit), il rapportait l’action de producteurs de pétrole pour encourager le négationnisme climatique sur les réseaux sociaux. « Les trolls professionnels manipulent l’environnement sur internet avec des publications stratégiques qui génèrent du conflit et de la division », a-t-il assuré à l’AFP.

 

Le fil info

La Une Tous

Voir tout le Fil info

5 Commentaires

  • Posté par Van Wemmel Thierry, mercredi 24 mai 2023, 9:37

    Heureusement qu'il y a un concurrent, même s'il n'est pas parfait. Si le mouvement s'amplifie, cela pourrait être une bonne chose. Les dégoutés partis, il ne restera plus que les dégouta...

  • Posté par Ernotte Sébastien, mercredi 24 mai 2023, 8:59

    Idem sur LinkedIn, les scientifiques qui ont osé dénoncer le scandale vaccinal arn sont insultés comme les scientifiques du Giec

  • Posté par Van Wemmel Thierry, mercredi 24 mai 2023, 9:44

    Je ne cautionne pas l'insulte, mais l'histoire de la Chloroquine a tuée. Donc il faudrait que vous développiez vos propos de "scandale vaccinal" pour que je puisse prendre position, non pas sur les insultes car j'ai dis ce que j'en pensais, mais sur le fond de vos propos et des leurs.

  • Posté par Patric Stun, mercredi 24 mai 2023, 8:12

    Quoi? Ils ne supportent pas la contradiction ?

  • Posté par Even Philippe, mercredi 24 mai 2023, 8:55

    Entre contradiction et insultes ou menaces sur leur personne ou leur famille... il y a une grande différence. Regardez les mandataires communaux et autres qui arrêtent la politique car les gens, de plus en plus égoistes, vont jusqu'a la menace (parfois les attaques aux biens personnels) s'ils n'ont pas une réponse positive de ces mandataires a leur demande (meme si cela irait a l'encontre des lois)

Aussi en Climat

Voir plus d'articles

Le meilleur de l’actu

Inscrivez-vous aux newsletters

Je m'inscris

À la Une