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Qu’est-ce qu’on s’ennuie!

Faut-il maintenir le débat politique du dimanche midi ? Si l’audience détale, c’est parce que notre personnel politique manque de verbe et que les sujets inscrits à notre agenda politique sont ennuyeux.

Journaliste au service Politique Temps de lecture: 3 min

A l’époque, le poste de télévision (comme on disait) était encore une atrocité d’un demi-mètre de profondeur. La bête était plutôt laide – et, of course, « jouait » en noir et blanc. Et c’est donc en noir et blanc que Frédéric François, en 1966, créa sur la chaîne publique le débat politique du dimanche midi – la plus vieille émission de la RTB(F), avec le Jardin extraordinaire (créé en 1965, mesdames/messieurs). Cela s’appelait « Faire le point » qui est devenu, plus tard (avec la couleur) « Mise au point. » On a vu défiler là tous les diplodocus du zoo national – et une pensée émue, une, pour Wilfried Martens qui, je le sais, je le sens, jura là, un beau dimanche du début des années 1980, que les Belges « sortaient du tunnel » (tunnel = dette publique de dingue, austérité de taré, emmerdements maximum).

Sortir du tunnel.

Tu parles.

Si l’on cause de ça, c’est parce que la chaîne publique, autant que la privée d’ailleurs, médite en continu sur l’opportunité de maintenir (ou pas, ou plus comme ça…) son office politique du dimanche.

C’est que, en gros, l’audience détale.

A notre très modeste avis : ce n’est pas la formule qui est en cause. C’est, d’abord, un personnel politique qui est ce qu’il est en Belgique. Pour le dire aimablement : ils ne sont pas de formidables orateurs – à l’exception, peut-être, d’Olivier Maingain ou de Didier Reynders, qui ont un peu de verbe, et cette larme de fiel qui fait le sel des échanges, nos élus sont des machouilleurs de banalités polies et prévisibles.

Et puis, surtout, nos débats sont ce qu’ils sont – techniques et répétitifs.

On aimerait rêver. On aimerait du souffle. On aimerait des visions.

Mais on reste au sol, dans le bridouillage technico-technique.

A la longue, on se fatigue de Doel 1 et Saoule 2. Et plus encore de ce tax shift qui nous vaut des échanges de plus en plus obscurs.

L’idée, on la connaît. Le gouvernement compte diminuer les charges pesant sur le travail à hauteur de 5 milliards, affaire à compenser (entièrement ou non – c’est le premier débat) en touchant fiscalement « autre chose. »

C’est l’autre chose qui divise.

Le VLD exclut toute hausse de fiscalité – ou de la TVA. La N-VA refuse de toucher aux voitures de société et exclut toute hausse de la fiscalité immobilière et toute atteinte au patrimoine. Le MR parle de toucher les pollueurs (via le diesel), les spéculateurs (on ciblerait les plus-values, mais uniquement spéculatives) et on renforcerait la lutte contre la fraude (air connu). Le CD&V, lui, parle de relever la TVA (ce que le VLD exclut catégoriquement, rappelez-vous).

Vous baillez ? Nous aussi (fort).

A l’addition, on ne sait plus qui veut quoi (on sait juste ce que… qui ne veut pas.)

Bonne chance à Charles Michel, désormais sommé de trouver son chemin dans une sorte de centre-ville qu’un fonctionnaire fou aurait saturé de sens interdits.

Hep, tax shift !

 

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