Nice et l’Etat français continuent à s’étriper

Dix jours après le massacre de la Promenade des Anglais, qui a fait 84 morts à Nice lors des fêtes du 14 juillet, la stupéfaction et la tristesse laissent, une fois de plus, la place à de sourdes querelles sur fond de combat à couteaux tirés entre la ville et la Région (dirigée par l’ex-maire de droite Christian Estrosi (LR) talonné par le Front National) et l’Etat, incarné par le ministre de l’Intérieur (PS) Bernard Cazeneuve. [scald=1814476:sdl_editor_representation] « Harcelée une heure » Dans ses éditions du week-end, le Journal du Dimanche (JDD) publiait l’interview de Sandra Bertin, la cheffe du Centre de Supervision Urbain (CSU) de Nice, en charge de la gestion des 1.400 caméras de surveillance installées sur le territoire de la ville. Cette policière municipale (qui ne fait donc pas partie de la Police nationale), par ailleurs secrétaire générale du Syndicat autonome de la fonction publique, affirmait que « le cabinet du ministre de l’Intérieur avait envoyé un commissaire au CSU » qui l’avait « mise en ligne avec la place Beauvau (siège du ministère de l’Intérieur, NDLR) », l’enjoignant de préciser que le dispositif d’accès à la Promenade des Anglais comprenait bien « en deux points » des éléments de la police nationale. « J’ai été harcelée pendant une heure, déclare Sandra Bertin. On m’a ordonné de taper des positions spécifiques de la police nationale que je n’ai pas vues à l’écran. Je lui ai répondu que je n’écrirais que ce que j’avais vu. La police nationale était peut-être là, mais elle ne m’est pas apparue sur les vidéos. » L’enjeu de ces vidéos est de déterminer si les points de contrôle à l’entrée de la Promenade des Anglais, le soir du 14 juillet, étaient suffisants et à qui, en cas de réponse négative, en incombait la responsabilité : police municipale ou nationale. Sandra Bertin, dans ses fonctions syndicales, est également la cosignataire d’une lettre ouverte dénonçant « le manque de considération du gouvernement pour la police municipale ». Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a annoncé le dépôt d’une plainte en diffamation contre la fonctionnaire de la police municipale niçoise. « Les accusations indignes de ce jour s’inscrivent dans la suite des polémiques virulentes que certains élus de Nice ont souhaité entretenir puis alimenter chaque jour depuis le terrible attentat du 14 juillet », a estimé le ministre par voie de communiqué. Le procureur de la République de Paris, François Molins, a précisé que le commissaire et l’un de ses adjoints envoyés (en fait, deux brigadiers-chefs) à Nice l’avaient été « sous sa seule autorité et pour les seuls besoins de l’enquête », excluant toute intervention directe du ministère de l’Intérieur. [scald=1814481:sdl_editor_representation] « Mensonge d’Etat » Dès le lendemain de l’attentat, le président de Région Christian Estrosi (LR) avait déjà parlé d’un « mensonge d’Etat » sur la question des effectifs de sécurité déployés sur la Promenade des Anglais, malgré l’existence de documents révélés par Libération faisant état de 55 à 92 policiers nationaux, en sus des policiers municipaux auxquels incombait l’essentiel du dispositif. [scald=1814477:sdl_editor_representation] La mairie de Nice avait dû se défendre d’avoir laissé circuler le camion de l’attentat à proximité de la Promenade alors que c’était interdit. Nice-Matin avait par ailleurs révélé l’existence d’une injonction judiciaire ordonnant de détruire le contenu des caméras de surveillance en possession de la Ville. La justice, disposant des copies d’images utiles à l’enquête, ne souhaitait pas prendre le risque que des copies des vidéos circulent sur l’internet. L’avocat de la Ville de Nice va s’opposer à cette demande de destruction. Elle pourrait, selon lui, servir en cas d’actions judiciaires menées après l’enquête pénale… [scald=1814478:sdl_editor_representation]

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