Il manque une stratégie de relance inclusive

Après (près de) deux ans aux affaires, la Suédoise ex-kamikaze est bien en vie, droite sur ses jambes, mais ça ne fait pas son bonheur – le nôtre, chacun jugera. Comme ils l’ont montré samedi à Val Duchesse, en séminaire express avant les départs en vacances, les ministres fédéraux alignent à ce stade une série impressionnante de réformes (ou présumées telles), en pensions, en Sécu, en emploi, en fiscalité, on en passe. Rarement une majorité gouvernementale aura présenté un bilan aussi fourni en aussi peu de temps. Un train. Un rouleau compresseur aussi. Qui, au passage, a compressé les organisations syndicales (elles y ont mis du leur, remarquez, opérant tout le temps dans le désordre), les acculant à ce que Charles Michel a qualifié de « radicalisme syndical » – une expression discutable qui a fait polémique et que le chef du gouvernement maintient –, en tout cas à une forme d’activisme qui n’a pas grand-chose à voir avec ce que l’on appelle le mouvement social. La Suédoise peut s’en réjouir. [scald=1818780:sdl_editor_representation] Pour autant, on le disait, le bilan dressé samedi à Val Duchesse ne suffit pas. Pas même les « vingt-cinq mesures phares pour 2017 » annoncées à l’issue de la retraite au château. En fait, l’exaltation des « réformes », qui est la tendance dominante dans la suédoise et qui tend à dominer plus encore, en plus de tresser, qu’on le veuille ou non, un discours ultra qui droitise une majorité déjà ancrée à droite, finit par tourner à vide et pourrait lui aliéner une opinion publique pas convaincue, c’est vrai du côté francophone. [scald=1818779:sdl_editor_representation] Cela, Charles Michel l’a senti. Sa majorité est coriace, très entreprenante à sa façon, mais elle n’a pas une « approche orientée “projets” », pour utiliser l’expression de trois « grands patrons » – Baudouin Meunier, Johnny Thijs et Bernard Delvaux – qui s’étaient exprimés le 18 mai dernier dans une Carte blanche, et pas forcément soupçonnés d’être des opposants gauchisants. En fait d’« approche orientée projets », disons, en termes généraux, qu’il manque une stratégie de relance, inclusive socialement. Le Premier ministre l’a senti, disait-on. D’où son idée à lui, distillée ces derniers jours, testée auprès de quelques interlocuteurs, de voir le gouvernement mettre l’accent l’an prochain sur le thème des « investissements publics productifs », à commencer par la mobilité, dit-il. Les « investissements publics »… Un changement de ton et de termes qui tendrait à « social-démocratiser », oserait-on dire, la suédoise. Pour l’anecdote, notez que cela rendrait justice au mot. Pour le reste, on se demande si Charles Michel n’est pas seul, dans sa majorité, à plaider la cause – un peu, il est vrai – du droit d’inventaire à mi-législature. [scald=1818778:sdl_editor_representation]

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