La semaine infernale de Joachim Herrmann, le «François Molins» bavarois

Vous avez connu une mauvaise semaine ? Dites-vous que cela pourrait être pire : vous pourriez être le ministre de l’Intérieur de la Bavière. Vous pourriez être Joachim Herrmann. Le ministre du plus vaste Land d’Allemagne, une super-région aux pouvoirs élargis, est en première ligne depuis une semaine. Sept jours infernaux où Joachim Herrmann a fait face à une tuerie de masse, un meurtre à la machette et deux attentats revendiqués par le groupe Etat islamique. [scald=1827382:sdl_editor_representation] Le premier coup porté en Bavière l’a été à coup de hache, dans un train à Wurtzbourg, le 18 juillet. Un jeune homme de 17 ans agresse les passagers avant d’être abattu. L’attaque sera revendiquée par Daesh. Rebelote dimanche 24 au soir : nouvelle attaque revendiquée par le groupe terroriste. Cette fois, c’est un attentat-suicide. C’est beaucoup, pour un pays jusque-là épargné par les attaques inspirées par l’islam radical. « Il s’agit malheureusement d’un nouvel attentat terrible, se désole notre ministre de l’Intérieur local, qui, à coup sûr, accroît l’inquiétude des gens », analyse Joachim Herrmann, venu sur les lieux de l’explosion à Ansbach. [scald=1827383:sdl_editor_representation] Entre ces deux attentats, le chemin de croix de ce chrétien pratiquant de 59 ans continuait avec la fusillade de Munich. Un germano-iranien de 18 ans a ouvert le feu sur des jeunes dans un McDonald’s puis dans le centre commercial attenant. Bilan : 9 morts et le suicide du forcené, peut-être inspiré par Anders Behring Breivik. Enfin, le 24 juillet, un homme a tué une femme à coups de machette et en a blessé deux autres dans les rues de Reutlingen, au sud de Stuttgart. « Crime passionnel », ont rapidement expliqué les enquêteurs. Un crime qui, dans le climat de stupeur actuel fait cependant la « Une » des sites d’information du monde entier… Deux points communs à cette série sanglante : 1 – À chaque fois, Joachim Herrmann est en première ligne. Il rassure la population, adresse publiquement ses condoléances, entre en contact avec son homologue fédéral et répond aux sollicitations médiatiques. Parfois, au milieu de la nuit. 2 – À chaque fois, à exception de Munich, le crime est signé par un demandeur d’asile ou un réfugié. Afghan (bien qu’il ait sans doute menti sur sa nationalité) à Wurtzbourg, syriens à Reutlingen et Ansbach. Le ministre bavarois de l’Intérieur est soucieux de l’unité de sa population. Mais, sur le thème du vivre-ensemble, Joachim Herrmann fait montre d’une certaine réserve. Il se sait attendu au tournant. Tout juste se déclare-t-il « inquiet que le droit d’asile soit discrédité » par les événements d’Ansbach. Est-ce parce que, dès janvier 2016, ce cacique de la CSU appelle à « mettre un frein à l’afflux de réfugiés » ? Il exigera aussi « le renforcement strict des frontières extérieures de l’Union européenne ». Un positionnement tout sauf neutre pour Joachim Herrmann, membre de la CSU (l’équivalent sudiste de la CDU au pouvoir) depuis 1977, parti qui a ouvert les bras aux centaines de milliers de demandeurs d’asile syro-irakiens de la récente crise migratoire. Chrétien-démocrate, tendance dure Au CSU, Herrmann occupe l’aile droite. Le petit frère de la CDU en Bavière a, depuis le début de la crise migratoire, affirmé une position plus dure. En 2015, le ministre de l’Intérieur de Bavière avait élaboré un projet de zones de transit, où le pedigree des immigrants serait passé au peigne fin. L’opposition de gauche avait parlé de « zones de détention ». Alors, pour désamorcer les tensions depuis la série d’attaques, on envoie plutôt le ministre fédéral au créneau : « Nous ne devons pas porter de soupçon généralisé contre les réfugiés, même s’il y a des procédures qui sont engagées dans des cas isolés » contre eux, a affirmé Thomas de Maizière. Le risque criminel représenté par les réfugiés dans le pays n’est proportionnellement « pas plus grand que dans le reste de la population », a renchéri la porte-parole ajointe du gouvernement, Ulrike Demmer, lors d’un point presse. [scald=1829105:sdl_editor_representation] La crainte est grande pour le gouvernement d’Angela Merkel de voir l’appréhension de la population à l’égard des migrants, dont un nombre record est arrivé l’an dernier, redoubler suite aux événements des derniers jours. [scald=1827381:sdl_editor_representation] Joachim Herrmann de son côté, pare au plus pressé. Le « François Molins de Bavière » répond aux menaces sur un ton martial, emprunt d’empathie pour les victimes. Avant de lancer sa carrière politique, le ministre bavarois a effectué son service militaire (1975 – 1976). Il est toujours commandant de réserve dans la Bundeswehr. L’armée qu’il souhaite justement mobiliser pour répondre au climat d’insécurité. « Je souhaite que, dans des cas extrêmes comme les attentats terroristes, l’on puisse solliciter l’armée », disait-il au Welt Am Sonntag le week-end passé. Une interview donnée avant l’attentat-suicide d’Ansbach, où le pire a peut-être été évité, eut égard à la présence de 2.500 festivaliers sur zone. L’opinion d’Herrmann détonne, dans un pays toujours traumatisé par l’échec de la République de Weimar. « Nous vivons dans une démocratie absolument stable », rassure-t-il. « L’armée peut être utilisée à l’intérieur des frontières pour protéger les citoyens. » Parole du commandant Herrmann.

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