Sarkozy dispute à Hollande le monopole de la République
Nicolas Sarkozy a mis ce samedi « Les Républicains » sur les rails. L’occasion de donner la réplique à François Hollande, qui avait dessiné sa vision de la France au Panthéon. Mais l’unité du parti promet d’être mise à rude épreuve.


Ce serait un «congrès fondateur », avait annoncé Nicolas Sarkozy. L’UMP ne serait plus. Ce samedi, porte de la Villette à Paris, ce serait l’avènement des « Républicains ». De là à faire table rase du passé ?
Sur la forme, la rupture est bel et bien là. Plus de musique pour accueillir comme avant le patron du parti sous un tonnerre de décibels. Plus d’estrade à l’américaine. Plus de compteur géant pour dérouler le score du vote des adhérents (la veille, ils se sont prononcés à 83% pour le nouveau nom). Plus de people ou si peu (la jeune navigatrice Maud Fontenoy est parmi les rares mis en avant). Bref, plus de bling bling.
La transformation, pourtant, s’arrête là. Les Républicains, que les médias français peinent à appeler ainsi (beaucoup préfèrent le sigle neutre « LR »), ne font pas la révolution. La ligne de l’UMP ? Elle s’affiche toujours sur les T-shirts colorés des jeunes militants. «Travail, excellence, mérite », lit-on sur le dos de l’un. «L’école manipulée », découvre-t-on sur la poitrine d’un autre. « Je ne vois pas pourquoi il faudrait être complexé de ne pas être de gauche », dit celui-ci. « Si on laisse certains sujets au Front national, il ne faudra pas s’étonner de faire monter l’extrême droite ! »
A la tribune, la droite réaffirme ses valeurs avec une même autorité. « C’est à l’islam de s’adapter à la République », lance le député Eric Ciotti. «L’affaire Leonarda est le symbole d’un socialisme décrépi », embraye l’ancien ministre Brice Hortefeux. Et la salle ne réagit jamais autant que lorsqu’on l’invite à huer ses épouvantails préférés, la ministre de la Justice Christiane Taubira et celle de l’Education, Najat Vallaud-Belkacem.
Fillon et Juppé sifflés
La droite voulait montrer l’image du rassemblement, de l’unité retrouvée. « Les journalistes guettent la petite phrase qui fera le buzz et nous fera tant de mal», avertit Xavier Bertrand, le premier des présidentiables à montrer sur l’estrade.
La primaire de désignation du candidat à la prochaine présidentielle n’est pas pour autant mise entre parenthèses. Si personne n’en parle ouvertement, elle reste dans toutes les têtes. Bruno Le Maire, probable candidat au dossard, s’échauffe déjà. « En 2017, nous en finirons avec François Hollande. Faisons tomber les murs de cette classe politique qui ne se renouvelle jamais. Vous butez contre les mêmes visages ? Nous allons vous en offrir de nouveaux », propose-t-il comme s’il offrait déjà ses services. « Bruno, Bruno président ! », scandent d’ailleurs déjà ses supporters.
Les hostilités ne sont pas loin d’être ouvertes. François Fillon essuie les premières huées. « Traître ! », crie un militant quand monte à la tribune celui qui est soupçonné d’avoir voulu déstabiliser Nicolas Sarkozy en demandant au secrétaire général de l’Elysée Jean-Pierre Jouyet que la justice « tape fort » contre son rival. Bonjour l’accueil… républicain.
Alain Juppé est à peine moins mal accueilli. Les applaudissements se mêlent aux huées. « Certains me sifflent. Ca me fait de la peine. Mais ça ne change pas ma détermination. Vous êtes ma famille ! », entame le maire de Bordeaux. Suit un discours sur la «nation heureuse » qu’il veut promouvoir. «J’ai aimé l’UMP, j’aimerai les Républicains », veut-il croire. Avant de remercier Nicolas Sarkozy d’avoir joué le jeu du rassemblement. Il ne sera pas dit que ce sera lui, le diviseur…
Le président du parti saisit la main tendue et salue en lui « l’homme d’Etat ». Moins de deux ans avant l’échéance présidentielle, les deux barons de la droite savent qu’ils n’ont aucun intérêt en ce moment à la division.
Mais Nicolas Sarkozy savoure de rester pour l’heure le seul patron. Porté en triomphe par une salle tout acquise à sa cause, et même si les 20.000 participants initialement attendus sont loin d’être au rendez-vous, il déroule sa vision de la France. Comme une entrée en campagne. Giscard piquait Mitterrand en lui disant qu’il n’avait pas le monopole du cœur ? Sarkozy mouche Hollande en lui faisant valoir qu’il n’a pas le monopole de la République. Dans sa bouche, le mot revient des dizaines de fois. Tout comme celui de la confiance. Sa définition ? «La république de la confiance, c’est celle dans laquelle l’électeur a confiance dans l’élu, l’élève dans le maître, l’ouvrier dans le patron, le citoyen dans la police et la justice de son pays, où le peuple a confiance dans sa culture et dans ses valeurs, où la nation a confiance en elle-même. »
On n’en est encore qu’à la guerre des concepts. Mais l’ancien président s’impatiente visiblement de brûler les étapes. Il renvoie ses deux adversaires dos à dos : Marine Le Pen à son « drame familial » et François Hollande à sa « terrifiante médiocrité ».
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