Rapport Fenech: «Il faut restructurer nos services de renseignement»

Le 5 juillet, le président Georges Fenech (Les Républicains) et le rapporteur Sébastien Pietrasanta (Parti Socialiste) de la commission d’enquête parlementaire sur les attentats de janvier et novembre 2015 présentaient leurs conclusions de travail sur les « moyens mis en œuvre par l’État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier 2015. » Dans leur rapport, ils pointent du doigt les « aberrations » mises au jour après six mois d’enquête et dévoilent quarante propositions pour améliorer la lutte contre le terrorisme. [scald=1856971:sdl_editor_representation] Réorganiser les services de renseignement L’essentiel des conclusions présentées dans le rapport porte sur l’échec global du renseignement français. Interrogé par Le Soir, Georges Fenech a réaffirmé le besoin de restructurer des services de renseignement « pour un meilleur partage de l’information ». La mesure phare proposée par la commission d’enquête préconise la création d’une « agence nationale du renseignement » pour la lutte contre le terrorisme, inspirée du Centre national antiterroriste créé aux États-Unis après le 11 septembre 2001, qui serait pilotée par un « directeur national des renseignements directement rattaché au chef de l’État ». [scald=1856972:sdl_editor_representation] Une lutte européenne Autre effort de coordination, au niveau européen cette-fois. Consulté par Le Soir, Georges Fenech estime que les cas d’espèce étudiés par la commission d’enquête ont prouvé « l’insuffisance des échanges d’informations entre pays européens, notamment entre la Belgique et la Grèce ». Le député Les Républicains réclame, entre autre, qu’Europol (Agence européenne de renseignement) soit dotée d’une « base commune du site d’information accessible à tous ». Un contrôle judiciaire défaillant L’attaque d’hier dans l’église près de Rouen vient-elle donner raison à certaines des recommandations du « rapport Fenech » ? Pour le député, elle met en exergue la défaillance du contrôle judiciaire. « Le paradoxe c’est que lorsqu’un individu est placé sous contrôle judiciaire, il ne peut pas faire l’objet d’une surveillance par les renseignements, en raison du respect des droits de la défense » déplore le président de la commission d’enquête. Ce paradoxe, également soulevé par le patron de la DGSI, Georges Fenech entend y répondre en proposant l’élargissement et le renforcement de la surveillance des personnes soupçonnées de terrorisme. [scald=1856973:sdl_editor_representation] Dans un communiqué de presse hier matin, le député Les Républicains a proposé trois mesures, selon lui urgentes à mettre en place, au vu des derniers événements. Les deux premières sont personnelles, et n’engagent pas les conclusions de la commission d’enquête. L’une recommande la création d’un nouveau délit incriminant l’adhésion à l’idéologie islamiste radicale tandis que l’autre appelle à la construction d’un centre pénitentiaire entièrement dédié aux prévenus et condamnés pour faits de terrorisme. Qualifié par la presse de « Guantanamo à la française », ce centre permettrait selon Georges Fenech « d’é viter un effet de radicalisation par contamination » dans les prisons, « dans le respect du droit, évidemment ». Sa troisième proposition rejoint, elle, les conclusions du groupe parlementaire et porte sur la création d’une « agence nationale de lutte anti-terroriste disposant d’une base commune du renseignement ». Le président de la commission d’enquête s’est également déclaré « à la disposition du Premier ministre pour lui faire part de nos propositions dans un esprit d’union et constructif ». Sans retour de la part du gouvernement, le « rapport Fennech » reste, jusqu’ici, lettre morte.

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