Lutte contre le terrorisme: des CRS armés à la côte d’Opale

Mardi 26 juillet, 14h. L’après-midi s’annonce ensoleillée sur Malo-les-Bains, un petit quartier résidentiel de la ville de Dunkerque. Malgré une brise fraîche, les touristes sont déjà nombreux à se prélasser sur « la reine des plages du Nord ». Si les baigneurs se font rares, les touristes ne résistent pas à l’envie de se dorer la pilule paisiblement allongés sur leurs serviettes. Quelques enfants plus remuants préfèrent s’essayer à la construction de châteaux de sable quand d’autres terminent encore leur pique-nique auprès des cabines de plages. Non loin d’eux, une jeep rouge est stationnée devant un grand bâtiment dont la peinture verte est écaillée par l’air salé : le poste de surveillance. Comme chaque année, une dizaine de policiers de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS) ont été mobilisés en qualité de nageurs-sauveteurs pour assurer la sécurité des plagistes. Pas facile de les reconnaître dans la tenue qu’ils arborent. Casques et armures ont été mis au placard pour laisser place aux shorts de bain et aux tongs. Mais il ne faut pas se fier aux apparences. Depuis cette année, le chef du poste de secours et son adjoint sont équipés d’une arme, un pistolet 9 mm, dissimulé à l’intérieur d’une ceinture ventrale. Une décision prise par le ministère de l’Intérieur dans le cadre de la lutte antiterroriste. [scald=1878278:sdl_editor_representation] Moins d’agents, plus d’équipements Depuis l’été 1958, des CRS nageurs triés sur le volet sont déployés sur l’ensemble du littoral français. Trente-six d’entre eux le sont dans la région Hauts de France (anciennement Nord-Pas-de-Calais/Picardie), répartis sur huit stations balnéaires. Tous ont suivi une formation spécifique avant d’être sélectionnés. Ils travaillent en collaboration avec les sauveteurs civils engagés par les collectivités locales. Ensemble, ils sont amenés à réaliser des interventions diverses. Souvent, il ne s’agit que de petits bobos ou d’enfants perdus sur la plage, mais ils peuvent aussi effectuer des opérations plus complexes (gérer malaises, noyades). Contrairement aux civils, les CRS ont également le pouvoir de dresser des procès-verbaux en cas d’infraction. Arrivés plus tard cette année en raison de l’Euro 2016 et de l’état d’urgence, les CRS seront moins nombreux sur les plages. La mesure du ministère de l’Intérieur leur permet toutefois d’être armés d’un 9 mm pour assurer la sécurité des touristes et leur propre protection. Jusqu’à présent, ils ne possédaient qu’une matraque télescopique et une paire de menottes, conservés à l’intérieur du poste. Une décision dont se réjouit Christophe Rispal, directeur général de l’intercommunale des Dunes des sables, responsable de la sécurité sur la plage de Malo-les-Bains. « Les années précédentes, on pouvait peut-être se poser la question de savoir si leur présence était appropriée. Mais là, suite à l’attaque dans l’église et aux événements de la fête nationale, on voit bien quel pourrait être l’intérêt de ces hommes, armés de surcroît ». Un avis partagé par de nombreux plagistes, comme Lucie et Sébastien, un jeune couple de Liégeois en vacances avec leur fille. « Le risque zéro n’existe pas. N’importe où, il peut y avoir une personne défaillante mentalement. Si on vient en vacances en France, c’est pour se sentir en sécurité. Avant, nous partions souvent sur les côtes maghrébines mais maintenant, ça nous fait peur. On pourrait penser que les enfants ont peur de voir des policiers sur la plage, mais même eux ont conscience du danger ». D’autres sont plus dubitatifs. Christian, marchand ambulant d’objets de plage, estime que le dispositif actuel est suffisant. « La police nationale patrouille déjà toutes les demi-heures autour de la plage et il y a des caméras partout. Je ne me sens pas en insécurité et je ne crois pas qu’armer les CRS nageurs-sauveteurs changera quoi que ce soit si jamais il doit y avoir un attentat ». Chaque année, près de 1,5 million de touristes affluent sur les côtes du nord de la France. L’état d’urgence a été prolongé de six mois par le gouvernement français après l’attentat de Nice.

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