La crise du lait profite aux distributeurs, pas aux consommateurs

Etrange. Le secteur laitier connaît une crise sans précédent. Les cours du lait sont historiquement bas. Mais le Belge, lui, paie plus cher sa brique de lait que l’année passée. Les prix chez les distributeurs du lait demi-écrémé et entier ont en effet augmenté de 17,4 % et de 16,2 % entre le deuxième trimestre 2015 et le deuxième trimestre de l’année en cours, dit l’Observatoire des prix à la consommation. Explication. [scald=1924910:sdl_editor_representation] 1 C’est la crise Pour comprendre cette inflation (conséquente) des prix de la boisson, un bref flash-back est nécessaire. Souvenez-vous l’été dernier : en août 2015, les partenaires de la concertation belge de la chaîne agroalimentaire passent un accord. Presque historique (le même deal avait été scellé en 2009). Les producteurs de lait exsangues – la suppression des quotas a provoqué le chaos dans l’Union, et la demande asiatique en baisse ainsi que l’embargo russe ont plongé le marché dans une forte surproduction – réclament moins de pression sur les prix de la part des distributeurs. Il est décidé que ces derniers leur verseront pendant six mois une aide de 14 centimes par litre vendu. L’aide est distribuée dès octobre 2015. Au total, ce sont 42 millions d’euros qui auront été collectés. [scald=1924908:sdl_editor_representation] 2 C’est le client qui paie Comme souvent dans une crise, le consommateur est rapidement impacté. Ici, la mesure est claire : l’aide fournie sera répercutée entièrement sur Monsieur et Madame Tout-le-monde. Les prix du lait en magasin augmentent donc fortement dès octobre 2015. Ceux de la brique de lait demi-écrémé et entier grimpent respectivement de 19,5 % et de 17,7 %. Pour ensuite se stabiliser. En mai 2016, l’accord entre les partenaires prend fin. Mais les prix, eux, ne redescendent que très légèrement. Entre mai et juin, le lait demi-écrémé vendu en magasin baisse de 1,3 % et celui du lait entier progresse même de 1 %. Chez les producteurs, pourtant, la descente aux enfers se poursuit : entre le pic de décembre 2013 et mai 2016, le prix de leur produit est 45,4 % moins important. Les chiffres de l’Observatoire s’arrêtent en juin mais en juillet, le constat est similaire : le prix payé aux producteurs a encore baissé de 0,5 cent au litre. Votre addition, elle, n’a toujours pas diminué. 3 C’est le distributeur qui gagne Dans son rapport, le SPF économie précise « qu’on aurait pu s’attendre à une baisse plus significative des prix à la consommation du lait. » Bref, malgré l’octroi d’une aide d’urgence, la marge brute des distributeurs a, elle, bel et bien augmenté. Chez Comeos, la fédération du commerce, Dominique Michel répond que « les distributeurs ont accordé l’aide aux producteurs dès octobre. Mais ne se sont pas mis d’accord sur le moment où ils allaient répercuter cette hausse des coûts sur le consommateur. Tout simplement parce qu’un accord sur les prix est interdit par l’Europe ! ». Et que donc « chaque distributeur impacte à son rythme ». L’effet serait toujours en cours. « Rendez-vous en septembre pour en discuter quand nous aurons les derniers chiffres », ajoute l’administrateur délégué. Une rencontre confirmée par le ministre fédéral de l’Agriculture, Willy Borsus, qui, à la lecture du rapport de l’Observatoire, a décidé de convoquer les différentes parties à la rentrée pour discuter « d’un prix juste et rémunérateur pour les producteurs, tout en tenant compte de la réalité économique de chacun des acteurs de la chaîne. » [scald=1924909:sdl_editor_representation]

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