JO 2016: comment la sécurité étrangle Rio

C’est un convoi désormais très militarisé qui accompagne la flamme olympique dans l’Etat de Rio. Mardi 2 août, elle a été éteinte à deux reprises dans les localités de Niteroi et Sao Gonzalo, deux villes de la banlieue de Rio. « Éteindre la torche » est devenu un objectif symbolique pour tous ceux qui protestent contre ces Jeux olympiques, les mêmes qui manifesteront, vendredi jour de la cérémonie officielle. [scald=1963452:sdl_editor_representation] Au niveau du symbole, cette torche entourée de policiers reflète bien l’ambiance de ces Jeux. Depuis le début du mois d’août, la forte présence militaire et policière est bien visible à Rio. Les plages sont gardées par la Marine, les voies d’accès à la ville sont patrouillées par les chars des militaires étant donné que plusieurs voies traversent des complexes de favelas. Les 33 installations olympiques devaient être sous la responsabilité du CIO mais le Brésil a préféré y mettre ses policiers fédéraux. Ce sont ces mêmes policiers qui sont en charge de la sécurité des athlètes et de leurs déplacements dans la ville. En parallèle des militaires habillés en civil et des agents de renseignements étrangers se mêleront aux spectateurs à des endroits stratégiques lors des compétitions. Enfin les trains et les métros sont sous la responsabilité des militaires et des policiers militaires de l’Etat de Rio. En tout 85.000 hommes des forces de l’ordre resteront à Rio jusqu’à la fin des Jeux paralympiques en septembre. Un contingent qui représente le double de l’effectif de Londres en 2012 et qui prive le reste du pays de protection notamment sur les routes. [scald=1963451:sdl_editor_representation] Le coût de la sécurité n’est pas encore comptabilisé mais il dépassera largement les prévisions, a reconnu le ministre de la Justice Alexandre de Moraes. L’indifférence pour les favelas « Les Jeux sont la plus grande opération de sécurité jamais réalisée par le Brésil. 200 délégations, 12.000 athlètes, 700.000 touristes et beaucoup de compétitions qui se déroulent au même moment. C’est donc bien plus compliqué qu’une Coupe du monde », a expliqué en juin dernier, le General Luiz Felipe Linhares, chef du Conseil spécial des grands événements du ministère de la Défense. Pour les autorités, il existe deux grands risques pour ces Jeux : la menace terroriste qui a grandi depuis la Coupe du monde et la délinquance de Rio qui reste une source d’inquiétude étant donné l’armement sophistiqué entre les mains des trois factions criminelles de Rio. Depuis le mois de mai, les opérations de la police dans les favelas ont donc sensiblement augmenté. [scald=1964815:sdl_editor_representation] Selon les autorités, cette augmentation n’est pas liée aux Jeux, mais pour Amnesty International au Brésil, « c’est la même stratégie de sécurité que lors de la Coupe du monde et lors des grands événements que Rio a reçu ces dernières années », explique sa porte-parole au Brésil, Renata Nader. « Comme nous le craignions, le nombre de personnes tuées par la police a fortement augmenté à l’approche des Jeux olympiques. En mai dernier, il y a eu une augmentation de 135 % par rapport à mai 2015. Lors de la Coupe du monde, l’augmentation du nombre de morts en amont était de 40 %. » Les mauvaises conditions du travail policier Dans un récent rapport intitulé La violence ne fait pas partie de ces Jeux, l’organisation internationale demande aux autorités de prendre des mesures de protection pour la population qui vit dans ces quartiers pauvres et qui est souvent victime des fameuses « balles perdues ». [scald=1963450:sdl_editor_representation] Selon Silvia Ramos, universitaire spécialiste de la violence à Rio, l’augmentation du nombre de morts est aussi liée aux mauvaises conditions de travail des policiers de Rio, avec ou sans Jeux Olympiques : « La plupart se sentent abandonnés, ils ne reçoivent plus leur salaire à temps avec la faillite dans l’Etat de Rio. Tout cela fait qu’ils ont tendance à tirer plus facilement plutôt qu’épargner des vies. » Six favelas seront bien occupées par les militaires durant ces Jeux comme lors de la Coupe du monde où ces occupations avaient été source de tensions et de bavures meurtrières. Mais comme elles se déroulent loin de l’attention médiatique, elles ne provoquent généralement pas d’émoi ni dans la société brésilienne, ni auprès les organisateurs de ces événements sportifs.

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