Attaque à la machette à Charleroi: «Évaluer la survie du nerf facial»

Comment les médecins peuvent-ils intervenir pour minimiser les séquelles de la terrible attaque à la machette de samedi ? À l’hôpital de Charleroi où les deux policières ont été prises en charge, on reste légitimement discret sur l’ampleur des blessures. Mais le fait que les deux victimes aient dû être plongées dans le coma laisse deviner leur ampleur. « L’une des questions les plus importantes est de savoir si les blessures occasionnées par la machette ont entraîné des pertes de substance, de chair. Car la machette, ce n’est pas un couteau banal, c’est une arme lourde qui peut non seulement occasionner des coupures profondes, mais aussi briser les os sous la chair. De « simples » plaies peuvent être suturées en urgence. Si la blessure est nette, cela donne des cicatrices impressionnantes, mais dont l’essentiel finira par disparaître, même s’il reste des zones de peau plus claires. Tout autre chose quand il manque de la matière et qu’il y a déchirement, que la plaie n’est pas nette. Dans ce cas, les séquelles peuvent être plus lourdes ». Dans l’urgence, les chirurgiens plastiques « n’effectuent pas de greffe. Sauf exception. Si un nez est par exemple quasi arraché, mais tient encore par des lambeaux, on va essayer de le replacer d’emblée. Mais, par contre, si on doit procéder à une greffe, on va attendre la stabilisation du patient et d’être certain d’écarter des risques trop aigus de septicémie et de nécrose. Car si la greffe tourne mal parce qu’elle a été pratiquée dans l’urgence, c’est autant de possibilités dont on prive le patient ensuite ». « Lésions préoccupantes » En regard des descriptions faites des blessures des deux policières, le péril que le spécialiste identifie en priorité est une blessure du nerf facial. « Les petits nerfs sensitifs vont se recréer au fil du temps, c’est moins grave. Mais la coupure du nerf facial peut aboutir à des paralysies irrémédiables du visage. C’est un nerf qui émerge au niveau de l’oreille et qui s’étend sur toute la face en plusieurs sections qui commandent le nez, les lèvres, les paupières, la déglutition et le sourire, comme les doigts d’une main. Il assure le contrôle moteur de la plupart des muscles peauciers de la face. On doit, en urgence, évaluer s’il a été lésé. Car si l’on laisse la fibre nerveuse s’engluer dans le tissu cicatriciel, on risque de ne plus pouvoir tenter de le reconnecter. C’est pourquoi on effectue des exercices simples avec la victime, qui peuvent nous indiquer instantanément si et où le muscle a été coupé. Dans ce cadre, l’inconscience des victimes peut être un obstacle à une intervention rapide. Induire un coma est une procédure inhabituelle dans ce type de lésion et laisse supposer que d’autres lésions sont peut-être constatées. Si le nerf facial, qui est disposé comme un rameau, est coupé près de sa racine, les conséquences sur l’ensemble du visage peuvent être importantes. Évaluer l’ampleur des dégâts est effectivement une tâche d’urgence. Les greffes et d’autres opérations peuvent venir ensuite ». Pour le spécialiste de la chirurgie plastique, c’est l’aspect fonctionnel qui est essentiel. « De très longues coupures très impressionnantes peuvent être réparées de manière très satisfaisante. Cela arrive moins aujourd’hui avec les progrès du port de la ceinture, mais il est arrivé que nous opérions des victimes d’accidents de la route profondément coupés par des débris de pare-brise. Les cicatrices finissent toujours par pâlir et s’estomper. Par contre, les lésions musculaires et osseuses que peuvent occasionner des coups de machettes sont beaucoup plus préoccupantes ».

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