Cinq manières de soigner sa comm’ politique pendant les vacances

Après le 21 juillet, c’est toujours le même scénario : le calme règne généralement en politique ; les responsables prennent du repos aux quatre coins du monde ; mais quelques courageux restent au pays, par habitude, pour « garder la boutique », ou parce qu’ils ne lèvent guère le pied. Ceux-là profitent souvent de la trêve pour se faire entendre, communiquer l’une ou l’autre info sympa en cette période de disette, ou améliorer leur cote de présence médiatique. Petit tour des « homo politicus » version estivale, avec quelques spécimens restés en Belgique. Celui qui distille des infos C’est le classique. En août, les informations politiques se font plus rares. Alors certains en profitent pour continuer à exister en distillant régulièrement des communiqués certes intéressants, mais qui n’auraient peut-être pas donné lieu à grands développements en période de vaches grasses. Exemple de l’été 2016 : Kris Peeters. Habitué à ce qu’il appelle « le régime été » – être au bureau de 10 à 16 heures, nous confiait-il l’an dernier –, le vice-Premier ministre CD&V est au pays. Il continue le vélo – ce qui lui a valu un coude et deux côtes cassés suite à une chute en juillet –, mais aussi à fournir à la presse de petites infos ou chiffres suffisamment parlants pour être repris. Ce qui lui vaut de réguliers passages télévisés ou apparitions dans la presse. Ces derniers jours, on a ainsi appris que le ministre a demandé au SPF Economie de mener une enquête sur l’inflation dans le secteur des services ; qu’il souhaite allonger les crédits-temps de trois mois pour les parents d’enfants de moins de huit ans ; qu’il se félicite de la baisse du chômage, suite aux chiffres de l’Onem ; que 40 % des entreprises de télémarketing contrôlées par l’Inspection économique sont en infraction, contactant des personnes inscrites sur la liste « ne m’appelez plus »… [scald=2033081:sdl_editor_representation] Celui qui prend le train C’est le réfléchi. Celui qui choisit le moment de faire sa promo. Comme le ministre MR de la Mobilité, François Bellot, qui prenait hier le train de Dinant vers Brussels Airport pour encourager chacun à se rendre par le rail à l’aéroport (lire ci-dessus). Une première action du genre pour le ministre, qui la justifie ainsi : « Il y a un problème de prise de conscience de la population quant à l’opportunité que représente le train par rapport à la route pour se rendre à l’aéroport. Et comme la SNCB a entamé une nouvelle promotion et, qu’en septembre, l’activité économique va reprendre, c’était bien de mener cette action maintenant car le message peut passer avant la rentrée. Et il est vrai que cela marque aussi plus maintenant. » Cela arrangeait également le ministre, puisqu’il n’a pris que 5 jours de congé début août et travaille déjà cette semaine, remplaçant notamment ses collègues libéraux Reynders, Bacquelaine et Borsus. Et toujours pas de repos prévu la semaine prochaine : il sera au Ceran pour un apprentissage intensif du néerlandais : « Je suis de niveau B2, pas mauvais pour la structure des phrases mais sans facilité de vocabulaire. J’espère arriver au niveau C2 en une semaine ! » Mais l’homme n’est pas un acharné des médias : même s’il ne part généralement que dix jours l’été, il n’a pas encore prévu d’autres voyages en train médiatisés. Celui qui marche C’est l’original. Celui qui aura les honneurs des médias pour un projet personnel et atypique. Depuis ce lundi, Jean-Luc Crucke, député wallon et vice-président du MR, a entamé une marche de trois semaines à travers la Wallonie. Qui l’emmènera à la rencontre des Wallons grâce à 35 km parcourus chaque jour. Le soir, il dormira dans des gîtes, des chambres d’hôtes, parfois chez l’habitant. L’occasion aussi d’une réflexion « philosophique et politique sur la Wallonie », qui devrait le mener à rédiger un livre. Récit de sa première semaine de marche dans Le Soir de samedi. [scald=2033080:sdl_editor_representation] Celui qui surfe sur les loisirs C’est le festif. Celui qui profite des événements de l’été pour se faire entendre. Philippe Close, échevin PS du Tourisme de Bruxelles, apparaît tous les quelques jours sur les écrans pour « vendre » le BSF (Brussels Summer Festival), l’opération Bruxelles-les-Bains ou le Meyboom ; commenter les chiffres de fréquentation touristique de l’été bruxellois ; ou présenter « la nouvelle attraction gratuite » à Bruxelles, le « panoramique selfie ». Bien dans l’air du temps, au moment où les médias sont sensibles aux sujets « vacances ». [scald=2033078:sdl_editor_representation] Ceux qui doivent rentrer précipitamment Ce sont les imprévus. Ceux qui devaient êtres absents mais ont dû revenir au pays pour cause d’événement dramatique. Ici, rien à voir avec l’idée de profiter du creux de l’été pour faire passer une info ou se montrer. Il s’agit d’être présent quand l’actualité l’exige. Suite à l’attentat contre deux policières samedi à Charleroi, le Premier ministre et le bourgmestre de la ville ont décidé de rentrer rapidement parce qu’« il ne pouvait rester à la plage » comme si de rien n’était, selon le propos de Charles Michel. Dès samedi, depuis le sud de la France, le Premier ministre MR répondait à la presse par téléphone. Et le dimanche, il présidait à Bruxelles un conseil national de sécurité, se rendait à la police et à l’hôpital de Charleroi, était en contact avec ses collègues, allait sur les plateaux télés, donnait des interviews… « Les gens doivent savoir que le gouvernement n’est pas en vacances, justifiait-il. Le pays est gouverné. Je suis à mon poste. Il fallait être réactif. » Même chose dans le chef du socialiste Paul Magnette, bourgmestre carolo et ministre-président wallon, qui a écourté ses vacances pour rejoindre sa commune, examiner les questions de sécurité, se rendre au commissariat et à l’hôpital (avec le Premier d’ailleurs) et répondre à la presse.

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