BSF: les coups de cœur de la rédaction

Vendredi Hooverphonic Cela fait vingt ans que le groupe d’Alex Callier et de Raymond Geerts nous offre des chansons belles, ensorceleuses et percutantes. Vingt ans aussi qu’il change de chanteuse à tout bout de chant (jeu de mots). Pour leur dernier album, In Wonderland, il s’en est octroyé plusieurs pour donner des couleurs différentes aux chansons. Sur scène, ça fonctionne aussi. Kimberly Dhondt + Nina Sampermans + Pieter Peirsman + des cordes, et aucun morceau ne ressemble vraiment au précédent, sinon dans l’atmosphère sophistiquée, sensuelle, délicate de la musique. Et « Jackie Cane » reste une incroyable chanson. Samedi Mickey 3 D « Respire » nous avait fait suer, à la longue, tant on l’entendait partout en 2003. Et puis Mickey 3D avait un peu disparu de la circulation. Dommage car il avait du sens, de l’ironie, de la causticité dans ses chansons anarchiques et écolos. Tant mieux, voilà Mickaël Furnon revenu avec un nouveau groupe (toujours avec Najah El Mahmoud, quand même), de nouvelles chansons, un son bien plus rock et cette pêche nonchalante qu’il se plaît à proposer sur scène. C’était bien revigorant d’écouter le mec de Saint-Etienne, dans sa gouaille bienfaitrice sous sa moustache, lancer au public son humour noir dans une chanson très française magnifiée par les riffs de son cœur de rocker de guitariste. Samedi Feu ! Chatterton Le groupe de rock français doit beaucoup à son chanteur Arthur. Arthur, dont on a déjà écrit dans Le Soir qu’il a la présence et le style, la moustache dandy d’un gentleman parisien du XIXe siècle et le costume dépareillé d’un gitan espagnol. Entre deux titres, il clame ses textes et se lance dans des longues tirades poétiques. Un contraste saisissant avec cette musique beaucoup plus rock sur scène que sur leur premier album Ici le jour (a tout enseveli). Feu ! Chatterton a mis littéralement le feu, en tout cas dans nos oreilles et nos yeux, car évidemment observer les déplacements de son chanteur à l’allure si étrange, c’est aussi un spectacle. Tel un Boeing, ses « mouvements lents sont de majesté, Est-ce la faute de tes passagers indigestes, Si tu penches ? » Lundi St Germain Fin 2015. Après 15 ans d’absence, St Germain, icône de la French Touch, revenait avec un album éponyme plus qu’attendu. Après deux dates sold out à l’AB, Ludovic Navarre et ses musiciens étaient de retour à Bruxelles, ce lundi. Un concert affirmant le tournant world pris par St Germain. Les rythmes sont entraînants, dansants, mais possèdent toujours ce petit accent jazzy caractéristique. Le concert alterne bons vieux classiques (« Rose Rouge » est balancé dès le deuxième morceau) et nouvelles compositions. Comme à son habitude, Ludovic Navarre, grand timide, se cache en fond de scène et agit comme un chef d’orchestre de l’ombre. Les clés sont laissées aux musiciens qui dégagent une énergie folle qui fait du bien à voir. On ne demande qu’une chose : que St Germain n’attende plus 15 ans avant un nouvel opus ! Mardi Luke L’heure de gloire du groupe bordelais, c’était il y a plus de 10 ans. Au moment de la sortie de leur album La tête en arrière avec les titres « Sentinelle » et « Le reste du monde » qui passaient en boucle sur les ondes. Depuis, on n’entend que trop peu parler d’eux. Le public nostalgique est venu pour revivre la tête en arrière les élans 100 % punk rock. « Luke, oublie le reste du monde et viens chez moi », a écrit une jeune femme sur une pancarte. Non, eux étaient plutôt décidés à faire vibrer même les festivaliers les plus réticents. Séquence émotion avec ce « cher pays de mon enfance, ça pue la flamme, ça sent l’essence ». Ce morceau anti-Front National range définitivement Luke dans le clan de Damien Saez. Tiens d’ailleurs, avec cette voix et cette diction, le chanteur Thomas Boulard, ce ne serait pas son frère ?

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