Les douanes américaines veulent connaître vos pseudos en ligne

Dévoiler le détail de sa présence sur les réseaux sociaux, pour être autorisé à se rendre aux Etats-Unis, pourrait bientôt être aussi banal que répondre aux sacro-saintes questions des douaniers sur « Qu’est-ce qui vous amène ici » ou « combien de temps durera votre séjour ». Le département de la sécurité du territoire, dont dépendent les douanes américaines, a lancé une consultation publique sur le sujet. Elle s’achève ce lundi. La proposition de l’administration prévoit une modification des formulaires que doivent remplir les personnes étrangères qui souhaitent entrer sur le territoire américain ou le quitter. Si la proposition est acceptée, une question additionnelle du formulaire demanderait de détailler sa présence en ligne, en donnant notamment ses identifiants sur les réseaux sociaux. Concrètement, on suggérerait aux visiteurs d’ajouter leurs identifiants sur les réseaux sociaux, comme leur nom d’utilisateur sur LinkedIn, WhatsApp ou Twitter, parmi bien d’autres, y compris pour des sites de jeu ou de rencontres en ligne. Renforcer la sécurité Comme l’indique sans ambages la proposition américaine, cette collecte d’informations permettrait aux services concernés de mieux analyser chaque cas et de mettre en évidence des activités criminelles ou des connexions avec de telles activités, en renforçant les capacités d’investigations dont disposent déjà les services de sécurité. L’idée de permettre aux douaniers de s’intéresser à ces activités en ligne serait l’une des réactions aux critiques adressées à l’administration Obama après l’attentat de San Bernardino, en Californie, qui a fait quatorze victimes en décembre 2015. Des reproches qui épinglent notamment l’incapacité dont auraient fait preuve les Etats-unis à déceler des signes tangibles de radicalisation chez les auteurs de l’attentat. D’où la volonté, désormais de glaner encore plus de données tous azimuts. Une perspective qui a de quoi inquiéter. Comme l’explique dans un article sur son site le Center for democracy and technologies (CDT), « si elle est mise en œuvre, la collecte d’informations sur les médias sociaux sera une intrusion de notre vie privée, un frein à la libre expression et exposera certaines communautés à une surveillance indue ou à une exclusion idéologique ». Un screening très invasif Il sera aussi aisé, avec de telles informations, de faire un « screening » d’un touriste en fonction de sa confession religieuse ou de ses options politiques, par exemple. Et la réglementation permettra d’échanger ces informations avec d’autres agences américaines comme le FBI ou la NSA. On peut également se demander si le refus de remplir cette partie du formulaire ne sera pas en soi une indication dont l’administration pourra tirer parti. « A ce stade, nous n’avons pas encore eu d’échos de réactions au niveau européen à cette proposition », note Jens-Henrik Jeppesen, directeur pour les affaires européennes chez CDT.

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