La Région allonge 100 euros par spectateur du Grand Prix de Spa Francorchamps
La Formule 1 à Spa est largement couverte par les autorités wallonnes. Les retombées économiques de l’événement le justifieraient.


Plus de 70.000 spectateurs ! Ce sera certainement le record de fréquentation pour le Grand Prix de F1 à Francorchamps ce dimanche. Et des recettes en conséquence. Le ticket le moins cher pour cette édition se monnaie, en effet, à partir de 125 euros et jusqu’à 580 euros. C’est également une bonne nouvelle pour les pouvoirs publics. S’il y a quelque chose que les défenseurs du Grand Prix ardennais détestent, c’est qu’on fasse le raccourci avec ce que les pouvoirs publics wallons ajoutent de leur poche : en moyenne, ces neuf dernières années, la Région wallonne a allongé 106 euros par spectateur de Grand Prix. Le modèle économique de la Formule 1 restera toujours surprenant.
Depuis 2007, les pertes de Spa Grand Prix, la société organisatrice du round belge de la F1 sont comblées par une avance de la Région wallonne convertie en augmentation de capital. Soit, 5,7 millions d’euros en moyenne ces dernières années pour une fréquentation moyenne de 54.700 spectateurs. Le cru 2016 sera donc meilleur, les pertes seront normalement moins élevées tout comme l’intervention publique.
Dans tous les cas, il faut nuancer ces chiffres qui confèrent facilement au Grand Prix l’apparence d’une « danseuse » de la Région wallonne. La couverture des pertes est un « héritage » des anciens contrats liés avec les organisateurs de la Formule 1 qui avaient « coincé » la Région à avancer 6 millions d’euros par an, pendant trois ans, que le Grand Prix ait lieu ou pas. On était au début des années 2000. Depuis, les différents éléments ont été mieux renégociés : le prix du plateau (ce qu’il faut payer pour faire venir le Grand Prix) a diminué tandis que les recettes potentielles pour l’organisateur (couvert par la Région) reposent sur les ventes de tickets, certains panneaux publicitaires et la sous-location de loges.
À la Sogepa (société de gestion et participations), un des bras financiers de la Région, on détaille les différentes retombées que chaque Grand Prix implique. En 2015, par exemple, les « retombées économiques directes liées à Spa Grand Prix », la société organisatrice, s’élevaient à 1,49 million d’euros (recettes fiscales et sociales, taxes). Il faut y ajouter les retombées des autres activités directes (taxes, cotisations sociales, TVA sur les recettes commerciales), soit 3,26 millions (suivant un modèle de 2011). Au total, donc, les retombées de l’édition 2015 tournaient autour de 4,7 millions d’euros. La Sogepa estime qu’en moyenne, ces retombées couvrent 70 % de l’avance de la Région. Il faut y ajouter les retombées, directes et indirectes, des activités hors Grand Prix : horeca stimulé dans un rayon de 100km, activités à l’aéroport de Liège, répercussions touristiques indirectes. Inchiffrables précisément mais indéniables.
Reste un élément, tout aussi impossible à chiffrer et tout aussi indéniable : la participation à la renommée de la Belgique et de la Wallonie. Le Grand Prix est regardé à travers le monde et le circuit de Spa Francorchamps forme immanquablement un rendez-vous chargé de références pour de nombreux spectateurs, bien au-delà des amateurs de Formule 1. Quelle en est la valeur, le retour sur investissement de la Région (qui plaide, à juste titre, qu’elle assure tous les risques financiers alors que c’est tout le pays qui profite de la renommée) ?
Pour être complet, il faut encore ajouter que l’intervention financière de la Région est augmentée de 3,5 millions par an, en aide à la société d’exploitation du circuit spadois qui accueille le Grand Prix. La société d’exploitation du circuit, elle, est en bénéfice depuis plusieurs années. Elle précisera justement ses futures ambitions à l’occasion du grand prix.
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Entièrement d'accord avec les 2 commentaires. Gaspillage d'argent qui pourrait servir à autre chose. Tout cela pour contenter des nantis, et même pas des miettes pour une bonne partie de la population. Dégoûté du comportement de ses politiques.
Tonton Berne à de plus en plus faim.
Contre tous les arguments politiques des pro-circuit, j'oppose absolument le gaspillage objectif de millions € de la région wallonne. Quand on voit les besoins criants d'une population précarisée qui vit sous le seuil de pauvreté, je constate une politique de classe, ici aussi : des millions pour le plaisir des nantis, des miettes pour les besoins existentiels d'une bonne partie de la population.
Je partage absolument votre avis. Ajoutons à vos arguments la dérélictions des services et infrastructures publics. Le politique me semble devenu trop calculateur et probablement sous-développé idéologiquement. Foot, bagnoles et fêtes "populaires" (beuveries institutionnalisées) sur fond d'hymne à la libre-entreprise sont devenus ses seules références culturelles tous partis confondus.